Le récent passage de Jean-Marc Ayrault dans l’émission « Des paroles et des actes » constitue une illustration parfaite du début de mandat de la « gauche socialiste ». En apparence, elle ne manque pas de bons sentiments et se distingue de ce point de vue de la droite « décomplexée » de Nicolas Sarkozy. La politique fiscale apparait plus juste en égalisant la taxation du capital avec celle du travail ou en imposant davantage les plus hauts revenus et les grandes entreprises pour mieux favoriser les bas revenus et les PME qui constituent les entreprises les plus créatrices d’emplois. La baisse des dépenses publiques, qui est conséquente (10 milliards), reste probablement inférieure à ce qu’aurait fait la droite.
Le problème est que cette politique se réalise dans un cadre qui est déjà dépassé comme l’atteste le cas de nos voisins d’Europe du Sud. Et nos dirigeants ne semblent pas en avoir conscience. Ainsi face à la question d’un François Lenglet, enfin inspiré, qui lui demanda pourquoi mener une telle politique de rigueur alors que les cas de la Grèce, de l’Espagne ou de l’Italie ont montré l’inefficacité de ces mesures qui ne font que renforcer les difficultés économiques, le Premier Ministre ne nous proposa rien de mieux que la comparaison classique du budget d’un Etat avec celui d’un ménage… Jean-Marc Ayrault était certainement sous pression et a voulu faire preuve d’une extrême pédagogie, mais tout de même le fait d’entendre de tels propos dans la bouche de notre chef de gouvernement donne des sueurs froides.
A ce sujet sa réponse à la perspective de voir la courbe du chômage s’inverser illustre parfaitement son état d’esprit. Il indique que son gouvernement fera le maximum ce qui sous-entend déjà qu’il n’y parviendra pas. La preuve est donc donnée qu’il n’y a pas de pilote dans la maison France et que le discours du PS consiste simplement à accuser la droite et à utiliser des mesures fiscales de gauche.
Le problème est que le gouvernement ne propose aucun changement structurel qui permettrait au pays d’inverser la tendance et cela crée une grande fragilité. Ainsi les médias ne se privent pas d’attaquer violement un gouvernement incapable de prendre des mesures « courageuses ». Ainsi les Pujadas, Lenglet ou Dessertine se posent en donneurs de leçon et invitent le gouvernement à exercer une déflation salariale qui permettrait de relancer la croissance grâce à une compétitivité qui permettrait de relancer nos exportations. Ils se trompent lourdement puisque la croissance mondiale s’étouffe à cause de cette compétition mondiale qui génère une paupérisation globale. Mais cela la « gauche » gouvernementale ne peut même pas l’exprimer.
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