La publication par le SIFIs (Systemically Important Financial Institutions) de son rapport pour le deuxième trimestre 2012 démontre que la situation des banques européennes s’est dégradée par rapport au premier trimestre. Le Crédit Agricole et, surtout, la Deutsche Bank sont les deux moins bons élèves, faisant peser à eux-seuls un risque de 4’000 milliards d’euros.
La Deutsche Bank est certainement devenue la banque la plus dangereuse du monde, qui présente un risque systémique plus que préoccupant, car le total de ses dettes (2’282 milliards d’euros) représente 39,2 fois le montant de ses capitaux propres (51 milliards) ce qui correspond à un ratio réel de 2,5 % alors que les accords de Bâle III de 2010 exigent un ratio de 10% de fonds propres. Afin de respecter ces règles prudentielles il serait nécessaire pour la Deutsche Bank d’augmenter ses capitaux propres de 148 milliards d’euros.
Mais il y a plus grave, car la Deutsche Bank intervient dans quasiment toutes les opérations de CDS (credit default swaps – couvertures de défaillance) réalisées sur la planète. Elle est l’intermédiaire obligé de quasiment toutes les opérations faites sur le commerce des Bons du Trésor émis par les États pour obtenir, à un fort taux d’intérêt sur les marchés financiers, de nouvelles liquidités pour renflouer les banques en quasi faillite.
Seuls 4% des opérations de la Deutsche Bank sont des opérations bancaires « traditionnelles ». 96% passent par son hedge funds DWS pour alimenter la spéculation financière sans objet économique et industriel.
Ainsi, la Deutsche Bank ressemble de plus en plus à une gigantesque « chaine de Ponzi », soit à un montage financier qui consiste à rémunérer les investissements effectués essentiellement au moyen des fonds procurés par les nouveaux entrants, et Joe Ackermann, le patron de la banque, à un Bernard Madoff puissance 1000.
Selon des informations confidentielles qui restent à être confirmées, la Deutsche Bank aurait créé en interne une filiale chargée de transférer ses avoirs titrisés pourris, irrécouvrables et toxiques et qu’elle appelle les « non-core-operations ». Une première tranche de 135 milliards d’euros y aurait déjà été « dépaysée ».
La Deutsche Bank, qui avait profité de la complicités de milliers de spéculateurs en promettant une marge opérationnelle de 25%, avait toujours réussi à se faire passer pour LE modèle de notre système. Mais la situation dans laquelle elle se retrouve aujourd’hui en fait une bombe a retardement propre à engendrer un tsunami économique qui emporterait toute l’économie mondiale sur son passage.
Le Crédit Agricole en avant dernière place
Le Crédit Agricole réussit à éviter de justesse la dernière place de la liste des banques systémiques mondiales, puisqu’elle est « devant » la Deutsche Bank.
L’aspect positif est que la banque française, contrairement à sa rivale allemande et ses concurrentes françaises, publie des chiffres honnêtes en enregistrant les titres subordonnés dans les dettes et non pas dans les capitaux propres.
Reste que le Crédit Agricole vit avec une épée de Damoclès au dessus de la tête et que sa recapitalisation, qui se fera aux frais d’une restructuration – et peut-être de la participation des contribuables – n’est plus qu’une question de temps.
Spencer Delane, pour Mecanopolis
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