jeudi 23 août 2012

Iran : que cahent les menaces de guerre d' Israël ?


Il n’est pas nécessaire d’être Sherlock Holmes pour découvrir que les États-Unis et leurs alliés, qu’ils soient ou non officiellement dans l’OTAN, ont ôté le masque et adopté l’arrogance des anciennes puissances coloniales, qui arment des groupes fondamentalistes et terroristes pour provoquer des guerres civiles qui justifient des interventions militaires déjà planifiées, comme ce fut le cas en Libye et se passe maintenant en Syrie.


C’est dans ce contexte qu’il faut analyser la menace d’une attaque imminente israélienne pour détruire les installations nucléaires iraniennes. L’écrivain argentin Juan Gelman finit par la phrase suivante l’une de ses analyses documentées pour Página/12 (« Obama, Irán », du 19 août 2012) : ce qui est certain c’est que l’absence d’une menace immédiate et la supériorité nucléaire d’Etat Unis et d’Israël empêchent de justifier une attaque de l’Iran. Le lieutenant général Ronald Burguess, directeur du service d’Intelligence du Pentagone, a fait une déclaration devant une commission du Sénat qu’il est improbable que ( l’Iran) commence ou provoque intentionnellement un conflit ou lance une attaque préventive’ (www.dia.mil 16-2-12). Alors la guerre pourquoi ? Ou s’agit-il encore de pétrole ?

Le capitalisme sans avenir retourne vers le passé.

Depuis un monde unipolaire qui a surgi avec l’implosion et le démembrement de l’Union Soviétique nous assistons à l’introduction mondiale du capitalisme néolibéral dominé par l’oligarchie qui représente les finances, le complexe militaro-industriel, l’oligopole médiatique, parmi d’autres secteurs.

Mais il y a cinq ans, avec la Grande Récession qui a commencé à la fin 2007, ce système est entré dans ce que l’on peut définir comme une crise structurelle et probablement insurmontable qui germait depuis bien avant, et qui dans le monde capitaliste développé se manifeste par une surproduction incontrôlable accompagnée par la destruction massive de postes de travail, et par conséquent de la capacité de consommation des masses.

Ce n’est pas une situation économique comme les précédentes, où le rétablissement, partiel ou total, était non seulement obtenu mais où le système capitaliste sortait renforcé, plus puissant et fort que jamais des crises.

En réalité les principales économies du monde capitaliste avancé continuent sans pouvoir sortir d’une situation de croissance faible qui tend à devenir stagnante comme c’est le cas des Etats-Unis, du Canada, du Japon et d’autres pays, ou sont retombées en récession de par les politiques d’austérité, comme c’est le cas de beaucoup de pays de l’Union Européenne (UE).

Aux Etats-Unis et dans l’Union Européenne les statistiques officielles [1] confirment que l’on est loin d’être revenu même à la situation précédent 2008 en matière de production, de postes de travail, de salaires et dépenses pour la consommation. Pour l’Union Européenne les statistiques d’Eurostat confirment que les économies de plusieurs pays sont en récession ou stagnes, et que celles qui progressent encore (comme l’Allemagne) le font de plus en plus lentement. En matière de chômage les chiffres des Etats-Unis et de l’Union Européenne sont très élevés, et franchement alarmants quand il s’agit des jeunes. Le taux de suicides s’est envolé à cause de l’augmentation du chômage, décrit la journaliste Ariana Eunjung Cha (In a down Europe, suicide rate explodes The Washington Post, 14 août 2012).

Et comme ce fut vérifié lors des crises précédentes du libéralisme, au 19eme siècle et au 20eme siècle, l’écroulement du système libéral vient accompagné par un retour aux formes les plus brutalement élémentaires du capitalisme pour s’approprier des marchés et des ressources naturelles, aux nationalismes menaçants, guerres et occupation de territoires. Pour résumé, une bagarre de pillage colonial auquel faisait allusion Hannah Arendt 

La menace du gouvernement israélien d’attaquer l’Iran.

C’est dans ce contexte qu’il faut situer la menace du gouvernement israélien selon laquelle il s’apprête à attaquer l’Iran, mais après être intervenu en Syrie.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense, Ehud Barak, ont fait savoir qu’ils veulent attaquer l’Iran avant les élections aux Etats-Unis au mois de novembre, selon le quotidien israélien Yedioth Ahronoth. Cette information n’a pas été démentie et, comme pour la confirmer dans les faits, les autorités israéliennes ont lancé les préparations des opérations de protection civile contre des éventuelles représailles iraniennes.

