La fin de la 5eme République ?
La Ve République a porté en elle un semblable défi, celui de Don Juan-Mitterrand face à de Gaulle. Mais dans notre histoire, c’est Don Juan qui l’emporte finalement sur le Commandeur. Celui qui avait osé lancer : « Le gaullisme n’est qu’une aventure personnelle » a laissé derrière lui, soigneusement choisis, des germes de destruction qui continuent à parfaire son œuvre au-delà de sa vie. Et se plaçant dans la lignée de son prédécesseur, Jacques Chirac est devenu, consciemment ou non, l’exécuteur testamentaire de celui qui se flattait d’être le « dernier vrai président » de la Ve République.
Quelle force mystérieuse a donc conduit l’héritier présomptif de la tradition gaulliste à s’inscrire dans la continuité de François Mitterrand, achevant ainsi le démembrement des structures politiques dont le Général avait doté la France ?
Car elle est bien morte, la Vème République, après une longue agonie, et le temps est venu de dresser le constat de décès alors que la fête des fous continue de plus belle !
C’est une histoire qui aura duré à peine cinquante ans et dont nous avons déjà oublié les racines. Il se trouve qu’elle est celle de ma génération et que, d’un petit coin de la scène, j’en ai vu se dérouler le fil.
Marie-France GARAUD
Justice bidonnée
Des juristes ont argué que la mise en place de la Cinquième République s'est opérée selon une procédure non constitutionnelle et doit être considérée comme un coup d'État : en effet, la Quatrième République ne prévoyait pas la possibilité de modifier la constitution par référendum.
Le pouvoir judiciaire qui n’a aucune légitimité populaire et se permet à travers des interprétations très extensives et en se servant du droit européen de remettre en cause des normes édictées par les représentants du peuple.
Néanmoins, si le président a une grande légitimité, celle des parlementaires est biaisée puisqu’ils sont relégués à enregistrer les textes établis par des hauts fonctionnaires à la demande du gouvernement.
Sans compter l’influence des divers lobbies que la République ne reconnaît pas. Il faudrait remettre un peu de souveraineté populaire dans tout ça en introduisant des éléments de démocratie directe comme le référendum d’initiative populaire (l’actuel est une plaisanterie puisqu’il faut recueillir trois millions de signatures). Cela permettrait au peuple d’éviter que ses élites le trahissent constamment. Ainsi, en Suisse, dernièrement, les parlementaires avaient voté une hausse d’impôts qui a été tout simplement annulée par un référendum d’initiative populaire.
Le président de l’Union syndicale des magistrats déclarait au ministre de la justice lors du congrès de l’organisation, le 14 octobre 2011 qu’il ressentait « de la honte », en voyant « comment ont été gérées certaines affaires sensibles » car il n’y pas « pas actuellement en France de vrai pouvoir judiciaire ». Encore un rêve éveillé ! En effet, sauf de manière très éphémère, aucune constitution française n’a souhaité inscrire dans son corps l’expression « pouvoir judiciaire ». Tous les constituants ont préféré l’expression plus prudente « d’autorité judiciaire ».
Le corporatisme qui met le feu aux poudres
On peut penser que la différence est minime et que seul compte le degré d’indépendance par rapport aux deux autres pouvoirs : l’exécutif et le législatif. Mais à partir de quel degré d’indépendance y aurait-il pouvoir ? Un parquet qui ne serait plus nommé par l’exécutif ? Oui, mais alors par qui ? Quand la question est posée aux syndicats de magistrats, ils répondent gênés : « par le Conseil supérieur de la magistrature » mais ajoutent-ils : « à condition qu’il soit réformé ».
Poussés dans leur retranchement ils finissent le plus souvent par reconnaitre qu’une nomination provenant d’une autorité indépendante mais dans laquelle ils auraient un certain poids serait une bonne solution…. J’appelle cela du corporatisme et si la révolution de 1789 est arrivée, c’est un peu en réaction aux divers corporatismes qui avaient dévalués l’exercice du pouvoir monarchique de droit divin.
Il est gentil nostre Roy...
Mort lente...
C’est bien pour cela que la cinquième République est agonisante. Vouloir conserver son numéro relève de l’incantation. La généralisation annoncée de primaires en tout genre, la multiplication d’autorités administratives « indépendantes ».
La revendication d’indépendance de l’autorité judiciaire ne peut être satisfaite qu’en l’adossant à une élection pour lui donner une légitimité égale à l’exécutif et au législatif.
Le poids du multilatéral, (Europe et organisations mondiales) sont autant de facteurs étrangers à la cinquième république dont les racines puisent dans le passé.
Cela a fait sa force, cela fait aujourd’hui sa faiblesse.
Nous vivons une période dont l’instabilité est au moins aussi grande que celle de l’avant seconde guerre mondiale ; n’oublions pas ce passé, il a conduit au chaos car nous nous bercions alors d’illusions et de rêves…
Oui, François Hollande pourrait bien, à son corps défendant, être le DERNIER PRÉSIDENT de la 5eme République !
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