Etats – Unis : Commedia dell'arte – Invisible Armada : cherche porte-avions désespérément…
Après l'article des Echos.fr on dirait que ça se confirme....
20 Avril 2017 , Rédigé par Observatus geopoliticus Chroniques du Grand Jeu
Si les temps que nous vivons sont exaltants et dangereux, ils comprennent aussi leur lot d’invraisemblables pitreries et de retournements saugrenus.
A tout seigneur (saigneur ?) tout honneur, Trump semble véritablement avoir appris l’art de la pirouette chez le sultan. Plutôt que d’enquêter sur de supposées relations avec le Kremlin, il faudrait vérifier si le Donald n’a pas fait un petit séjour du côté d’Ankara avant son élection… Quel tournis, mes aïeux ! Dans la continuité de ses déjà nombreuses trahisons de promesses électorales, le blond occupant de la Maison blanche nous a sorti deux as, pour le meilleur et pour le pire d’ailleurs.
Rappelez-vous, il s’était lâché pendant des mois contre l’Iran diabolique et le « désastreux » accord sur le nucléaire (« le plus mauvais jamais signé »). Et hop, je retourne ma veste. Dans une note au Congrès, la nouvelle administration a précisé que Téhéran respectait les clauses de l’accord et qu’un nouvel allègement des sanctions avait été décidé. C’est Bibi qui doit l’avoir mauvaise…
Moins encourageant, un ponte Républicain (Ryan pour ne pas le nommer) a déclaré que le TTIP, l’accord de libre-échange trans-atlantique, était « bon pour l’ordre mondial ». On imagine l’intense pression de la libéralo-démente Frau Milka et de la clique otanienne. Certes, Donaldinho n’a encore rien dit mais l’histoire récente de ses volte-faces ne plaide pas en sa faveur.
L’administration Trump semble être complètement à la rue, se berçant d’illusions puériles sur un fantasmé refroidissement sino-russe en Syrie – y croient-ils seulement ? Pire, la fameuse flotte aéronavale se dirigeant à toute vapeur vers la Corée du Nord n’est en réalité jamais partie :
L' »armada » américaine promise il y a dix jours en réponse à la menace de Pyongyang n’a pas commencé à naviguer vers la péninsule coréenne, elle est même partie dans la direction opposée, a reconnu mardi 19 avril un responsable américain de la Défense.
Selon ce responsable, les bateaux se trouvent toujours au large de la côte nord-ouest de l’Australie. Le groupe aéronaval comprend le porte-avions Carl Vinson, de la classe des porte-avions Nimitz, son escadron aérien, deux destroyers lanceurs de missiles et un croiseur lanceur de missiles. Une photo de la marine américaine prise ce week-end montre le porte-avions au large de l’île de Java.
Le 8 avril, un porte-parole du commandement américain dans le Pacifique avait pourtant annoncé que le porte-avions et sa flotte faisaient route vers la péninsule coréenne, par « mesure de précaution ». Donald Trump avait ensuite déclaré le 12 avril sur la chaîne Fox Business : « Nous sommes en train d’envoyer une armada. Très puissante ».
Plusieurs médias avaient alors affirmé qu’il faisait route vers la Corée du Nord depuis Singapour, alors qu’en fait il avançait dans la direction opposée. La flotte américaine a de fait participé ces derniers jours à des exercices militaires avec la marine australienne, selon le responsable américain.
Avec le Donald, la croisière s’amuse et fait bien rire les observateurs. Grillé, le Pentagone se croit maintenant obligé d’envoyer, vraiment cette fois, la flotte mouiller en mer du Japon. Fake news, fausse armada, palinodies, bombardements factices, poudre aux yeux, grotesque opérations de com’… les Etats-Unis seraient-ils en train de devenir un fake country ?
Ce n’est certes pas la CIA qui contredira la chose, elle qui crie régulièrement au piratage russo-chinois avec des trémolos dans la voix. Quand on veut noyer son chien, on l’accuse de la rage, c’est bien connu. En réalité, les récentes révélations sur la NSA montrent que les agences US ont allègrement piraté des sites russes et iraniens, notamment le site de la présidence à Téhéran ou celui du ministère russe de l’Energie atomique. Comment dit-on l’hôpital qui se fout de la charité en Langley ?
