La nouvelle économie ? Des sangsues addictives élevées par les marchés
Bien sûr, les nouvelles technologies ont des vertus et ses entreprises emblématiques ont fait preuve de créativité, apportant souvent de vrais services. Mais, comme le montrent les vastes pertes de Tesla ou la dernière levée de fond de Deliveroo, leur modèle d'affaires a bien des côtés obscurs. Exploiter, détruire et rendre dépendant Ce qui est frappant avec ces entreprises, c'est le complet décalage avec le reste de l'économie. Tesla, le roi de la voiture électrique, qui investit à coup de milliards, et vaut plus que certains grands constructeurs, n'a réalisé qu'1,27 milliard de dollars de chiffre d'affaires au second trimestre et en a perdu près de 300 millions. L'entreprise prévoit de livrer 80 000 voitures cette année. Malgré tout, la capitalisation boursière de Tesla dépasse 30 milliards ! Pour mémoire, GM, qui réalise plus de 40 milliars de chiffre d'affaire en un trimestre, et près de 3 milliards de profits, toujours sur un seul trimestre, et ne « vaut » que moins de 50 milliards sur les marchés, qui ont décidément une manière assez ahurissante de valoriser les entreprises, donnant des primes effarantes, pour ne pas dire indécentes, à certains. Deliveroo, le leader du marché de la livraison à domicile de plats de restaurants, a levé 275 millions, sans que l'on sache si l'entreprise gagne le moindre centime, ce qui semble, il est vrai, un détail pour toutes ces entreprises. Mais quand on sait que l'entreprise a dépassé le cap du million de commandes en France en mars, après avoir été lancé en Grande-Bretagne, on peut douter qu'elle réalise un tel chiffre d'affaires. Le modèle d'affaire de cette entreprise est assez typique de cette nouvelle économie, qui préfère se placer en intermédiaire tout puissant entre producteurs et consommateurs, comme Uber, Trivago ou Airbnb, gagnant un rapport de force fortement en sa faveur. Mais dans un premier temps, il faut appâter les consommateurs en cassant les prix, pour créer une forme de dépendance addictive. En effet, nul doute qu'une fois que son chiffre d'affaire aura décolé, Deliveroo deviendra tout puissant vis-à-vis des 1000 restaurants (et plus alors) alors recrutés, et pourra leur dicter des conditions plus favorables et ainsi améliorer sa rentabilité. C'est exactement le principe d'Uber, qui propose d'abord ses services à prix cassé, avant de monter ses prix quand cela est le plus facile (jusqu'à des sommets effarants au Réveillon), ou même de réduire arbitrairement la rémunération de ses « chauffeurs » de 20% du jour au lendemain. Le but de ces entreprises est simple : acquérir une position dominante sur un marché qui comporte beaucoup de fournisseurs pour rendre à la fois les consommateurs dépendants de leur offre et les fournisseurs très dépendants de l'activité apportée, sans contre-pouvoirs. Ainsi, ces entreprises parviennent à créer une forme de quasi monopole de fait, qui peut leur permettre de remonter les prix relativement aisément, la concurrence ayant été liquidée. Et, parce qu'elles exploitent les produits ou les services d'une multitude de fournisseurs, leur position dominante sur le marché leur permet de les saigner sans qu'ils puissent se révolter. Les marchés financiers les financent car ils savent que si ces sangsues addictives acquièrent la position qu'elles souhaitent, alors, elles pourront devenir formidablement profitables, ce qui explique le grand écart entre leurs résultats financiers et les fonds qu'elles lèvent. Mieux, les marchés jouent un rôle auto-réalisateur, car plus ils les financent, plus elles peuvent croître, écraser la concurrence et rendre dépendants les consommateurs. Au passage, on oublie un peu vite qu'elles détruisent ou exploitent une partie du tissu économique, comme cela se passe pour les taxis. Et les clients préssurés par le système économique actuel ne se rendent pas compte des conséquences de leurs choix quand ils profitent des premières offres à prix cassés… |
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