Dans un discours lors d’un déjeuner organisé par l’agence Bloomberg, vers le milieu d’août, l’Ambassadeur de Tel Aviv à Washington, Michael Oren, a dit que « Israël est disposé à bombarder les installations nucléaires iraniennes, même si cela retarde seulement de quelques années sa capacité de produire des armes nucléaires ». Mais, selon Oren, avant d’attaquer l’Iran, se pose la question des armes chimiques que possède la Syrie, un sujet qui est l’objet « de consultations très étroites » avec les Etats-Unis. Sur la, Syrie l’Ambassadeur Oren a ajouté que la situation dans ce pays « est hautement fluide, très inflammable », et qu’à cause de cela Israël devra s’occuper des armes chimiques en Syrie avant une confrontation avec l’Iran.

Pour le diplomate israélien, « la diplomatie n’a pas réussi » et « on est arrivé à un moment très critique, où des décisions importantes devront être prises » (voir Israel Would Strike l’Iran to Gain à Delay, Oren Says. Bloomberg News, 16 août 2012).

Simultanément trois ex-fonctionnaires qui ont dirigé les services d’intelligence d’Israël, comme le signale le quotidien Haaretz   ont fait publiquement allusion et « avec candeur » à la possibilité d’une attaque contre l’Iran avant les élections de novembre aux Etats-Unis.

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement israélien attaque, avec ou sans l’accord de Washington, des pays du Moyen-Orient pour détruire des installations nucléaires réelles ou supposées : avec l’accord de Washington en 1981 Israël a attaqué l’Irak pour détruire le réacteur nucléaire Osirak, de technologie française (la même que celle que la France a remis à Israël pour développer sa capacité nucléaire), et en 2007, sans consultation avec Washington selon plusieurs experts, a bombardé des installations en Syrie qui selon Tel Aviv faisait partie d’un plan pour développer des armes nucléaires, chose que la Syrie a toujours nié.

Pour le moment le gouvernement des Etats-Unis continue de maintenir, en public au moins, la position selon laquelle « la fenêtre (d’une opportunité) reste ouverte pour essayer d’élaborer une solution diplomatique » avec l’Iran, comme l’a déclaré il y a peu de jours le Secrétaire de la Défense León Panetta.

Certains des « analystes » les plus influents du cercle des services d’intelligence des Etats-Unis, qui sont ceux qui fabriquent « l’état de l’opinion publique » pour les monopoles médiatiques, comme George Friedman de STRATFORD  , expriment de sérieux doutes sur la rationalité et la réussite d’une attaque militaire israélienne pour détruire les installations nucléaires iraniennes.

Israël, exemple de l’avenir qui nous menace.

Selon Yakov Rabkin, historien et professeur de l’Université du Montreal  , les origines de la création de l’État d’Israël ne proviennent pas du judaïsme ni de la tradition juive, mais du colonialisme britannique du 19e siècle.

Dans des entretiens pour ALAI  que je citerai largement parce qu’ils sont d’une grande importance en ce moment, Rabkin précisait que « Israël a été le dernier à arriver dans la queue du colonialisme, et de plus ce colonialisme israélien s’est présenté comme faisant partie d’une lutte de libération nationale, profitant des 14 principes du président Woodrow Wilson, mais en même temps Israël sert d’avant-garde à la nouvelle étape, qui confronte les pays blancs, d’origine européenne, aux autres pays ».

C’est une vision que beaucoup d’intellectuels israéliens partagent, parmi ceux-ci Sami Michael 

Le fondamental, pour Rabkin, est qu’Israël a une grande influence sur les Etats-Unis et les anciennes puissances coloniales européennes parce que tout au long de son existence « a montré l’exemple de comment on peut manier la politique extérieure et militaire », et parce que « depuis les événements du 11 septembre 2001 Washington fait exactement ce qu’Israël faisait depuis déjà longtemps et sous une critique anodine » des Etats-Unis, comme la politique d’assassinats de ses adversaires.

L’historien souligne que « l’impunité avec laquelle les EU agissent après avoir attaqué des objectifs dans des pays souverains me semble le résultat de l’exemple israélien », et Israël est aussi un exemple quand il s’agit de recourir à la violence : « Depuis que les sionistes sont arrivés en Palestine ils ont créé les faits avec des méthodes violentes. Après la deuxième Guerre mondiale les pays occidentaux, pour plusieurs raisons et parmi celles-ci la décolonisation et la Guerre Froide, ont abandonné par moment cette pratique. Mais Israël ne l’a jamais abandonnée et d’une certaine manière il a préservé l’’impulsion’ occidentale d’occuper, détruire et s’imposer. »

Pour Rabkin ce qui a préservé une grande partie du monde du pillage coloniale depuis des fins de la deuxième Guerre mondiale a découlé de ce que « dans un contexte de Guerre Froide (les pays occidentaux) ils devaient faire semblant qu’ils jouaient le rôle de ‘décolonisation‘ et ses etcétéras pour ne pas ’perdre’ l’Afrique ou l’Amérique latine face aux soviétiques. Maintenant ils n’ont plus besoin de continuer de restreindre l’usage de la force et de la violence ».

