lundi 5 décembre 2016

Donald Trump est plus à l’écoute des revendications des gays, ce qui le place à part dans le Parti Républicain, par Maggie Haberman

Donald Trump est plus à l'écoute des revendications des gays, ce qui le place à part dans le Parti Républicain, par Maggie Haberman

Pour s’ouvrir l’esprit, aujourd’hui une série d’avis sur des points positifs de Trump qui ont été peu mis en avant ; et demain une analyse négative sur lui…

Source : The New York Times, le 23/04/2016

Donald J. Trump à Harrisburg, Pennsylvanie, ce jeudi. Son point de vue sur les homosexuels et leurs droits est ce qui distingue le plus M. Trump des précédents porte-drapeaux républicains. Credit Damon Winter/The New York Times

Donald J. Trump à Harrisburg, Pennsylvanie, ce jeudi. Son point de vue sur les homosexuels et leurs droits est ce qui distingue le plus M. Trump des précédents porte-drapeaux républicains. Credit Damon Winter/The New York Times

Elton John et son ami de longue date, David Furnish, ont conclu une union civile le 21 décembre 2005, en Angleterre, en vertu d’une loi que le pays venait de promulguer pour reconnaître les couples de même sexe. Les félicitations se sont répandues alors que les deux hommes étaient présents à une joyeuse cérémonie à Windsor Guildhall, au milieu d’une foule de paparazzi. Donald J. Trump, qui connaissait le couple depuis des années, s’est servi de son blog pour exprimer son émotion.

« Je les connais tous les deux, et ils s’entendent merveilleusement. C’est un mariage qui va fonctionner, » a écrit M. Trump, ajoutant : « Je suis très heureux pour eux. Si deux personnes s’entendent, elles s’entendent. »

M. Trump est maintenant le principal candidat à la présidence dans la primaire républicaine, il a été habituellement soucieux de porter des espoirs enthousiastes pour montrer combien les républicains sont profondément conservateurs au sujet des questions sociales comme les droits des homosexuels et du mariage pour tous.

Mais M. Trump accepte beaucoup plus les minorités sexuelles que les dirigeants de son parti. Jeudi, il a surpris certains républicains en déclarant sur NBC à l’émission “Today” qu’il s’opposait à une loi récemment adoptée en Caroline du Nord qui interdit aux gens d’utiliser les toilettes publiques qui ne correspondent pas au sexe avec lequel ils sont nés, dénonçant une ordonnance promulguée à Charlotte.

Les personnes transsexuelles devraient pouvoir « utiliser les toilettes qu’elles estiment appropriés, » a déclaré M. Trump, ce qui l’a positionné en désaccord avec une majorité de républicains en Caroline du Nord.

Mais c’est son point de vue sur les homosexuels et leurs droits qui distinguent le plus M. Trump des précédents porte-drapeaux républicains. Il a entretenu de longues amitiés avec des homosexuels, employé des travailleurs homosexuels à des postes éminents et a côtoyé avec aisance les industries où les homosexuels ont longtemps exercé une influence, comme le divertissement.

“Il sera à jamais le candidat républicain le plus gay-friendly pour une présidence,” a déclaré Gregory T. Angelo, le président de la Log Cabin Republicans, un groupe qui soutient les droits des homosexuels.

Bien sûr, M. Trump n’est pas allé aussi loin à propos des droits des homosexuels que les candidats démocrates ; Il a dit pendant cette campagne qu’il croit que le mariage est réservé à l’union entre un homme et une femme, une position qu’il maintient depuis au moins 2000, lorsqu’il a brièvement frôlé une tentative pour la présidence. Mais il ne met pas l’accent sur le mariage comme un sujet de controverse, et il n’en fait aucunement mention, par exemple, sur son site web de campagne, qui se concentre sur des questions comme l’immigration et le commerce.

Et M. Trump, qui a embrasé les tensions avec presque toutes les communautés, des hispaniques aux femmes aux Afro-américains, a évité d’attaquer ou d’offenser les gays et les lesbiennes pendant la campagne.

Son histoire avec la communauté gay dure depuis longtemps. Il a fait don à des organismes de bienfaisance focalisés sur la crise du sida à la fin des années 1980 et au début des années 1990. En 2000, lorsqu’il a brièvement envisagé de se porter candidat à la présidence, il a donné une interview à The Advocate, un magazine gay, dans lequel il soutenait la modification de la loi de 1964 sur les droits civils pour « interdire toute discrimination fondée sur l’orientation sexuelle ».

“Ce serait simple. Ce serait honnête, » a déclaré M. Trump dans l’interview, ajoutant : « Ce n’est que juste. »

Seize ans plus tard, les défenseurs des droits des homosexuels tentent toujours de convaincre le Congrès de passer une mesure semblable, mais ils ont lutté pour obtenir un soutien, en particulier des Républicains. Le dernier candidat républicain, Mitt Romney, s’est opposé à une législation similaire en 2012.

M. Trump a refusé d’être interrogé pour cet article.

Sa facilité avec les homosexuels ne semble pas être le résultat d’une profonde bonté d’âmes, mais plutôt le résultat du monde social et politique de Manhattan qu’il a habité ces cinq dernières décennies.

“J’habite à New York. Je connais beaucoup, beaucoup de personnes homosexuelles. Des gens formidables,” a déclaré M. Trump lors d’une entrevue en 2011.

Il a pratiqué le cabotinage parfois, comme en 2000, quand lui-même et le maire Rudolph W. Giuliani sont apparus dans un sketch d’une satire politique, au cours de laquelle M. Trump a lorgné et caressé le maire, qui était habillé en drag.

