lundi 20 février 2017

En Grèce, l’horreur européenne continue

En Grèce, l'horreur européenne continue

Dans quelques décennies, quand les historiens se pencheront sur les plans mis en place en Grèce dans les années 2010, nul doute qu'ils seront très sévères avec ces créanciers tortionnaires, et s'interrogeront sur les raisons qui peuvent pousser un peuple à accepter une telle tutuelle. Le pire est que nous étions nombreux à avoir vu venir ce funeste scénario, dès 2010, y compris au FMI.



Un rapport de force brutal et mortifère

Même le Monde admet aujourd'hui que « l'austérité n'en finit plus d'asphyxier l'économie ». Un constat un peu tardif, et impossible à nier aujourd'hui, après huit longues années de dépression. Finalement, à partir du moment où la Grèce n'est pas prête au défaut et à la rupture avec l'euro et l'UE, elle est à la merci des demandes de ses créanciers. Comme l'explique Romaric Godin, le journaliste de référence sur la question grecque, dans un remarquable papier de synthèse « Grèce : le piège de Wolfgang Schauble se referme », le Premier ministre Grec peut bien demander à l'Allemagne de ne pas « jouer avec le feu », il a perdu toute crédibilité à l'été 2015, en acceptant un énième mémorandum.

Berlin utilise la Grèce pour mettre au pas le reste de la zone euro, en démontrant qu'y appartenir impose de suivre ses directives, aussi arbitraires et inhumaines soient-elles. Et cela est possible parce que l'Allemagne est prête à expulser un membre de la zone euro qui ne lui obéirait pas, voir même à la quitter, alors que les membres de la zone n'ont pas de plan B. Du coup, un rapport de force extrêmement brutal se fait jour, comme en décembre, où les créanciers avaient vivement réagi à l'annonce de l'utilisation de 20% d'un excès d'excédent (au-delà des objectifs) pour revaloriser les petites retraites, après avoir déjà imposé une baisse des l'impôt sur les millionnaires à l'été 2015

Le pire est que tout ceci était prévisible, comme je l'avais écrit fin 2009 et en 2010, mais aussi comme le FMI le pensait à cette époque, ainsi que le révèle la récente fuite d'un mémo d'Olivier Blanchard, alors son chef économiste, comme le rapporte Romaric Godin. Le FMI avait compris que les prévisions de la commission étaient totalement irréalistes : rappelons ici que début 2011, elle prévoyait une croissance de 2,5% en 2012 et début 2012, 2,5% de croissance en 2014. Depuis le début, une partie du FMI propose une restructuration de la dette Grecque, à laquelle DSK, la BCE de Trichet et l'Allemagne se sont opposés, amenant la Grèce dans la triste situation dans laquelle elle est depuis 7 ans.

Car ce que l'on oublie un peu trop, c'est la réalité humaine de ce qu'ont produit ces politiques depuis 2010 : chômage de masse, pauvreté, suicide, dégradation de l'état sanitaire, un véritable crime contre l'humanité, comme je l'avais écrit fin 2013 devant les descriptions horrifiantes de ce qui se passe dans ce pays. C'est toute la population de la Grèce qui subit une politique qui devrait faire honte à ceux qui la proposent et la mettent en place. Si l'idée européenne est née en Grèce, elle y est morte aujourd'hui quand on voit ce qu'elle pousse à faire. L'Union Européenne et l'euro finiront par être jetés dans les poubelles de l'histoire, ce que le Brexit devrait accélérer dans les prochaines années.


L'épisode Grec nous impose un double questionnement. D'abord, comment et pourquoi les créanciers d'Athènes ont pu se transformer en de tels tortionnaires brutaux, anti-démocratiques et arbitraires ? Ensuite, même si le contexte national particulier Grec l'explique, comme je le souligne depuis 2010, pourquoi un pays peut en venir à accepter aussi longtemps une tutelle aussi violente et humiliante ?

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