Ce « virus » occidental de l’usage de la force, pour soumettre ou coloniser d’autres peuples, comme Rabkin le signale, fut préservé dans ce petit pays qu’ est Israël et « maintenant ce virus se propage. Il n’est pas d’origine israélienne ni d’origine juive, il est d’origine européenne et fut très bien préservé en Israël, qui agit comme hôte des valeurs occidentales qui sont si agréables au roi de l’Arabie Saoudite, qui les applique actuellement avec la répression au Bahreïn ».

Les gouvernements sionistes successifs en Israël ont imposé, par l’usage écrasant de la force contre les palestiniens et ceux qui ont essayés de les aider, comme le remarque Sami Michael, le principe selon lequel les oppressés, le peuple occupé, n’a aucun droit à s’opposer, à chercher à sa libération même – comment c’est arrivé à Gaza - quand (on) exige de lui de mener des élections libres. Et c’est ce principe qui guide maintenant, à une échelle planétaire, la politique de l’impérialisme des Etats-Unis et de ses alliés de l’OTAN.

Les conséquences d’une attaque de l’Iran.

Il est évident qu’une attaque israélienne en Iran aura des conséquences immédiatement multiples à une échelle globale.

Les conséquences seront si graves que l’écrivain et analyste israélien Uri Avnery pense que c’est pourquoi cette attaque même n’aura pas lieu : Une attaque israélienne sera vue par l’Iran comme incitée par les EU, et il réagira de la même façon, comme Téhéran l’a expliqué ces derniers jours. La plupart des approvisionnements mondiaux de pétrole doit passer par cette unique voie de navigation maritime (le Detroit de Ormuz). Même la seule menace de fermer cette voie aura comme conséquence que les prix du pétrole s’envolent. Et le résultat des (éventuelles) hostilités seront une faillite économique mondiale, avec des centaines de milliers, voire des millions de nouveaux chômeurs. 

Avnery arrive à cette conclusion parce qu’il croit que le Premier ministre Netanyahu et son ministre de la Défense Barak n’auront pas l’appui du cabinet et ni de l’Etat-major militaire pour lancer cette attaque, et qu’en réalité « toutes les actions de Netanyahu montrent que pour lui, conserver le West Bank est beaucoup plus important que la bombe iranienne. Quelle meilleure preuve avons-nous besoin de la folie de toutes ces frayeurs ? »

Paul Craig Roberts, économiste et ex-sous-secrétaire du Trésor des Etats-Unis  pense que, au contraire, « Netanyahu aspire à la guerre contre l’Iran » et charge contre qui s’y oppose, comme quand « il a qualifié les généraux les plus gradés d’Israël ‘de lâches‘ pour présenter des réserves sur une guerre avec l’Iran ». Qui est arrivé à censurer le Président Obama pour « être mou au sujet de l’Iran », et Craig Roberts ajoute que le Premier ministre israélien « n’est pas seul. Il a les néoconservateurs US avec lui. Ceux-là sont aussi déments que Netanyahu. Ils croient à la guerre nucléaire et désirent ardemment attaquer avec des bombes nucléaires un pays musulman et ensuite continuer à faire de même avec la Russie et la Chine. Il est étonnant que seulement deux ou trois douzaines de personnes ont le sort du monde entre leurs mains ». Et en connaisseur de l’importance des manœuvres sionistes à Washington, il ajoute que « le Parti Démocrate est impuissant devant ceux-ci » et « le Parti Républicain est leur véhicule ».

Il est aussi étonnant, en paraphrasant Craig Roberts, que les hommes politiques et les gouvernants du monde occidental ne se posent pas quelques questions basiques sur la politique de sanctions qu’ils appliquent contre l’Iran à l’ instigation d’Israël et des EU et sur les menaces récurrentes menaces d’une attaque sur l’Iran.

Questions sans réponses.

Par exemple : Quel sera l’impact sur l’économie mondiale de la « prime de risque » qui fera monter jusqu’à 120, 140 ou 160 dollars le baril de pétrole à un moment où le prix des aliments de base se sont envolés par les graves sécheresses en Amérique du Nord et en Afrique, et qu’il y a en gestation une catastrophe alimentaire mondiale ?

Qui se préoccupe dans les capitales occidentales d’évaluer un éventuel écroulement du système bancaire et financier qui l’on sait est en situation d’insolvabilité, dans l’Union Européenne et aux Etats-Unis face au prévisible coup de frein économique et commercial mondial que provoquera une attaque de l’Iran ?

Quelle sera la réaction de la Chine face à l’arrêt des approvisionnements de pétrole iranien ? Comment ignorer que Beijing peut interpréter cette attaque comme faisant partie des mesures à son encontre que sont en train de monter les EU, depuis le harcèlement commercial à l’encerclement par des bases et des flottilles militaires qui entourent déjà la Chine ?