Une qui, par contre, ne sourit point est Exxon, désespérée de faire lever les sanctions contre la Russie ou, du moins, de bénéficier d’une exemption. Nous avions déjà vu que les sanctions lui avaient coûté 1 milliards de $ en 2015. Aujourd’hui, elle risque de perdre au profit de l’italienne ENI tous ses droits d’exploration en mer Noire si elle ne commence pas des forages avant la fin de l’année.
L’ironie de l’histoire est que son ancien PDG est maintenant secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et qu’il s’est lancé dans de curieuses diatribes anti-russes depuis quelques semaines. Trahison vis-à-vis du lobby pétrolier américain ou, au contraire, volonté de donner des gages à l’Etat profond pour mieux adoucir les sanctions par la suite et aider Exxon ? Comédie et théâtre d’ombres, encore une fois…
La Russie, elle, regarde tout cela d’un oeil goguenard. Ce que nous prédisions il y a deux ans se réalise : les sanctions lui ont permis de diversifier son économie et ses sources de revenu. Ainsi, les hydrocarbures qui représentaient 50% des recettes de l’Etat sont tombés à 36%. Certes, la baisse des cours du pétrole et du gaz ont eu une influence mais pas seulement.
Et puisque l’on parle d’or noir, depuis quelques mois, la grande sitcom s’appelle Citgo. Cette compagnie pétrolière possédant oléoducs et raffineries aux Etats-Unis pourrait tomber dans l’escarcelle de… Rosneft ! Pour résumer l’imbroglio, Citgo est détenue par Petroleos de Venezuela qui devait rembourser un emprunt à Rosneft. Vu la situation au pays de Maduro, c’est pour le moins compromis et le géant russe a maintenant le droit légal de mettre la main sur la filiale américaine.
Inutile de dire que les sénateurs US sont paniqués, Rubio en tête : » Nous sommes extrêmement inquiets du contrôle de Citgo par Rosneft qui pourrait représenter une grave menace pour la sécurité énergétique américaine et rendre vulnérables des infrastructures critiques de notre pays. »
Le grand cirque ne serait point complet sans ces fameux valets du système impérial que sont Porochenko et les inénarrables rebelles « modérés ». A Londres, le premier a affirmé sans rire que l’héroïque armée ukrainienne avait sauvé l’Europe d’une invasion de tanks russes. Question à un kopeck : y a-t-il encore quelqu’un dans la salle pour prendre au sérieux Poroclown ?
En Syrie, une nouvelle formation rebelle est apparue… sur le net. Elle déclare, tenez-vous bien, vouloir reprendre Hassaké, Raqqa, Deir ez-Zoor et Qamishli. C’est-à-dire mener la guerre à la fois contre les Kurdes, Daech et l’armée syrienne, rien que ça. Aux dernières nouvelles, les « rebelles » sont une vingtaine et représentent un énième aboiement du sultan pour sauver la face.
Commedia dell’arte
Invisible Armada : cherche porte-avions désespérément…
Certains ont peur de la super-armée US, ils ont peut-être tort. On est en Amérique postmoderne, avec un guignol qui ne veut pas jouer au martyr aux commandes, et une marine plus très équipée par rapport à la Chine et la Russie, alors on a un peu de temps devant nous. On a parlé du syndrome Leslie Nielsen pour Donald, on peut rajouter le symptôme Abrams-Zucker pour la guerre du Pacifique : on ne recherche plus pilote, mais porte-avions désespérément.
Un rappel d’abord : on nous demande souvent de réagir positivement ou négativement à des évènements. Or ces évènements sont montrés, ils ne sont plus avérés. Dans le monde postmoderne, tout est montré, mais rien n’est prouvé. Le temps de chercher les preuves de la non-existence d’un événement incriminé – de Boston à Orlando en passant par Istanbul -, on est passé à autre chose. Miles Mathis parle d’engineered events.
