Le suicide du Parti Socialiste
Un « coup de pouce » au SMIC trois fois moins important que celui de Jacques Chirac en 1995, un gel de l’indice de la fonction publique et des coupes drastiques dans les effectifs, l’acceptation de la camisole budgétaire, l’austérité en temps de crise : François Hollande est dans une impasse.
Des causes et des conséquences de la mondialisation
Hier, le Point annonçait que le rapport commandé par Arnaud Montebourg sur la fermeture de l’usine PSA, et qui devait être initialement publié le 25 juillet, devrait, malheureusement mais logiquement, valider le choix du constructeur automobile, comme je l’avais annoncé en juillet. Encore un signe de l’incapacité chronique du gouvernement socialiste à sortir du cadre intellectuel dans lequel il s’enferme et qui fait qu’il ne traite que les conséquences des problèmes et non pas les causes.
Il est tout de même incroyable que le premier gouvernement socialiste depuis 10 ans donne un coup de pouce au SMIC trois fois moins important que celui donné par Jacques Chirac en 1995. Il est aussi assez incroyable de voir que le PS accepter le logiciel intellectuel néolibéral d’interprétation de la crise, réduire les déficits de 30 milliards et rejetter la lecture d’économistes comme Paul Krugman, qui dénonce dans son dernier livre les plans d’austérité appliqués en Europe.
Voici le parti qui a libéré les échanges et la finance qui joue à l’infirmière des conséquences de cette libéralisation. Pire, cette libéralisation et le cadre européen le privent tous les jours davantage des moyens pour faire cela. En fait, le PS traite les conséquences de la mondialisation en semblant à peine se soucier des causes des problèmes et dans tous les cas, sans jamais avoir rien fait pour les remettre en cause, du fait d’un fond idéologique trop internationaliste et libertaire.
Du CNR à Bruxelles
ce qui a été à l'origine du programme du CNR, puis qui a assuré le respect de son application effective, est le consensus gaullo-communiste du premier quart de la seconde moitié du siècle précédent.
Or le problème est qu'actuellement, depuis disons l'éviction de Marchais à partir du milieu des années 80, la partie de la gauche qui se prétend l'héritière des communistes a totalement versé dans un anti-racisme idéologique, partisan, irraisonné, et surtout incohérent. En même temps que ne croissait l'influence des organisations pseudo-antiracistes, dont il serait très facile de démontrer la complète fatuité et médiocrité intellectuelles, l'imposture idéologique (par les indignations sélectives) qui les caractérise, l'illégitimité dont elles peuvent seules se prévaloir.
Par conséquent en se soumettant intégralement à cette doctrine antiraciste et les groupes de pression affiliés, pour les raisons qui en ont été données et d'abord parce que les "cocos" (ce qu'il en reste) ont troqué l'idéologie de la lutte des classes par la défense des minorités prétendument opprimés (quand ce n'est pas dans un féminisme hystérique) ; je puis vous affirmer qu'un de Gaulle, souverainiste par essence, patriote par conviction, monarchiste à ses heures perdues, infiniment lucide sur les évolutions (les bouleversements) démographiques déjà en cours à l'époque, réaliste ô combien en terme de politique étrangère, serait instantanément taxé aujourd'hui par ceux-la même qui hier étaient ses alliés objectifs de fieffé raciste, xénophobe, pétainiste, réactionnaire, etc...
Le PS sur la voie du PASOK
Bref, entre les trois gauches, le PS a choisi la voie social-libérale, comme l’expliquait Laurent Bouvet en 2010. A part entre 1981 et 1983, c’est toujours la voie qu’il a choisie. Le Général de Gaulle n’aurait-il pas dit « qu’il n’aimait pas les socialistes parce qu’ils n’étaient pas socialistes » ? Mais le problème est que le pouvoir destructeur de la mondialisation s’est considérablement renforcé depuis l’émergence de la Chine. Et la crise de la zone euro et l’austérité accentuent le problème.
Par-delà des erreurs de forme, la présidence normale ne semble pas convaincre (même si elle n’est pas aidée par des médias encore plus critiques que sous Nicolas Sarkozy). En refusant de remettre en cause le cadre de la mondialisation et de cette Europe néolibérale, le gouvernement actuel n’a strictement aucune marge de manœuvre et se retrouve à essayer de rendre un peu moins injuste une grande régression sociale qu’il ne remet paradoxalement pas en cause.
L’avenir semble donc très sombre pour François Hollande. Comment ne pas imaginer qu’en appliquant les recettes du PASOK en Grèce, il n’en connaisse pas le même destin ? Le Parti Socialiste semble parti pour un nauffrage au moins aussi violent que celui de 1993 en 2017. Il faut juste espérer que cela permettra de faire émerger une alternative autre que le Front National ou le Front de Gauche, et que nous échapperons à une majorité UMP-PS comme en Grèce aujourd’hui.
Nous n’en sommes qu’au début de la descente aux enfers du PS. Il est certes paradoxal de voir des commentateurs favorables au cadre actuel tomber sur un gouvernement qui échoue parce que lui-aussi s’y conforme, mais les conditions d’une recomposition politique se réunissent.
PS : il n’y a rien de péjoratif pour moi à parler d’infirmier ou d’infirmière. Il s’agit d’un travail très noble, souvent exercé dans des conditions très difficiles et insuffisamment reconnu, mais ici, le gouvernement doit opérer, retirer le cancer de la mondialisation néolibérale, ce qu’une infirmière ne peut pas faire.
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