Rudy Giuliani travesti embrasse Donald Trump. Video de itsgiulianitime

Ses amis disent qu’il considère les droits des homosexuels de son point de vue d’homme d’affaires terre à terre.

“Sa principale inquiétude est : êtes-vous capable et à même de faire le boulot pour lequel je vous emploie ? Et si vous l’êtes, peu importe le reste,” dit Abe Wallach, un dirigeant de l’organisation Trump dans les années 1990 connu pour être gay. “Très peu de choses dans un cadre social intéresseront Donald — à moins que ce soit de l’argent, ou quelque chose d’autre, ça pourrait l’intéresser.”

On considère que M. Trump a été le premier propriétaire de club privé de Palm Beach, en Floride, à admettre un couple ouvertement gay, d’après Laurence Leamer, l’auteur de Madness Under the Royal Palms (Folie sous les palmiers royaux), un livre sur la société de Palm Beach. M. Trump a rendu son club, Mar-a-Lago, plus ouvert en partie par mépris pour les restrictions qui interdisaient l’entrée des clubs privés de Palm Beach aux juifs et aux afro-américains.

“C’est une des meilleurs choses qu’il ait fait de sa vie, de mon point de vue”, dit M. Leamer. “Il a vraiment changé la nature de Palm Beach.”

Rand Hoch, un activiste gay qui a fondé le Conseil des Droits Humains du comté de Palm Beach en 1988, se souvient d’avoir amené ses conquêtes à Mar-a-Lago en deux occasions. Les deux fois, dit-il, M. Trump, qui adore souhaiter la bienvenue aux invités qui arrivent dans son club, était aimable et s’était approché pour bavarder.

“Il ne nous a pas traités différemment des autres gens arrivant par cette porte,” déclara M. Hoch, ajoutant qu’il n’était pas possible que M. Trump ignore qu’ils fussent gays. “Il est observateur, aussi je suis à peu près sûr qu’il ne pensait pas que nous étions frères.”

Mar-a-Lago, le club de M. Trump à Palm Beach, Floride. On considère que M. Trump a été le premier propriétaire de club privé du lieu à admettre des couples ouvertement gays. Eric Thayer pour le New York Times.

Mar-a-Lago, le club de M. Trump à Palm Beach, Floride. On considère que M. Trump a été le premier propriétaire de club privé du lieu à admettre des couples ouvertement gays. Eric Thayer pour le New York Times.

M. Wallach a déclaré que lui et son mari prenaient l’avion de M. Trump pour la Floride ou Atlantic City durant les week-ends. “Je l’ai trouvé très amical avec mon époux,” dit-il. “Il me demandait souvent de ses nouvelles, comment marchait son cabinet dentaire.”

La fondation de M. Trump a donné au fil des ans à des groupes tels que le Centre de Service SIDA et la Fondation Elton John contre le SIDA. Certaines de ces donations sont apparues être liées à son émission de télé-réalité “l’Apprenti célébrité”, dont les gagnants pouvaient sélectionner les ONG primées. Mais, dès 1987, M. Trump a versé une contribution de 25 000 dollars à Gay Men's Health Crisis, tirée des profits venus de l’exploitation par sa société de la patinoire du Mémorial Wollman à Central Park. Et en 1992, le Taj Mahal Trump a monté un évènement qui a récolté 60 000 dollars pour la recherche contre le SIDA.

L’alliance récente de M. Trump avec des conservateurs sociaux tels que Jerry Falwell Jr. et Pat Robertson en a alarmé certains, comme M. Angelo, dont le groupe, le Log Cabin Republicans, a hâte de rencontrer le nabab de l’immobilier afin de discuter de ses positions en détail.

Et certaines personnes homosexuelles de l’entourage de M. Trump sont étonnées de ce qu’il ne puisse soutenir le mariage homosexuel, au vu de son approche détendue des relations homosexuelles.

En 2012, M. Trump était invité au mariage de Jordan Roth, un producteur de Broadway, et Richie Jackson, lors d’une cérémonie au Théâtre Al Hirschfeld.

Quelques mois plus tard, M. Trump déjeunait avec l’acteur George Takei, qui est ouvertement gay et avait été viré de Celebrity Apprentice par M. Trump. M. Takei avait accosté M. Trump lors d’une conférence de presse autour de l’émission pour lui demander à échanger leurs vues sur le mariage homosexuel. Il a dit : “George, peut-être que tu pourrais m’apprendre quelque chose,” a déclaré M. Takei lors d’une interview téléphonique cette semaine depuis sa résidence en Californie.

Le déjeuner, à la Tour Trump, a commencé par la mention par M. Trump du mariage auquel il avait assisté, dont M. Takei apprit plus tard qu’il s’agissait de celui de MM. Roth et Jackson.

M. Takei a présenté à M. Trump tous les avantages d’un soutien au mariage homosexuel, particulièrement pour un patron de société. Les couples homosexuels se marieraient dans ses hôtels, et leurs hôtes dîneraient dans ses restaurants. M. Takei déclara que M. Trump était d’accord avec ce point de vue, mais qu’il ne changerait pas d’avis, disant qu’il soutenait le “mariage traditionnel”.

“J’avais envie de dire que se marier plusieurs fois n’était pas le mariage traditionnel,” a dit M. Takei de M. Trump, celui-ci s’étant marié trois fois.

Source : The New York Times, le 23/04/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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