Et pendant que les poupées Barbie des médias MSM s’excitent convulsivement devant les haches de guerre déterrées ou la grandeur herméneutique du déploiement érectile américain, voici ce qu’observe Philippe Grasset dans Dedefensa.org :
« 1) Que le USS Carl Vinson se trouve actuellement, venant d’un exercice avec la marne australienne, en croisière après avoir passé samedi le détroit entre les îles indonésiennes de Java et de Sumatra, à près de 5.000 kilomètres au sud de la Corée du Nord. Il ne pourrait être question d’un déploiement au large de la Corée du Nord, s’il se fait au mieux avant fin avril et l’on dirait plutôt début mai si le groupe traîne un peu.
2) Que le USS Ronald Reagan est actuellement en période de maintenance à Yokohama, au Japon, et que cette séquence techniquement impérative ne s’achèvera que courant mai.
3). Que le USS Nimitz est en phase de pré-déploiement après refonte complète au large de l’État de Washington, sur la côte Ouest des Etats-Unis. Là aussi, il y a des impératifs techniques qui prolongent la position du porte-avions dans la zone pour plusieurs semaines, alors qu’il se trouve avec tout l’Océan Pacifique à traverser avant d’atteindre la zone comprenant la Corée du Nord. Effectivement, le USS Nimitz doit rejoindre cette zone vers la fin du printemps, mais d’abord selon le processus normal de relève du USS Carl Vinson dans son déploiement sur l’espace Océan Indien-Mer de Chine. »
Ce n’est plus la bataille de Midway, c’est la croisière s’amuse !
On se rapproche de la légendaire soupe au canard des Marx Brothers. Groucho propose du dollar pour qu’on ne l’accuse pas d’avoir tiré sur ses troupes. Ici on va proposer du dollar pour faire croire qu’on a quarante porte-avions postés dans le port de Pyongyang.
Et il y a un port à Pyongyang ? On tire le Yi King pour en avoir la preuve ?
Dans El Pais j’avais lu que pour Woody Allen Donald était un bon teatrero. Trump fit croire qu’il était patriote, anti-libre-échangiste, anti-migration, etc. Maintenant il fait croire l’inverse et je doute en fait qu’il soit plus sincère. La tête rivée sur les sondages comme nos républicains de candidats, il se fout de ce qu’il doit dire et penser pourvu qu’il remonte des eaux troubles de l’impopularité. Car Donald redoute par-dessus-tout, en beau marin d’eau douce, l’amer des sarcasmes !
Eh bien son armée c’est du théâtre aux armées. C’est South Pacific de Rodgers-Hammerstein revu et corrigé par BHL et les producteurs néocons. Dans South Pacific, c’est l’armée ennuyée qui crée un spectacle ambigu (les marines en tutu, les infirmières après les Français), ici c’est l’inverse. Un programme télé qui joue au dur. Mais avec les russes et les chinois moins faiblards que jadis…
Philippe ajoure pince-sans-rire :
« Ainsi la position stratégique de ces divers groupes de porte-avions se trouve-t-elle complètement bouleversée par rapport à ce qui avait été annoncé, sinon clamé ces derniers jours. La situation est d’autant plus inédite sinon bouffe, que la Maison-Blanche fut la première à annoncer ce renforcement la semaine dernière, avec des confidences dramatiques et théâtrales du président Trump à FoxNews concernant la puissance de cette force, et que la Maison-Blanche se trouve aujourd’hui dans la situation inédite de nous dire : “Qu’est-ce que vous voulez, nous on a dit ce que nous disait le Pentagone”.
Après on rigole (il va décidément falloir qu’on se recycle) :
« le USS Carl Vinson pourrait être éventuellement, – rien n’est plus sûr du tout, – au large de la Corée du Nord pas avant début mai, semble-t-il, avant de nouvelles précisions à attendre dans le calme de l’inattendu et de l’imprévu du désordre)… Les porte-avions, c’est l’affaire de la Navy et de personne d’autre. »
Mais on en revient à la vraie guerre civile, celle qui oppose les marines et l’US Navy :
« En d’autres mots, un conflit interne est en train de se développer au sein du pouvoir militaire que d’aucuns jugent être le “tuteur” de Trump. Il concerne directement l’US Navy, qui estime ne pas disposer d’un pouvoir correspondant à son importance, surtout par rapport au Corps des Marines qui devrait plutôt lui être subordonné que prétendre la diriger. »
Et puis quand même l’invincible armada n’ignore pas la flotte chinoise :
« Dans ce cas, l’on peut alors avancer ici l’hypothèse que l’US Navy n’est pas pressée de porter le chapeau dans une éventuelle crise avec la Corée du Nord, voire avec la Chine, c’est-à-dire qu’elle n’est pas pressée d’exposer ses précieux porte-avions à des armes qui pourraient les menacer, – surtout de la part des Chinois, dont on sait qu’ils ont développé un remarquable arsenal de missiles justement destinés à l’attaque contre les porte-avions d’attaque US. »
Remplaçons le décevant et hollandais canard enchaîné : La flotte US prend eau de toutes parts ! C’est l’invisible Armada !
