vendredi 13 janvier 2017

Pour le Club des 20, il est urgent que la France repense son rôle dans l’OTAN

Pour le Club des 20, il est urgent que la France repense son rôle dans l'OTAN

Une vision de grands diplomates français…

6338950-nsa-le-quai-d-orsay-aurait-aussi-ete-espionne-51a47

Dans une tribune publié sur le site du Figaro.vox, le Club des Vingt [1], estime qu'il est d'une urgence extrême que la France repense son engagement dans l'OTAN.

Dans une deuxième tribune (Extrait en bas de notre page), publiée par Le Monde et signée par des membres du même club, le ton est plus offensif.

Extrait :

La menace soviétique et le pacte de Varsovie étaient à la base de l'existence de l'OTAN. Avec l'éclatement de l'URSS et la disparition du pacte, le problème de la défense collective de l'espace euro-atlantique, sans que soient écartées toutes menaces, perdit de son acuité. A l'initiative américaine, l'OTAN décida de s'intéresser en outre à des problèmes hors sa zone initiale. Elle devint peu à peu une sorte de Sainte Alliance occidentale face à un monde qui lui apparaît étranger et largement conflictuel.

A partir de 2007 et des présidences Sarkozy et Hollande, la France a mené une politique délibérément atlantiste et décidé de rejoindre l'organisation militaire intégrée de l'OTAN. Les conséquences négatives de cette décision l'emportent nettement sur les avantages escomptés. Mais aujourd'hui, les choses étant ce qu'elles sont, il y aurait beaucoup plus de désavantages que de bénéfices à sortir de cette organisation militaire intégrée. En revanche un changement radical de nos comportements au sein de l'OTAN atténuerait significativement les inconvénients de notre participation. Rester dans l'OTAN et l'organisation militaire intégrée, soit ! Mais en y affirmant et défendant résolument nos propres positions, en refusant de nouvelles extensions – que ce soit par élargissement ou, sauf de façon exceptionnelle, par de nouvelles opérations hors zone -, et en s'opposant à toute provocation à l'égard de la Russie.

(…) Notre appartenance à l'OTAN présente d'autre part trois risques :

  • être entraîné dans un conflit que nous n'aurions pas voulu et sans que nos intérêts vitaux soient menacés ;
  • participer à des opérations hors zone malgré les déboires déjà rencontrés en Afghanistan et en Libye ;
  • cautionner des initiatives perçues, sincèrement ou non, comme des provocations par la Russie. Ainsi en est-il par exemple du projet de déploiement de forces de combat à proximité du territoire russe, ou des défenses antimissiles installées en Roumanie et en Pologne, ou encore des bruits récurrents d'élargissement à la Géorgie ou à l'Ukraine, quand ce n'est pas au Kosovo ou au Monténégro. Il est regrettable que la France ait donné son accord au projet antibalistique.

Plus généralement notre pleine participation à l'OTAN a gravement affecté dans le monde l'image d'indépendance de la France, qui constituait un élément essentiel de son influence.

La France ne doit pas être prisonnière de son engagement dans l'OTAN. Sa politique est mondiale et ne saurait être limitée aux régions et aux sujets intéressant celle-ci. Son indépendance ou la préservation de sa souveraineté en matière de politique étrangère ou de défense ne doit pas être affectée par les initiatives ou les décisions d'une Alliance dont les objectifs qu'elle poursuit ne correspondent plus aux raisons qui justifiaient sa création. (…)

Lire le texte complet sur le site du Figaro.

« À l'OTAN, ne rejouons pas la guerre froide »

Publié dans Le Monde du 7 juillet 2016.

(…) Reconnaissons que la Russie n'est pas sans torts, admettons même qu'elle fasse peur : faut-il pour autant aller jusqu'aux gesticulations politiques (réunion à Varsovie) et militaires (déploiements de forces de combat à proximité du territoire russe) dont le prochain Sommet va fournir l'occasion ? À cela s'ajoute l'expansion continue, le « drang nach osten », de l'OTAN en direction des frontières russes, les défenses antimissile installées en Roumanie et Pologne, les bruits récurrents d'élargissements de l'OTAN à la Géorgie ou à l'Ukraine, quand ce n'est pas au Kosovo ou au Monténégro, il y a là quelque chose qui ne peut manquer d'apparaître aux yeux du Kremlin comme un échelon de plus dans l'escalade des provocations.

Les mêmes qui nous ramènent à la guerre froide sont les premiers à protester qu'ils n'en veulent à aucun prix le retour. Ils seraient plus crédibles s'ils veillaient à rassurer la Russie en même temps qu'ils rassurent pays baltes et Pologne. Il n'y aurait pour cela que deux choses à dire : la première, que les déploiements de forces sont exceptionnels et n'ont pas vocation à devenir permanents ; la seconde, que l'OTAN a fait le plein de ses membres et ne s'élargira en aucun cas et dans aucune direction à un nouveau membre.

La France aurait une belle occasion à saisir et s'honorerait en prenant à son compte cette double affirmation. La règle de l'unanimité en vigueur à l'OTAN lui donne les moyens d'empêcher ce qu'elle refuse. Mais, peut-être, est-ce déjà trop demander à une diplomatie qui, depuis longtemps, a désappris à dire non ? Notre retour dans l'organisation militaire intégrée ne doit pas nous priver de l'indépendance qui était la nôtre auparavant.

Sont signataires de cette tribune et membres de ce club : Bertrand Badie (politologue), Denis Bauchard (ancien ambassadeur), Henri Bentegeat (général), Claude Blanchemaison (ancien ambassadeur), Hervé Bourges (journaliste), Rony Brauman (médecin, essayiste), Jean-François Colosimo (essayiste et éditeur), Jean-Claude Cousseran (ancien ambassadeur), Régis Debray (écrivain), Roland Dumas (ancien ministre des affaires étrangères), Hervé de Charette (ancien ministre des affaires étrangères), Bertrand Dufourcq (ambassadeur de France), Anne Gazeau-Secret (ancien ambassadeur), Renaud Girard (journaliste), Henri Laurens (historien), François Nicoullaud (ancien ambassadeur), et Gabriel Robin (ambassadeur de France).

Lire l'article complet sur le site du Monde


[1Présidé par l'ambassadeur Francis Gutmann, le Club des Vingt réunit d'anciens ministres des Affaires étrangères, des diplomates et des spécialistes des relations internationales, parmi lesquels Hervé de CHARETTE, Roland DUMAS, Bertrand DUFOURCQ, Francis GUTMANN, Gabriel ROBIN, Général Henri BENTEGEAT, Bertrand BADIE, Henri LAURENS, Denis BAUCHARD, Claude BLANCHEMAISON, Hervé BOURGES, Rony BRAUMAN, Jean-François COLOSIMO, Jean-Claude COUSSERAN, Régis DEBRAY, Anne GAZEAU-SECRET, Jean-Louis GERGORIN, Renaud GIRARD, François NICOULLAUD.

 

Aucun commentaire: