«Ce qui s'est passé mérite de figurer dans le grand bêtisier de fin d'année. Il faut être un peu tordu pour programmer des contrôles, le dernier jour d'un stage familial de l'équipe de France. Ce ministère est un ministère sans argent qui se donne des allures répressives. Ce n'est pas très bien, ni glorieux.» (Noël Le Graët)
1997 A Tignes, sale temps pour la lutte antidopage
Le contrôle inopiné lors du stage familial de Tignes effectué un 26 décembre sur six joueurs de l'équipe de France suscite la polémique. Première victime: la lutte antidopage elle-même. Marie-George Buffet juge cette initiative «regrettable» et «comprend l'émotion que cela a pu susciter».IMAGINEZ le décor: un hôtel de montagne avec femmes et enfants histoire de souder, sans ballon et en vacances, un groupe de joueurs à qui un pays tout entier a fixé un immense défi pour les mois de juin et juillet. C'est un 26 décembre plongé dans cette douce apathie des lendemains de réveillon, avec en toile de fond la neige qui tombe à gros flocons. Soudain, un docteur mandaté par le ministère de la Jeunesse et des Sports débarque à l'improviste, réclame six pensionnaires, tous membres de l'équipe de France de football, et exige de chacun d'eux un flacon d'urine afin de réaliser un contrôle antidopage inopiné. On sent d'ici l'ambiance.
Les joueurs visés traînent des pieds mais s'exécutent. L'un d'eux (Pedros) explique que tout cela est «débile». Les autres préfèrent se taire. Aimé Jacquet, qui a eu du mal à rassembler son monde, est le plus en colère: «Je suis favorable à des contrôles féroces mais cette pratique durant la trêve me choque. C'est assez mesquin, petit. Je souhaite une Coupe du monde propre mais pour un grand pays de droit, riche d'histoire comme le nôtre, je me demande qui peut bien ordonner de telles pratiques. Il y a 365 jours dans une année, un nombre important de matches de préparation, et quelqu'un a trouvé le moyen d'ordonner un contrôle au lendemain du réveillon...»
Claude Simonet, président de la Fédération française de football, détaille son «trouble»: «Je crois qu'il faut faire une différence entre un stage de convivialité et un stage de préparation. Là, les gens du ministère ont effectué leur travail devant les femmes et les enfants des joueurs. C'est choquant.» Plus démonstratif, Noël Le Graët, président de la Ligue nationale de football, parle de contrôle «indécent», «grotesque», et ajoute qu'«il faut être un peu tordu pour programmer des contrôles le dernier jour d'un stage familial de l'équipe de France»
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Les six joueurs contrôlés sont Lionel Charbonnier, Fabien Barthez, Bruno N'Gotty, Franck Gava, Reynald Pedros et Florian Maurice. C'est Aimé Jacquet lui-même qui a effectué le tirage au sort parmi les vingt-cinq footballeurs présents au stage de Tignes.
L. C. A Tignes, sale temps pour la lutte antidopage | Humanite
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