On peut se demander aussi, comme le fait Craig Roberts, la réaction de la Russie, où les gouvernants ont des raisons concrètes pour penser qu’une attaque de l’Iran peut déchaîner une guerre nucléaire. Ou que l’attaque de l’Iran a pour but s’approprier son pétrole et son gaz naturel et pour établir un contrôle énergétique et militaire US, comme c’est déjà le cas dans plusieurs ex-Républiques soviétiques de l’Asie centrale, pour ainsi étrangler économique et commercialement la Russie.

Les pays émergents et en développement auront de bonnes raisons pour interpréter une agression militaire contre l’Iran, dans le contexte de l’intervention récente de l’OTAN en Libye et maintenant de manière cachée en Syrie, comme la mise en marche d’un pillage colonial destiné à s’approprier par la force toutes les ressources naturelles stratégiques, depuis le pétrole, les minerais basiques jusqu’aux terres fertiles et l’eau douce.

On peut se demander aussi quel sera l’impact dans le monde musulman, à moyen et à long terme, d’une attaque israélienne à l’Iran, ainsi que les conséquences de l’appui des pays occidentaux, de l’Arabie Saoudite et du Qatar aux fondamentalistes sunnites, en incluant al-Qaeda, en Libye et la Syrie, et de la répression de la population chiite du Bahreïn et d’Arabie Saoudite.

Cela renforcera-t-il la position de l’Arabie Saoudite et avec cela augmentera la lutte et les actes du terrorisme entre musulmans et d’autres confessions religieuses en Irak, en Syrie, au Liban, au Bahreïn et potentiellement dans d’autres pays où vivent ensemble des populations de différentes confessions religieuses, comme en Afrique ?

La chèvre impériale retourne vers la montagne.

Pour apprécier les ambitions impérialistes dans la conjoncture actuelle, il faut constater que dans le bref laps historique de l’après deuxième Guerre mondiale, qui couvre trois décennies et a été défini comme « l’époque du bien-être » ou « les trente glorieuses » pour les conquêtes socio-économiques dans les pays industriels et dans quelques pays en développement de l’Amérique Latine, ce fut pour les pays d’Asie, d’Afrique et d’Océanie « l’ère de la décolonisation ».

Cette situation historique, comme le souligne Rabkin, fut le produit d’une corrélation de forces au niveau international, soit à l’existence de l’Union soviétique qui avait vaincu le nazisme, occupé une partie de l’Allemagne et avancée son influence et son pouvoir en Europe de l’Est, à la révolution de la Chine, en somme à l’équilibre militaire qui a conduit à la Guerre Froide et a obligé les pays occidentaux « à faire comme s’ils jouaient le rôle d’une décolonisation‘ et ses etcétéras pour ne pas ’perdre’ l’Afrique ou l’Amérique Latine face aux soviétiques », et sur le plan domestique à la redistribution de la richesse grâce à des mesures fiscales et un soutien à la syndicalisation pour combattre et pour empêcher l’avance des idées et l’organisation des forces de gauche.

Depuis trois décennies en Occident, on se consacre à démolir « l’Etat de bien-être », et depuis un peu plus de deux décennies l’Union soviétique a été démembrée. En ce qui concerne « l’ère de la décolonisation » dans de nombreux cas, c’était une illusion substituée par le néo-colonialisme, et ce qui est pire, c’est que la culture, la pensée et la pratique impérialiste n’a jamais été abandonnée et a continué d’exister dans les pays impériaux.

Une preuve de cela fut l’attitude du gouvernement britannique, berceau du capitalisme, du libre-échange et de l’impérialisme universel qui ne connaissait pas le coucher du soleil, envers ce petit pays qui est l’Équateur, qui a eu l’hardiesse d’offrir l’asile diplomatique à Julian Assange, le fondateur de Wikileaks. Pas de demi-mesures. Non, la traditionnelle canonnière par la menace d’ignorer l’immunité de l’Ambassade équatorienne à Londres et de l’envahir pour capturer celui qui a fait connaître les secrets et le linge sale de l’empire.

Nous entrons par tout cela dans une époque que l’écrivain et essayiste indien Pankaj Mishra décrit comme la « destruction créatrice » du néo-impérialisme qui a ruiné des millions de vies dans des terres lointaines.

Dit autrement, le néo-impérialisme veut nous faire nous revenir à l’époque où l’objectif était occuper, détruire et s’imposer pour pouvoir piller les richesses des peuples soumis.

Alberto Rabillota. La Vèrdiere, la France.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi

El Correo. Paris, le 20 Août 2012.

Que nous dit la menace d'Israël d'attaquer l'Iran ? - El Correo

Aucun commentaire: