jeudi 22 décembre 2016

Obama interdit les forages en Arctique avant l’arrivée de Trump

Obama interdit les forages en Arctique avant l'arrivée de Trump

Le président américain a sanctuarisé mardi des millions d’hectares maritimes dans l’Atlantique et l’Arctique.

C’est une sorte de décision testamentaire qu’a prise, mardi 20 décembre, Barack Obama, en décrétant une interdiction de forage d’hydrocarbures dans de vastes zones de l’océan Arctique et de l’océan Atlantique. A un mois de son départ de la Maison Blanche, le président américain a en effet voulu parachever son bilan en faveur de l’environnement en sanctuarisant ces espaces naturels, qui abritent une flore et une faune en voie de disparition. Un pied de nez à son successeur, Donald Trump, qui a, au contraire, promis de déréguler au maximum l’extraction pétrolière pendant son mandat.

Barack Obama avait déjà annoncé, il y a quelques mois, des mesures pour protéger ces zones pour une durée de cinq ans. La nouveauté, c’est qu’en s’appuyant sur une loi de 1953, l’Outer Continental Shelf Lands Act (loi sur les terres du plateau continental), qui donne au président américain le pouvoir de protéger les eaux fédérales de toute recherche de gaz ou de pétrole, il rend la protection permanente dans le temps. Ce n’est pas la première fois qu’un président recourt à cette disposition. Dwight Eisenhower et Bill Clinton l’avaient également utilisée.

Coraux, ours et poissons rares

Cette fois, il s’agit de protéger toute la côte Atlantique, de Norfolk, en Virginie, jusqu’au Maine, à la frontière canadienne, soit 1,5 million d’hectares, qui abritent notamment des coraux d’eau profonde uniques et des espèces de poissons rares. La mesure concerne également la quasi-totalité des eaux arctiques appartenant au gouvernement fédéral américain, soit plus de 46 millions d’hectares, où l’on trouve encore des ours polaires et des baleines boréales, deux espèces en voie de disparition. Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a également annoncé mardi l’interdiction de nouveaux forages dans les eaux arctiques canadiennes.

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« Ces mesures protègent un écosystème sensible et unique que l’on ne retrouve dans aucune autre région du globe », a déclaré Barack Obama dans un communiqué, ajoutant que le dispositif vise à sécuriser ces zones pour éviter toute marée noire. Une catastrophe qui serait très compliquée à endiguer, compte tenu de la difficulté d’intervention, notamment dans l’Arctique. « En partenariat avec nos voisins et alliés du Canada, les Etats-Unis franchissent une étape historique pour préserver les écosystèmes de l’Arctique », souligne-t-il.

Reste maintenant à savoir si la nouvelle administration sera capable de détricoter ces nouvelles dispositions. Il ne fait guère de doute que la majorité républicaine au Congrès et le gouvernement de Donald Trump, qui compte nombre de climatosceptiques, feront tout pour revenir sur la décision.

Climatosceptique

Tout au long de sa campagne électorale, le milliardaire n’a cessé de remettre en question la réalité du changement climatique et la responsabilité de l’homme dans ce phénomène. Par ailleurs, il vient de nommer à la tête de l’Agence américaine de protection environnementale (EPA) Scott Pruitt, ministre de la justice de l’Oklahoma. Ce dernier est devenu en quelques années le bras armé des compagnies pétrolières pour tenter d’infléchir la politique de l’actuelle administration visant à réguler l’extraction énergétique. Scott Pruitt a ainsi réussi à lancer des procédures judiciaires contre le plan climat de la Maison Blanche dans vingt-huit Etats.

Toutefois, Michael Brune, directeur exécutif de l’association de protection de l’environnement Sierra Club, se dit convaincu que la disposition prise par le président Obama doit « empêcher les futures administrations de détruire [leurs] eaux et [leurs] côtes. » Mais la réalité s’annonce sans doute plus compliquée et la question de la réversibilité de la loi de 1953 risque de se régler devant la justice fédérale. Sur les 120 millions d’hectares d’océan qui avaient été sanctuarisés par Bill Clinton, son successeur, George W. Bush, avait réussi à faire annuler l’interdiction d’exploitation pétrolière d’une vingtaine de millions d’hectares.

 

Stéphane Lauer (New York, correspondant)

 

Source : Le Monde.fr

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