L’ouragan ISAAC va se renforcer en arrivant sur La Nouvelle-Orléans mercredi après-midi
Après avoir évité le Sud de la Floride et ses 5 centrales nucléaires, la tempête tropicale ISAAC devrait se renforcer en touchant les côtes de la Louisiane dans la matinée de mercredi (heure de Paris).
La Nouvelle-Orléans se retrouve une nouvelle fois directement sur le trajet d’un ouragan
Il est prévu que les vents se renforcent de 65 à 90 MPH (105 à 145 km/h) au moment où la dépression, actuellement mesurée à 988 mb, touchera les côtes de la Louisiane au niveau de l’agglomération de La Nouvelle-Orléans, 1.2 million d’habitants, qui a déjà largement souffert du choc avec l’ouragan Katrina en août 2005 (1).
Une dépression tropicale qui se renforce fréquemment sur le golfe du Mexique
Les dépressions tropicales se réalimentent automatiquement au niveau du golfe du Mexique une fois qu’elles ont franchi la péninsule de Floride et ralentissent dès qu’elles touchent les terres ; l’impact est donc maximal au niveau de la bande côtière de La Nouvelle-Orléans.
La centrale nucléaire de Waterford-3
Située à seulement 25 miles (40 km) à l’Ouest de La Nouvelle-Orléans, le site de Waterford-3 ne comporte qu’un réacteur à eau pressurisée de 1250 MWe, construite par Combustion Engineering dans les années 1980, qui fonctionne actuellement à une puissance de 100%.
Une centrale nucléaire qui a déjà enregistré un incident lors du passage de Katrina
Le 28 août 2005, suite au passage de l’ouragan Katrina, l’opérateur du site déclarait auprès de l’agence NRC un « événement inhabituel », 1er niveau d’alerte sur une échelle d’événements qui en compte 4. Le site de Waterford-3 a perdu son alimentation électrique principale et a du fonctionner sur les générateurs auxiliaires du 28 au 30 août 2005 ; l’unité n’a finalement été remise en production que vers le 15 septembre 2005.
L’opérateur a en fait initié un arrêt à chaud (Mode 4) dans la matinée du 28 août ; quelques heures plus tard, le 29 au matin, l’ouragan provoquait des perturbations importantes sur le réseau électrique et forçait l’opérateur à basculer sur les générateurs auxiliaires (groupes électrogènes) qui par chance, ont démarré correctement malgré les conditions météorologiques épouvantables.
Attendre la dernière minute dans ce cas de figure, n’est-ce pas s’amuser à tirer le diable par la queue ?
L’opérateur n’aurait-il pas pu prendre ses précautions bien avant le 28 août, veille de l’événement, ou encore, vu le niveau d’alerte prévu, anticiper une procédure d’arrêt d’urgence (SCRAM) (2) ? Si les groupes diesel avaient été inondés ou touchés par l’ouragan, que se serait-il passé le 29 août 2005 après quelques heures de « blackout station » comme à Fukushima-Daiichi ?
La roulette atomique
Et à force de tirer le diable par la queue, d’arbitrer la sécurité électronucléaire maximale au profit d’un maximum d’efficacité et de disponibilité des installations électronucléaires (3), un jour où l’autre, un nouvel accident majeur se produira que tout ce petit monde placera, bien hypocritement, sur le dos de la « fatalité » et de conditions « particulières » et « imprévisibles ».
Faut-il réellement se féliciter d’une augmentation de la disponibilité sur du matériel largement obsolète ? N’est-il pas paradoxal de constater qu’au moment où de plus en plus d’opérations de maintenance sont prévues afin de remédier à des défauts de plus en plus nombreux (4), on demande conjointement à EDF de restreindre au maximum les périodes d’arrêt de tranche ?
(1) Katrina avait provoqué l’évacuation chaotique de la ville, située sous le niveau de la mer ; la pression barométrique minimale avait été alors mesurée à 902 mb, contre une estimation de 910 mb pour ISAAC
(2) L’arrêt d’urgence SCRAM ou « Mode 5 » provoque une baisse de la pression et de la température du réacteur bien plus rapide qu’une procédure d’arrêt à chaud « Mode 4 »
(3) L’opérateur EDF a été prié d’améliorer le niveau de disponibilité des réacteurs français qui n’atteignent la capacité de production nominale dite « KD » que durant 78% du temps (chiffre 2010)
(4) Prenez l’exemple d’un véhicule parfaitement entretenu selon les prescriptions du constructeur : ne présentera-t-il malgré tout un taux de panne bien supérieur sur les pièces mobiles qu’un véhicule récent mais « déverminé » ? Que faut-il penser par ailleurs des soucis affectant les cuves de réacteur, qu’on ne peut ni réparer ni remplacer ?
Sources :
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