Lors des primaires socialiste en 2011, Martine Aubry, la chef du Parti socialiste, l' a décrit comme étant le partisan d'une "gauche molle" (couille molle en français dans l' article original du New York Times) , une autre façon désagréable pour dire qu'il n'a pas de cran.
Récemment, frustré par les sondages , Nicolas Sarkozy , luttant désespérément pour ètre réélu, fulminait: "Hollande est nul ! Il ne sert à rien, vous me comprennez ? "
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Pour 2012, Dominique Strauss-Kahn devait incarner le recours incontournable du parti socialiste, jusqu'à la fameuse affaire tragi-comique du Sofitel. C'est seulement après la chute ultra médiatisée de Dominique Strauss-Kahn , que François Hollande - qui à 57 ans n'a jamais été ministre et qui, de 1997 à 2008, a présidé un parti socialiste en reconstruction - a commencé à ressembler à un candidat fiable pour gagner en mai 2012.
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Contrastant avec un Sarkozy ultra citadin, lançant un "casse toi pôv con" a un opposant au salon de l' agriculture, François Hollande a peaufiné sa relation avec les agriculteurs. "C'est le premier qui m'ait écouté», a déclaré Simon Ouin, qui enseigne l'agriculture. "Les autres, ils s'enfuient"
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Hollande, porte en lui les coups de ses adversaires avec fierté, comme une marque de légitimité gagnée de haute lutte.
"Pour être élu, il est nécessaire d'avoir été attaqué, il est indispensable d'avoir souffert" affirme t il.
"Les cicatrices, les coups, le fait que rien ne vous fait dévier de votre but : l'électorat apprécie ça."
La promotion Voltaire
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Aujourd'hui, la génération Voltaire s'épanouit dans la quarantaine. Ses stars sont ou furent ministres, députés, hommes ou femmes politiques, très hauts fonctionnaires ou golden boys. On les retrouve au gouvernement (Ségolène Royal), au cabinet du Premier ministre (Jean-Pierre Jouyet, Jean-Maurice Ripert, Pierre Duquesne, Brigitte Joseph-Jeanneney, Patrick Delage), à la tête du Parti socialiste (François Hollande, premier secrétaire, Frédérique Bredin et Michel Sapin, secrétaires nationaux), sur les bancs de l'Assemblée nationale (Renaud Donnedieu de Vabres, Bredin, Hollande), à des postes clefs dans la communication (Nicolas Duhamel chez Havas, Bernard Cottin à Canal +), patrons d'une grande entreprise (Henri de Castries chez Axa), sans compter les postes importants dans l'administration (Jean Gaeremynck, directeur de la population et des migrations au ministère de l'Emploi et de la Solidarité, Pierre-René Lemas, directeur de l'habitat et de la construction à l'Equipement) ou encore à Bruxelles.
Tuer le père
François Hollande s'est construit politiquement sur le rejet de l'extrême-droite incarné par son père Georges Hollande, directeur d'une clinique ORL, candidat malheureux en 1959 et en 1965 aux élections municipales de Rouen, sur une liste d’extrême droite, a soutenu l’avocat Jean-Louis Tixier-Vignancour, ancien camelot du roi, croix-de-feu.
Malgrès cela, François Hollande ne s'est jamais considéré comme un rebelle. Il a rompu avec les valeurs paternelles en douceur.
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"Nixon était poursuivi en justice, le dollar était dévalué, le retrait du Vietnam était à la une ; mais j'ai pu à cette occasion constater la force du potentiel américain." s'est-il souvenu, nostalgique.
Mc Do ou l' Elysée ?
Il a écrit un rapport sur le futur de la restauration rapide en France. "J'aurais pu faire une fortune dans les cheeseburgers, mais j'ai finalement préféré une carrière politique,".
Sa petite amie, Valérie Trierweiler, journaliste sur Direct 8 du groupe Bolloré, ajoute, en soupirant, "Depuis cette époque, il a gardé un certain goût pour les hamburgers."
La gauche représente aujourd'hui pas plus de 45 % du vote en France. Hollande a besoin des voix du centre et même de l'extrême gauche pour gagner. Un temps inquiété dans les sondages, François Hollande semble à l' heure actuelle assuré de figurer au second tour au soir du 21 avril.
Pour le second tour décisif du 6 mai, où Hollande et Sarkozy débatront en tête à tête, Hollande est crédité depuis fin 2011 d'une avance confortable d' au moins 4 points, mais cette marge, pourrait, dès le 21 avril commencer à fondre.
La peur comme adversaire
La stratégie de Sarkozy ressemble à celle de George W. Bush en 2004. Il essaie d'éviter que le scutin devienne un référendum pour ou contre sa personne.
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François Hollande est présenté par les communiquants de l' UMP comme étant dénué d' autorité et d' expérience. Argument ultime : il n'est même pas respecté par son propre camp qui a inventé la quasi totalité des sobriquets qui lui collent à la peau depuis deux ans.
Sarkozy essaye d'amener le débat loin des questions économiques, qui sont généralement favorables au candidat Hollande. C'est donc le grand retour de la criminalité, du terrorisme islamiste, sujets brûlants qui ressoudent la droite et créent de l'anxiété au sein de la classe moyenne (en particulier après la tuerie de Toulouse).
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Saura t il les rassurer ?
Un ami intime et conseiller de Sarkozy croit toujours que son candidat va perdre. Mais il note que Hollande, comme Mitt Romney, inspire peu de passion. Les deux tiers des électeurs disent qu'ils vont voter Hollande par rejet de Nicolas Sarkozy. François Hollande, qui a mené une campagne très timide, suscite encore le doute, les Français se demandent encore s'il est assez solide pour la fonction, s'il est présidentiable.
Cela n'inquiète pas Hollande. Il décrit souvent la métamorphose de François Mitterrand dans l' opinion dès 1981.
"Les gens disait, 'Oh, la, la, François Mitterrand, n'a aucun charisme, il n'a pas la stature d'un président!
Mais dès son élection, il a été transformé."
"En un instant, dès que vous êtes investi, vous incarnez la France aux yeux du peuple, ce qui change tout."
Steven Erlanger est le chef du bureau parisien du NY Times.
Rédacteur en chef: Greg Veis
1 commentaire:
ce n'est pas en trempant un âne dans l'eau bénite qu'on en fait un étalon !
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