mercredi 20 juillet 2022

Les « hooligans-bleus » de Macron chargent brutalement les supporteurs anglais

Par Khider Mesloub.   Dans notre article[1] (La France rythmée par les violences policières et les crimes policiers impunis – les 7 du quebec)  rédigé au lendemain de la mort de deux jeunes tués par un policier pour un simple refus d’obtempérer, exécutés sans autre forme de procès le soir de la réélection d’Emmanuel Macron, nous écrivions que la célébration de cette victoire électorale présidentielle aura été finalement « sacrée, non au son des clameurs des foules, royalement indifférentes au succès électoral du candidat de la finance, mais des sifflements de balles réelles tirées, en plein centre de Paris, par un policier contre trois passagers d’une voiture ». Nous précisions que « l’inauguration du second mandat du locataire de l’Élysée, au premier mandat marqué par une politique répressive de tous les mouvements sociaux, notamment des Gilets jaunes, s’amorce sous les violentes rafales des balles meurtrières policières. Manière tuante de rappeler au peuple le caractère foncièrement répressif du régime capitaliste macronien, l’infléchissement belliqueux imprimé à la nouvelle gouvernance, illustrée par la participation de l’État français impérialiste à l’escalade des tensions armées en Ukraine, première ébauche de la guerre mondiale en préparation, pleinement assumée par le va-t-en-guerre Macron ». Eh bien, notre analyse sur le tournant répressif du régime macronien se confirme. Comme nous l’avons souligné dans notre précédente contribution, la France est rythmée par les violences policières et les crimes policiers. Dans cette période de crise multidimensionnelle et de délégitimation gouvernementale, marquée par l’exacerbation de la lutte des classes, l’Etat français protège et couvre de manière générale les policiers, son dernier rempart. La politique du gouvernement, en matière de répressions, vise, quoi qu’il arrive et quoi qu’il en coûte, l’absolution des violences policières systémiques, illustrée notamment par l’impunité dont bénéficient les policiers, auteurs d’exactions ou d’homicide. Sans conteste, les exactions policières et les crimes policiers sont ancrés dans la culture de la gouvernance de l’Etat français (le peuple algérien peut en témoigner, notamment durant la guerre de Libération, victime de ratonnades, d’exécutions sommaires, comme lors de la répression meurtrière du 17 octobre 1962, sans oublier le massacre de masse commis le 8 Mai 1945 notamment par la flicaille nazifiée française. Comme les incidents du stade de France l’ont violemment illustré lors de la finale de la Ligue des champions le 28 mai 2022. En effet, ce 28 mai, des milliers de supporteurs madrilènes et liverpuldiens convergèrent vers le Stade de France pour assister au match entre le Real Madrid et Liverpool. Ces supporteurs, venus en masse dans la capitale française, s’apprêtaient à savourer joyeusement une heure et demi de spectacle footballistique. Certes, ils redoutaient croiser quelques hooligans dans les gradins du stade. Leur crainte était légitime. La menace potentielle. Néanmoins, à peine arrivés aux abords du stade, quelle fut leur surprise lorsqu’ils constatèrent, à leur grand effarement, qu’ils étaient violemment attaqués par une horde d’hooligans, mais des hooligans d’une espèce particulière, habillés en uniforme bleu, équipés comme RoboCop, au faciès déshumanisé : des policiers français. Les supporteurs furent désarçonnés non seulement par la présence de ces hooligans-bleus en furie déterminés à se ruer brutalement sur tout le monde, y compris femmes et enfants, mais aussi par les matraques et lacrymogènes reçus en pleine figure. Ces supporteurs – dont des enfants – anglais n’envisageaient pas du tout que les véritables brutes qui allaient se ruer sur eux pour les agresser, les molester, les violenter, les bastonner, seraient des policiers français, censés normalement être présents pour sécuriser les lieux et protéger les spectateurs. En tout cas, pour ces supporteurs anglais, ce fut une soirée de terreur, une nuit de la Saint Barthélémy des violences policières. Les images chaotiques de la finale de la Ligue des Champions avaient fait le tour des réseaux sociaux. La presse internationale et les témoignages sur place avaient pointé tous la responsabilité du gouvernement français et de ses forces de répression, ces hooligans-bleus. Bousculades, tentatives d’intrusion d’individus sans billet, supporteurs traités avec brutalité par les forces de l’ordre ou victimes de vols.  «C’était absolument horrible» autour du Stade de France samedi, avait raconté sur la chaîne Sky News le député britannique Ian Byrne, présent sur place. Comme l’avait notamment rapporté le Guardian : « au blocage a rapidement succédé la répression policière ». La police française avait appliqué contre les innocents supporteurs anglais des méthodes de « maintien de l’ordre » bien connues des manifestants français, et surtout des Gilets jaunes. Le déchaînement de violence policière fut relaté par de nombreux médias. Paul Machin, journaliste sportif anglais, avait écrit sur son Twitter : « J’ai assisté à cinq finales en Europe. Je n’ai jamais vu une telle incompétence dans l’organisation. Mais le pire restera la brutalité horrible de la police française. Gaz lacrymogènes. Armes pointées sur les supporters. » Quant à Jason Burt, chef de la rubrique football du Telegraph, il avait écrit : « J’étais devant la porte Y quand j’ai été pris dans les gaz lacrymogènes utilisés sans discernement par la police antiémeute française au Stade de France ». Par ailleurs, plusieurs journalistes rapportèrent avoir été contraints par les stadiers ou les forces de répression d’effacer les vidéos qu’ils avaient prises, à l’image de Steve Douglas d’Associated Press (AP), interrogé par Libération. Donc nous avons la preuve formelle que la consigne de la destruction des images des caméras de vidéosurveillance du Stade de France avait été ordonnée le soir même du déchaînement des violences policières. Au reste, pour le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau, comme il avait déclaré lors des auditions par le Sénat le 9 juin 2022, « tout porte à croire qu’on a sciemment laissé détruire des pièces à conviction compromettantes ». « Elles montrent qu’au-delà du fiasco de l’organisation, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a inventé une fable (allusion à l’histoire des faux billets anglais, NDA) pour éviter de dire la vérité. Une histoire officielle a été montée de toutes pièces pour mentir aux Français », avait-il ajouté sur son compte Twitter. Et pour Marine Le Pen, la décision de la destruction volontaire des images de vidéosurveillance « est l’œuvre de nos dirigeants ». « Ça s’appelle couvrir ses traces. Je n’ose pas imaginer que nos dirigeants soient incompétents au point de ne pas avoir immédiatement demandé que leur soit transmis les vidéos surveillance du Stade de France. Donc, c’est volontaire », avait dénoncé l’ex-candidate à la présidentielle le vendredi 10 juin sur RMC et BFMTV. Par ailleurs, selon plusieurs témoignages, la répression policière s’était également étendue au centre de Paris, où des supporters réunis pour regarder le match sur écran géant à la terrasse d’un bar furent matraqués par la police. La place de la Nation fut arrosée également de gaz lacrymogènes à la tombée de la nuit. Au final, lors de cette nuit de violences policières, 115 personnes furent blessées et plus d’une centaine de personnes interpellées selon la Préfecture. Au chaos créé par la police se seraient ajoutées des agressions et des vols commis par des jeunes de la ville de Saint-Denis, que l’extrême-droite ne manqua pas d’instrumentaliser à des fins racistes. Il convient de souligner que certains supporteurs n’avaient pu pénétrer dans l’enceinte du stade que bien après le coup d’envoi, et surtout après les coups envoyés par les policiers français, ces coéquipiers de Darmanin, pour qui la bastonnade est devenue leur sport favori exercé sur tous les terrains. D’autres n’avaient jamais pu franchir les portes du stade de 80 000 places. Face aux violences, qui écornent l’image de la France, pays hôte à deux ans des Jeux olympiques (JO) de Paris en 2024, le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, avait évoqué une « fraude massive, industrielle et organisée de faux billets » venant « de l’autre côté de la Manche ». Autrement dit, les coupables du chaos et du déchaînement de violences ce ne sont pas les policiers français, mais les supporteurs anglais.  Le ministre de l’intérieur ne peut admettre l’incurie de l’État français. Les mensonges indécents du premier flic de France, Gérard Darmanin, furent dénoncés par tous les supporteurs et les autorités anglaises. Les témoignages de cette violence aveugle des forces de l’ordre de l’État français sont abondants. Le fait que la cinquième puissance capitaliste du monde, disposant de moyens de sécurité théoriquement suffisants, ne soit pas en mesure d’organiser un événement sportif, devenant ainsi la risée des médias du monde entier, dévoile l’ampleur de la déliquescence de l’État français, de l’inefficience des institutions françaises. L’organisation catastrophique de cet évènement sportif par l’État français, dont la gestion des flux a provoqué des goulots d’engorgements bloquant des milliers de supporteurs dans des conditions périlleuses, sur fond de violences policières « gratuites » fondées sur la « logique confrontationnelle » professée par le Ministère de l’intérieur, écorne sérieusement l’image de la France. Et illustre avec brutalité la nature répressive de l’État policier français, actuellement en voie de militarisation. Au-delà des considérations organisationnelles, tout se passe comme si les incidents du Stade de France, délibérément provoqués, ont constitué un terrain d’entraînement pour les forces de l’ordre en prévision des futures répressions policières à mener contre les imminentes révoltes sociales conduites par les travailleurs, les manifestations de protestation politique organisées par les opposants contre la crise économique, la dégradation des conditions de vie, le despotisme de l’État français en voie de militarisation.   [1] « La France rythmée par les violences policières et les crimes policiers impunis », publié dans Les 7 du Québec le 11 mai 2022. La France rythmée par les violences policières et les crimes policiers impunis – les 7 du quebec   Khider MESLOUB
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