mardi 5 avril 2016

Le crépuscule de François Hollande

Le crépuscule de François Hollande

Cette semaine a sans doute été une des pires semaines pour le président de la République, à un peu plus d'un an du premier tour de la prochaine élection. Abandon de la réforme constitutionnelle, poursuite de la mobilisation contre la loi travail, décrochage dans les sondages, sachant qu'il ne partait pas de haut. Faut-il considérer qu'il se dirige forcément vers une déroute dans un an ?



Comment se fâcher avec tout le monde

Avec la réforme de la Constitution, afin d'inclure la déchéance de nationalité pour les terroristes, le président de la République pensait sans doute piéger la droite, la forcer à soutenir une mesure qu'elle avait, dans sa majorité, applaudie. Toujours dans le cadre de ses manœuvres de triangulation, la loi travail, qui propose de plus encore libéraliser le marché hérité de Nicolas Sarkozy, devait sans doute être le second volet destiné à marginaliser les Républicains, en reprenant leurs propositions (voir, en les dépassant), pour réduire le choix politique à un choix entre Hollande et Le Pen. La tactique, inspirée par Tony Blair, semblait habile, même si on rejette à la fois les idées portées et le cynisme de ses manœuvres politiciennes. Mais à date, le bilan des courses semble indiquer que la majorité perd sur tous les tableaux.

En effet, ces deux réformes ont profondément déplu à la gauche de la gauche, qui pourrait refuser de voter pour un président qui a mis de tels chantiers en œuvre. Cela pourrait apporter de l'eau au moulin de Jean-Luc Mélenchon et pourrait réduire la base électorale nécessaire à François Hollande pour passer le cap du premier tour en 2017. Et cela est d'autant plus vrai que la majorité a été contrainte d'abandonner la réforme de la constitution et a commencé, de manière très négligeable pour le moment, à ajuster sa loi travail. Ainsi, il parvient à déplaire aux partisans de ces réformes, abandonnées ou modifiées, et à ceux qui s'y opposent, après des débats aussi longs et clivants politiquement. En agissant de la sorte, pas étonnant que François Hollande soit donné éliminé au premier tour de la présidentielle.

Les résultats des dernières vagues de sondages, même si ce ne sont que des sondages, mettent à bas sa stratégie : même face à Nicolas Sarkozy, (donné stable, à 21%, derrière Marine Le Pen, à 27%), François Hollande est donné largement éliminé dès le premier tour, à 16%, une baisse de 4 points. Cette évolution est marquante car, jusqu'à l'automne, discrètement, mais sûrement, le président était parvenu à refaire son écart avec l'ancien président et on pouvait penser que les circonstances allaient lui donner l'avantage dans la dernière ligne, surtout avec ses manœuvres politiciennes. Maintenant qu'elles semblent échouer, peut-il encore espérer l'emporter ? Malgré tout, il faut se souvenir que ceux qui sont en échec dans les sondages à ce stade peuvent aussi redresser leur position en une année…


En effet, malgré une situation qui semble a priori complètement et définitivement perdu, il est trop tôt pour conclure. Les Français ne veulent pas d'une réédition de l'élection de 2012. Et pourtant, cela est plus que possible. Et avec une conjoncture un peu moins mauvaise, et une capacité à se sortir de situations guère plus avantageuses pour lui, François Hollande n'a malheureusement, pas encore perdu.

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