Ils constituent un petit cercle qui concentre l'essentiel du pouvoir. L’Etat existe pour les servir. Ils frisent l'incompétence quand ils sont en charge des affaires, mais sont très ingénieux pour se servir dans le cadre de leurs fonctions. Ils jouissent de privilèges anti-républicains, et se vautrent dans le bling bling.
Sophie Coignard et Romain Gubert, journalistes au Point, dénoncent dans leur dernier ouvrage une « oligarchie », composée de patrons, hauts fonctionnaires, élus ou experts, qui cumulent fonctions et privilèges, se servent de l’Etat à leur profit et à celui de leurs amis et « gouvernent avec un mélange d’incompétence et de lâcheté. »
Sophie Coignard répond aux questions de France Info, 5 janvier 2012 - Extraits
« Il y a un peu plus de 20 ans, j’avais écrit un livre qui s’appelait la Nomenklatura française, en référence au monde soviétique. Les nomenklaturistes en Union Soviétique sont devenus des oligarques, en France, les nomenklaturistes français sont aussi devenu des oligarques.
Ce qui est nouveau, c’est la situation de la France. On a aujourd’hui un solde déficitaire du commerce extérieur comme on n’en a jamais eu. On a le problème de la dette, on a le chômage, ... Et on a une classe politique qui est de plus en plus loin de ces choses là.
Quand des patrons du CAC 40 voient leurs profits divisés par 5 - c’est le cas chez AXA - et que les rémunérations du PDG continuent d’augmenter, c’est ce qui s’appelle de l’impunité. La majorité des gens ne sont pas soumis à ces règles là. Ils sont soumis à des règles beaucoup plus dures.
Non, ce n’était pas tout à fait pareil avant. Autrefois, il y avait moins d’impunité. Je pense qu’il y avait moins de - comment dire ... ? - de voyous qui intervenaient dans les affaires de la République, comme on le raconte dans notre livre.
Ce n’est pas le fait de gagner de l’argent, qui pose problème. C’est cette espèce de déconnexion entre, d’une part la compétence, les résultats, et d’autre part la rémunération.
Les incapables, pour moi et pour Romain Gubert, ce sont les gens qui gagnent beaucoup d’argent en faisant mal leur travail.
Aujourd’hui on a mille exemples. Prenons celui du patron de Dexia - que l’Etat a du recapitaliser à hauteur de 87 milliards. Et bien ce monsieur pense devenir directeur général de la Caisse des Dépôts. Après avoir fait perdre tant d’argent à l’Etat, est-ce que c’est vraiment une bonne idée que de continuer à se promouvoir ?
Il y a tellement d’exemples...
L’ancien patron de l’AFSSAPS, celui qui a pendant des années ignoré le problème du Mediator, ... qu’est-il devenu ? Secrétaire Général de l’Education Nationale... »
L’oligarchie des incapables : Soir 3
Jusqu’à il y a 20, 25 ans les hauts fonctionnaires s’occupaient de l’intérêt général. Aujourd’hui ils sont happés par le monde de l’argent.
Non, ce n’est pas du tout : tous pourris !
En France on a une élite qui a été créée après la deuxième guerre mondiale, dans l’esprit de la Résistance, qui pendant deux générations a bien fonctionné pour l’intérêt général.
Mais aujourd’hui, elle passe trop de temps à s’occuper d’elle et n’a plus le temps de s’occuper des français...
Ils monopolisent les postes les plus importants, cumulent les privilèges et font de l’argent leur principale passion.
Ils se servent de l’Etat pour aider leurs amis, fabriquent des lois sur mesure pour leur bon plaisir et laissent le pays aux mains de bandes rivales.
Patrons, hauts fonctionnaires, élus ou experts, ces oligarques nous gouvernent avec un mélange d’incompétence et de lâcheté.
Après L’Omerta française, Sophie Coignard et Romain Gubert, journalistes au Point, révèlent vingt ans de compromissions et d’affaires cachées, qui ont permis à une caste de maintenir son règne malgré ses échecs répétés. En toute impunité.
Grand reporter au Point, Sophie Coignard a publié de nombreux ouvrages dont, Un état dans l’Etat et Le Pacte immoral). Romain Gubert est chef du service Economie du Point.