Et si la campagne accouchait d'une souris Macron-Fillon ?
Alors qu'il semblait acquis que Marine Le Pen serait au second tour, et que Mélenchon pourrblogait s'inviter lui aussi au second tour, au point que l'affrontement des deux semblait une vraie hypothèse, les dernières tendances des sondages, aussi aléatoires soient-ils, font apparaître la possibilité d'un duel entre le premier ministre de Sarkozy et le ministre de l'économie de Hollande. Tout ça pour ça ?
Des alternatives qui ne se sont pas imposées
Certes, ce n'est qu'un sondage et on sait qu'ils ne sont pas sans limite. Mais avec 22% pour Macron et Le Pen, 21% pour Fillon et 18% pour Mélenchon, et si on prend en compte la dynamique de fin de campagne, avec la tendance à la baisse de Marine Le Pen et le léger rebond de François Fillon, dans les hypothèses de second tour, l'option d'un second tour Macron-Fillon devient plausible. Après les éliminations de Sarkozy et Juppé aux primaires des Républicains, le renoncement de Hollande et l'élimination de Valls, et alors qu'il semblait possible que les candidats du PS et de LR soient éliminés dès le premier tour, le renouvellement de notre vie politique pourrait finir dans une impasse complète !
Car un second tour Macron-Fillon représenterait une effarante continuité avec les dix dernières années. D'une part, celui qui sera resté cinq ans à Matignon sous Sarkozy. D'autre part, celui qui a été un des principaux conseillers de Hollande à l'Elysée, avant de devenir son ministre de l'économie. Un tel final, ce serait la perpétuation automatique des politiques qui ont été menées depuis dix ans, dont on ne peut pas dire qu'elles aient été un franc succès. Pire encore, ces deux candidats, plus adeptes des postures que de la réflexion, ont d'innombrables limites. Fillon, est autant disqualifié par les affaires que son programme économique fou et Macron a la consistance d'une bulle de savon.
Et si une telle issue en disait plus sur les alternatives présentes que sur les candidats de la continuité ? Car après dix années désastreuses, où le nombre de chômeurs a augmenté de deux millions, où tant de promesses ont été déçues ou trahies, où les comportements individuels n'ont pas été à la hauteur de la fonction, il serait tout de même effarant que les Français préfèrent la continuité au changement. A moins que l'incarnation de ce changement ne pose de sérieux problèmes… Car si nous arrivions à une telle conclusion dimanche soir, et parce que nous pouvons y arriver, il faut se poser des questions sur les incarnations de l'alternative aujourd'hui en France, soit Mélenchonet Le Pen.
Après les élections de 2012, j'avais écrit que « pour gagner, l'alternative doit être centrale », sans la moindre concession sur le fond (souveraineté, sortie de l'euro, protectionnisme, reprise de contrôle de la finance, lutte contre les inégalités). Aujourd'hui, nous avons l'inverse, à savoir des radicaux dans les marges de notre système politique, trop prudents et ambigus sur le sujet clé de l'Europe. Mélenchon nous ressort les vieilles lunes de la gauche, sur les institutions, l'Europe, le cannabis ou l'insécurité. Marine Le Pen n'est toujours pas à la hauteur de certaines de ses propositions, au point de ne même pas convaincre une partie de son électorat, pour qui elle n'est qu'une protestation démocratique.
Et si le fait que nous en soyons là à la veille du premier tour, malgré le discrédit des partis dits de gouvernement, et des incarnations de la continuité aussi mauvaises en disait plus long sur les alternatives qui se présentent à nous, et notamment les deux principales, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Ils parviennent à rendre possible un second tour entre les héritiers de Sarkozy et Hollande…
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