jeudi 10 septembre 2020

Airbnb fait moins d’émules, une mauvaise nouvelle pour l’économie collaborative

Par Eline Chivot. Depuis quelques temps, les propriétaires se détournent de la plateforme Airbnb, et semblent lui préférer les sites Internet de location longue durée. C’est l’une des conséquences de la baisse du nombre de touristes pendant la crise du Covid-19. Une autre raison de cette tendance tient cependant aux restrictions imposées sur le marché de la location courte durée par plusieurs villes européennes, dont Paris, Barcelone, Amsterdam, Madrid, ou encore Berlin, sous prétexte de vouloir remédier aux distorsions présumées que les plateformes telles que Airbnb occasionneraient dans le secteur de l’immobilier. Ces villes réduisent notamment le nombre de jours de location autorisés, et poursuivent en justice les propriétaires louant leurs immeubles. Un système reconnu pour être à l’origine pratique, convivial et simple, est dorénavant bien moins attractif pour les propriétaires et les locataires. Ces mesures sont prises au détriment des acheteurs et vendeurs de l’économie collaborative, et démontrent la réticence des gouvernements locaux et nationaux vis-à-vis de l’innovation de manière générale. Un frein au redémarrage de l’économie Les difficultés accrues que rencontrent les propriétaires et les consommateurs en utilisant les plateformes de l’économie collaborative, et qui les poussent à reconsidérer cet usage, risquent fort de ne pas favoriser le redémarrage de l’économie et de l’industrie du tourisme. La maire de Paris Anne Hidalgo, dont le programme vise pourtant à mener une politique d’innovation, a récemment martelé sa «�détermination absolue Â» à renforcer les régulations concernant les plateformes de location à courte durée et son objectif de potentiellement bannir Airbnb, en guise de plan de redressement économique. Ces attitudes presque impayables sont un cas d’école démontrant la persistance des décideurs politiques à faire des pieds de nez à l’innovation, et leur fâcheuse habitude de se tromper de bataille—avec un certain degré d’hypocrisie : tandis que ces villes s’acharnent sur le modèle économique de Airbnb, la France a récemment fait le choix peu judicieux de dépenser une partie des milliards d’un plan d’investissement dans la création d’un concurrent. Certaines communautés ont fait part de leurs inquiétudes concernant l’impact des locations de courte durée sur les coûts de l’immobilier local, la qualité de vie, l’industrie hospitalière, et la collecte des taxes municipales. Pourtant, selon les conclusions d’une étude de l’Institut d’Économie Politique (EPI) datant de 2019, une plus grande variété de logements régulièrement remis à disposition et à prix abordables permet l’augmentation du flux de visiteurs vers les villes, stimulant l’activité économique locale. Les plateformes de type Airbnb s’acquittent chaque année de millions d’euros en taxes de séjour auprès des villes françaises (surtout Paris) et attirent des millions de touristes dont les dépenses bénéficient aux restaurants, commerces et activités de loisirs locales. Le bouc émissaire Airbnb Par ailleurs, les gouvernements locaux et nationaux se plaisent à accuser Airbnb et autres plateformes de l’économie de partage d’être à l’origine des augmentations du coût de l’immobilier et de la pénurie de logements locatifs en zone urbaine, mais il s’agit là d’une excuse bien commode servant à minimiser leur échec à tenir les objectifs de leurs plans de zonage et autres politiques publiques de construction résidentielle, et à se dédouaner de l’effet de mesures peu incitatives pour les propriétaires, comme par exemple la suppression de certains frais de services du locataire à Londres et la baisse des allègements hypothécaires au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. En outre, les politiques interventionnistes visant à décourager le recours à Airbnb et ses concurrentes comme Homeaway ou FlipKey de TripAdvisor limitent les avantages individuels acquis grâce à l’économie collaborative. D’une part, les hôtes utilisent ces plateformes afin d’accroître leur pouvoir d’achat en générant des revenus complémentaires à travers la location de leurs logements—revenus pouvant atteindre entre 1500 and 4500 euros pour un mois complet—et de diversifier les sources de revenus liés à la propriété. L’émergence des services en ligne a en effet réduit les coûts de transaction liés à la publication d’annonces et à la sélection des locataires. D’autre part, les mesures en question réduisent inévitablement l’accès d’usagers à un système mettant à leur disposition des propriétés à un prix raisonnable pour une durée que beaucoup d’entre eux trouvent adaptée et idéale à un mode de vie qu’ils veulent flexible. À défaut, ils devront sans doute se tourner vers des sites de locations ou des agences imposant des contrats et des règles de location plus stricts, avec des durées de préavis plus longues. Encadrer l’utilisation des plateformes de locations à court terme à coups de mesures dissuasives et punitives endommage la compétitivité de l’économie locale et nationale à travers des effets négatifs sur la reprise de l’économie, et la limitation du choix et du bien-être des consommateurs. Les gouvernements locaux et nationaux se proclamant engagés dans la révolution numérique doivent débarrasser leurs citoyens de ce type de politiques et appuyer leur rhétorique pro-innovation à l’aide d’actions significatives qui n’empêcheront personne de participer à l’économie de partage et d’en recueillir ses bénéfices. 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