L’Allemagne veut-elle la fin de l' Euro ?
L'Allemagne n'est jamais entrée complètement dans les règles financières et les mœurs budgétaires anglo-saxonnes.
Ce n'est pas dans sa nature et les graves conséquences de l'entre deux guerres ont renforcé cette conviction.
Ce sont deux mondes différents. Dans le capitalisme à l'Anglo-saxonne, on fait tout ce qu'on veut pourvu que ça rapporte et depuis la crise de 1929, quand on se loupe, on "relance" un peu n'importe comment.....en pensant "demain sera un autre jour".
Dans le capitalisme allemand (rhénan), on a surtout tendance à investir pour être performant et gagner de l'argent grâce à cette performance.
Ces mondes peuvent coexister mais ne peuvent pas se comprendre.
Revenir au Mark
C’est une option qui n’est pas sérieusement étudiée en France. Pourtant, l’opinion publique allemande est favorable à un retour au mark et on peut même se demander si derrière les hésitations d’Angela Merkel ne se cache pas une volonté d’en finir avec l’euro, comme le sous-entend The Economist.
Pourquoi l’Allemagne a les pieds froids
De ce côté-ci du Rhin ou dans les colonnes de l’hebdomadaire britannique, la solution à la crise de la zone euro serait simple : que l’Allemagne paie (que ce soit par une mutualisation des dettes ou par des transferts budgétaires). Passons sur les réminiscences détestables de l’entre-deux guerres pour noter deux points oubliés par les beaux esprits qui avancent une telle solution : l’opinion publique allemande est vent debout contre cela et les montants nécessaires sont colossaux.
La mutualisation des dettes souveraines proposée il y a plus de deux ans par l’institut Bruegelreviendrait à demander à l’Allemagne une caution solidaire de 4000 milliards d’euros (150% du PIB du pays). Quand aux estimations des transferts nécessaires à la stabilisation de la zone euro, elles varient entre 3 et 12% du PIB allemand par an (entre 75 et 300 milliards). Bref, des montants qui dépassent largement l’impact qu’aurait une fin de la monnaie unique sur les exportations allemandes.
Les partisans d’une intégration plus poussée se moquent littéralement du monde quand ils n’évoquent pas clairement les montants en jeu et ce que cela représenterait, soit en hausses d’impôts soit en coupes dans les dépenses de l’autre côté du Rhin. L’analyse froide et objective des intérêts allemands ne plaide pas pour continuer cette expérience monétaire hasardeuse, d’autant plus que la douloureuse a systématiquement tendance à être révisée à la hausse, ajoutant une forte incertitude.
Machiavel est-il à Francfort ou Berlin ?
The Economist rapporte bien en effet à quel point Berlin sape les timides avancées des derniers sommets européens. Berlin pousse en effet Madrid à ne pas utiliser le nouveau dispositif de la Banque Centrale Européenne et à ne pas passer sous les fourches caudines de la troïka (ce qui augmenterait encore ses engagements). Le président de la Bundesbank, Jens Weidmann a tenu des propos très durs contre Mario Draghi, comparé au Méphisto du Faust de Goethe.
Enfin, l’Allemagne freine la construction d’une union bancaire, quite à revenir sur ce qui avait été convenu lors du dernier sommet européen. Berlin a réussi à tuer les projets de nouvelles instances de régulation européennes avancées par la Commission Européenne. Elle fait également du lobbying pour limiter le périmètre géré par la BCE (et en sortir ses banques régionales). Enfin, elle pèse de tout son poids pour repousser la mise en place de cette supervision.
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