lundi 22 mai 2017

Ce qui ne va pas avec le Front National

Ce qui ne va pas avec le Front National

Depuis quelques jours, des commentateurs parfois un peu agressifs prennent à partie ceux, qui, comme moi, n'ont pas voulu soutenir Marine le Pen le 7 mai. Nous serions coupables d'abandonner la France et les Français aux mauvaises politiques de Macron et devrions nous rassembler derrière le FN, le plus grand parti représentant les idées souverainistes. Voici une première réponse.



Incompétence, inconsistance et marginalité

Bien sûr, le FN est depuis des décennies la première force politique véritablement alternative de notre pays, dans le sens où il dit rejeter l'Union Européenne telle qu'elle se construit, qu'il critique la globalisation et la libre-circulation des biens et des personnes. Mais déjà, le fait que le FN soit à cette place depuis plus de 30 ans devrait amener à se poser des questions : ce parti est-il une alternative qui pourrait changer le cours politique de la France, ou seulement une force d'opposition qui ne parviendra jamais au pouvoir, permettant au contraire aux partis au pouvoir de poursuivre leurs mauvaises politiques ? Les scores limités de Marine Le Pen cette année confirme la force du plafond de verre.

Bien sûr, les pro-frontistes peuvent dénoncer une forme de raisonnement circulaire, où la dénonciation que nous faisons du fait que le FN soit le meilleur ennemi des partisans des politiques actuelles, celui qui leur permet de rester au pouvoir dans une fausse alternance dont l'apogée vient d'être atteinte avec l'arrivée au pouvoir d'un ancien ministre d'une majorité ultra-impopulaireempêche la nécessaire alternance. S'il y a une part de vrai dans cet argument, cela ne peut pas clore le débat. D'abord, la portée électorale des personnes comme moi n'est qu'une goutte d'eau par rapport aux 10 millions de voix d'écart avec Macron, et le débat ne peut pas s'arrêter à ce seul point en fermant les yeux sur le reste.

Comme je l'avais dit avant le second tour des régionales, il y a bien des raisons de s'opposer au FN, entre ses liens avec l'extrême-droite la plus dure (son logo, descendant de celui des néo-fascistes italiens), les affaires troubles sur son financement, et son caractère xénophobe. Et parmi ces raisons, certaines ont été très largement renforcées par les dernières semaines. L'incompétence et le manque de sérieux de Marine Le Pen a éclaté au grand jour dans le débat d'entre deux-tours. Pourtant, ce n'est pas faute de ne pas avoir eu le temps de se préparer, depuis 5 ans, d'autant plus qu'elle est entourée de quelques personnes qui sont compétentes. Sa fumisterie, qui remonte à ses débuts au parlement européen, la disqualifie complètement, ainsi, malheureusement, que les idées qu'elles touchent.

Et concernant les idées, quelle confiance accorder à une personne dont les convictions semblent aussi solides que celles de Chirac ? En 2017, elle a largement droitisé son programme économique, abandonnant une partie des propositions volontaristes de 2012 pour un discours suivant le vent des oracles ultralibéraux dénonçant le poids des impôts. Idem sur la souveraineté : dans l'entre deux-tours, elle a reculé sur la question de l'euro qui « n'est plus un préalable à toute politique économique ». Et elle affirme tranquillement aujourd'hui que la question de l'euro doit être réétudiée. Une position inacceptable après l'épisode grec : dans le cadre de la monnaie unique, les marges de manœuvre sont extrêmement limitées et reculer sur cette question, c'est hypothéquer toute véritable alternative.

En réalité, le FN, comme le PS et LR, se soucie surtout de ses intérêts, et pour renforcer sa position, parce que Marine Le Pen, faute de travail, n'a pas convaincu les Français, le FN préfère reculer sur cette question absolument fondamentale. Ce parti veut seulement consolider sa position et obtenir plus de moyens de l'Etat, en aucun cas apporter une vraie solution au pays étant donnée sa légèreté sur cette question fondamentale. Dès lors, entre les innombrables casseroles du FN, le manque de sérieux de sa dirigeante et son inconsistance programmatique, il y a bien des raisons de refuser de le soutenir. Ce parti discrédite tant certaines idées qu'il touche qu'il n'est pas illégitime de voter contre lui.

La réalité, c'est que, même si ceux qui votent pour lui ont toutes les raisons de le faire, le FN est une fausse solution, un élément essentiel de la poursuite des politiques eurolibérales puisqu'il stérilise les voix qui veulent une alternative et permet cette fausse alternance entre tenants de politiques très proches. Le problème, c'est le FN, pas ceux qui se refusent à la soutenir.

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