dimanche 25 septembre 2016

Education : interdiction de redoubler... même pour Jules, qui ne sait pas lire

Education : interdiction de redoubler... même pour Jules, qui ne sait pas lire

L'Education nationale c'est comme notre gouvernement, c'est le naufrage permanent, on peut aussi parler des patrons qui ne joue pas le jeu et ne prennent pas d'apprentis (4,4% d'apprentis en 2016...)

Depuis la rentrée 2015, les écoliers du primaires ne peuvent plus redoubler, sauf à de rares exceptions. Le
redoublement est jugé inefficace pour lutter contre l’échec scolaire. PhotoQPR/Le télégramme/F. Destoc

ÉCOLE. Depuis un an, les consignes sont fermes. Repiquer n'est plus autorisé. Une mesure que ne comprennent pas certains parents, comme Jennifer, la mère de Jules.

Tête penchée vers son cahier, Jules déchiffre les premiers mots d'une phrase. Très vite, il bute sur les lettres. Le garçon de 6 ans arrête sa lecture. « Jules est en CE 1 et ne sait pas lire », résume Jennifer Dreville, sa mère.

Depuis le CP, dans son école de Lachapelle-aux-Pots (Oise), il peine à décomposer les mots, les syllabes, à associer des sons : « Il ne sait pas qu'un o et un n forment le son on », illustre Jennifer. Mais cette lacune n'a pas été jugée suffisante pour permettre à Jules de redoubler son CP, comme le demandait sa maman : « Je ne veux pas accuser qui que ce soit. J'en veux juste à l'Education nationale de ne pas accepter les redoublements. »

Jugé inefficace pour lutter contre l'échec scolaire, ce dispositif très français est interdit, sauf cas exceptionnel, depuis une circulaire appliquée depuis la rentrée 2015. En primaire, seuls les enfants absents une longue partie de l'année à cause de problèmes de santé ou familiaux sont autorisés à repiquer leur année, sur proposition de l'école et avec l'accord écrit des parents.

Pas de système alternatif

Résultat : même quand les familles et les enseignants sont d'accord, la plupart des dossiers de redoublement sont retoqués par l'administration. A charge pour les professeurs d'apporter à leurs élèves en difficulté une aide personnalisée dans le cadre de la classe, avec l'espoir qu'ils rattrapent, au fil du cycle d'apprentissages de trois ans (CP-CE 2), le retard pris au démarrage. « La recherche montre que le redoublement, au mieux n'a pas d'effet, ou peut se révéler nocif pour la réussite scolaire des élèves et pour le développement de leur estime de soi », estime le Conseil national d'évaluation du système scolaire, qui a consacré au sujet une étude en janvier 2015. Si le constat est partagé, « il reste que la France a supprimé le redoublement sans mettre en place de dispositif alternatif d'aide aux élèves en difficulté », relève Eric Charbonnier, expert en éducation à l'OCDE.

Avant les grandes vacances, Jules ne lisait pas à la maison. « J'ai évoqué le redoublement. L'institutrice m'a dit que pour elle ce n'était pas justifié et que c'était très compliqué. Elle disait que Jules allait avoir le déclic pour la lecture », témoigne la mère en recherche d'emploi. Mais le déclic n'est pas arrivé. « Là, il a le programme de CE 1 et il faut reprendre la lecture au quotidien. A la maison, je lis la leçon, je lui explique comme je peux, ensuite on fait l'exercice. Il est incapable de faire ses devoirs seul. Pourtant, il sait recopier un texte et il connaît son alphabet. » Son institutrice a allégé les devoirs pour les élèves en difficulté de sa classe et a fourni à Jules des exercices pour travailler les sons. « Mon inquiétude est qu'il prenne du retard sur le programme de cette année », lâche sa mère.

L'école jusqu'à 18 ans ?

« Je proposerai d'étendre la scolarité obligatoire de 3 à 18 ans » : après avoir glissé l'idée dans un tweet dimanche, Najat Vallaud-Belkacem, en visite hier dans un collège de Créteil (Val-de-Marne), a enfoncé le clou de ce qui se dessine comme une proposition phare de la gauche pour l'éducation dans la campagne présidentielle. La mesure est, politiquement, très marquée : alors que plusieurs candidats à la primaire de la droite, comme Bruno Le Maire, proposent une orientation précoce des jeunes dès le collège, la ministre de l'Education nationale, fervente admiratrice de son illustre prédécesseur communiste Jean-Zay (1904-1944), ressuscite un objectif inscrit... dans le plan pour l'éducation de la Libération, en 1944 !

Déjà la règle au Portugal et aux Pays-Bas

L'école est obligatoire de 6 à 16 ans depuis 1967. Dans les faits, 98 % des petits de 3 ans fréquentent déjà la petite section de maternelle, et à 17 ans 92 % cirent encore les bancs du lycée ou d'une formation en alternance. La perspective d'un allongement permettrait, selon la ministre, de lutter plus frontalement contre le décrochage scolaire, qui touche 110 000 jeunes par an. Une marche vers le progrès déjà engagée, cite la ministre, par « l'Allemagne, l'Italie, l'Angleterre ». Le cercle des pays où l'école s'étire jusqu'à 18 ans est plutôt restreint. En Europe, selon les statistiques de la Commission européenne pour l'année 2015-2016, seuls les Pays-Bas et le Portugal l'ont inscrit comme un principe général.

Quatre autres pays ( Belgique, Allemagne, Pologne et Grande-Bretagne) prévoient que les jeunes sortis sans diplôme à la fin de leurs 16 ans doivent suivre une formation jusqu'à 18 ans. Est-ce vers ce système que Najat Vallaud-Belkacem voudrait tendre ? « Nous sommes au stade du débat, la scolarisation entre 16 et 18 ans peut prendre des formes diverses, » répond-on dans son 'entourage, en admettant que le sujet « soulève beaucoup de questions », et pour l'instant peu de réponses.

 

Source : Leparisien.fr via Revue de presse de notre Contributeur anonyme

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