Cela me rappelle une anecdote d’Isaacson dans sa bio de Jobs : Obama invite les milliardaires techno à la Maison-Blanche, on mange écolo, on boit bio, et on découvre que jamais les USA ne pourront rapatrier les usines Apple ou autres parce qu’il n’y a plus d’ingénieurs en Amérique. Jobs ajoutait qu’il en faudrait trente mille juste pour Apple.
Certains se moquent ces jours-ci des fusées en carton de l’armée nord-coréenne, qui risque pourtant l’extermination. Or si on commençait à s’interroger sur la présence des porte-avions US ? La Navy elle-même n’a plus confiance. Déjà en 2007, rappelle Philippe, l’US Navy avait fait reculer les bushmen excités à l’idée d’anéantir l’Iran.
« Dans les années 2006-2008, la Navy avait montré qu’elle était capable de jouer un rôle politique officieux extrêmement important. Nous le rappelions le 3 janvier 2017 : « L’US Navy avait réalisé une opération de cette sorte, d’une façon politiquement très claire derrière les arguments techniques qui avaient permis de dégarnir les capacités d’attaque contre l’Iran dans la période 2006-2007, alors que les extrémistes de l’administration Bush (Cheney & sa clique) réclamaient une attaque contre l’Iran. »
C’est le Saker qui dit que l’Iran pourrait devenir le Kaishakunin du trop visible empire…
Mais j’arrête, de peur de provoquer, insolent, Donald et l’homme de l’Atlantide…
Remplaçons le décevant et hollandais canard enchaîné : La flotte US prend eau de toutes parts ! C’est l’invisible Armada !
Cela me rappelle une anecdote d’Isaacson dans sa bio de Jobs : Obama invite les milliardaires techno à la Maison-Blanche, on mange écolo, on boit bio, et on découvre que jamais les USA ne pourront rapatrier les usines Apple ou autres parce qu’il n’y a plus d’ingénieurs en Amérique. Jobs ajoutait qu’il en faudrait trente mille juste pour Apple.
Certains se moquent ces jours-ci des fusées en carton de l’armée nord-coréenne, qui risque pourtant l’extermination. Or si on commençait à s’interroger sur la présence des porte-avions US ? La Navy elle-même n’a plus confiance. Déjà en 2007, rappelle Philippe, l’US Navy avait fait reculer les bushmen excités à l’idée d’anéantir l’Iran.
« Dans les années 2006-2008, la Navy avait montré qu’elle était capable de jouer un rôle politique officieux extrêmement important. Nous le rappelions le 3 janvier 2017 : « L’US Navy avait réalisé une opération de cette sorte, d’une façon politiquement très claire derrière les arguments techniques qui avaient permis de dégarnir les capacités d’attaque contre l’Iran dans la période 2006-2007, alors que les extrémistes de l’administration Bush (Cheney & sa clique) réclamaient une attaque contre l’Iran. »
C’est le Saker qui dit que l’Iran pourrait devenir le Kaishakunin du trop visible empire…
Mais j’arrête, de peur de provoquer, insolent, Donald et l’homme de l’Atlantide…
Nicolas Bonnal
http://www.dedefensa.org/article/invisible-armada-cherche-porte-avions-desesperement
Source : Le Blog à Lupus
Information complémentaire :
Crashdebug.fr : Cette nuit en Asie : Trump n'a pas envoyé son « armada » vers la Corée du Nord
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire