vendredi 13 janvier 2017

Manuel Valls, entre postures et impostures

Manuel Valls, entre postures et impostures

On nous a changé Manuel Valls ! Depuis qu'il est candidat, il essaie d'être rassembleur, oubliant ses provocations du passé, certains le comparant même à Hollande. En fait, il y a une constante dans les sinuosités de son parcours : la communication et le seul souci de servir son ambition. Et aujourd'hui, il doit estimer que cela implique un léger virage à gauche, quite à proférer des énormités.



Celui qui rêvait d'être Sarkozy

L'ancien Premier ministre ose. Il a fait fort en proposant de supprimer le 49-3, lui qui l'a utilisé six fois, mais contre son gré… Puis, c'est sa reprise de la défiscalisation des heures supplémentaires de Sarkozy qui a créé la polémique. Mais le reste de son programme est bien plus classique, une compilation de tout ce que le PS a essayé depuis des décennies, et notamment la majorité actuelle, et qui a donc échoué. Nous avons droit à toutes les vieilles lunes du PS, une dénonciation de la méchante purge de la méchante droite, qui ressemble pourtant à celle mise en place en 2012, ainsi que quelques dépenses supplémentaires (défense, justice, éducation) pour prendre le contre-pied de Fillon.

Mais il est tout de même assez incroyable de promettre en même temps des hausses de dépenses et une « poursuite de la baisse des prélèvements obligatoires » sans davantage remettre en cause les règles sur le déficit budgétaire. En matière de vieille lune, le comble est sans doute atteint sur l'Europe, avec sa « grande conférence pour refonder le projet européen », dénonçant des écarts déloyaux au sein de l'UE, proposant de taxer « les produits entrant en violation de nos règles sociales et environnementales ». Pourquoi avoir accepté le traité de Lisbonne en 2008 ou le TSCG en 2012 ?

Comme d'habitude depuis plus de 4 décennies, ainsi que l'avait noté Vincent Coussedière, le PS, par la voix de Manuel Valls ici (ou celle de Vincent Peillon, qui parle d'un plan de relance de 1000 milliards d'euros, dont il sait pertinnement que l'Allemagne le refusera), tient un double langage révoltant sur l'Europe. Euro-critique et euro-réformateur pendant les campagnes, il a défendu tous les traités qui nous ont mené là où nous sommes aujourd'hui. Il est aussi risible de l'entendre critiquer la mondialisation ou les excès du capitalisme, qu'il n'a fait qu'encourager, et même renforcer, pendant toute sa carrière politique. Un tel écart entre le discours de campagne et ce qu'il a fait est stupéfiant.

Ce qui est encore plus frappant depuis quelques semaines, c'est à quel point Valls est le prototype du politicien près à raconter tout et son contraire pour essayer d'être lu, quite à soutenir qu'il a changé, comme l'avait tenté Sarkozy avant. Les ficelles semblent tellement grossières qu'il ne semble pas possible que les Français lui fassent confiance. A moins de profiter d'un contexte favorable ?


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