mercredi 5 août 2020

Covid-19 : les États-Unis face à la plus profonde récession de leur histoire

Par Philippe Lacoude. Gravement touchée par les confinements promulgués par les différents gouverneurs américains prétendant faire face à l’épidémie de coronavirus, l’économie américaine a reculé à un rythme annualisé record de -32,9 % au deuxième trimestre suite à la chute de 5,0 % au premier trimestre. Une crise sans précédent Le ministère américain du Commerce publiant toujours ses chiffres en rythme annualisé corrigé des variations saisonnières (CVS), ce chiffre se traduit en fait par une baisse réelle de -9,5 % en CVS par rapport au trimestre précédent. Cette évolution catastrophique du produit intérieur brut (PIB), qui a momentanément ramené l’économie à son niveau de production du quatrième trimestre 2014, souligne à quel point les États-Unis se trouvent dans l’ornière. Ceci dit, en Espagne, le PIB a chuté de -18,5 % au second semestre, revenant ainsi aux niveaux de 2002. Avec une baisse historique du PIB de -13,8 % au deuxième trimestre, la France retourne aussi à la fin 2002, effaçant ainsi presque 20 ans de progrès économique. En Italie, la chute du PIB de -12,4 % ramène l’économie à sa production trimestrielle de 1995 dans un contexte de dette publique extravagante. Ainsi, même si les États-Unis font face à la plus profonde récession de l’histoire américaine, le pays ne revient pas aussi loin en arrière grâce à la forte croissance économique en temps normaux. Des secteurs sinistrés Sans surprise, la production industrielle est en chute libre. Les entreprises ont mis fin à de nombreux investissements ou ont gelé leurs dépenses d’infrastructures telles que les plates-formes pétrolières (-35 %) ou l’équipement industriel (-37,7 %), des baisses record. La construction immobilière (-38,7 %), le transport aérien, l’hôtellerie sont sinistrés. Les ventes de carburant et d’automobiles se sont un peu remises mais restent en berne alors que les Américains roulent peu. Les inventaires ont baissé d’un niveau record, soit -234 milliards de dollars. Des pertes d’emploi Les pertes d’emplois du mois d’avril, soit -20,8 millions, n’ont pas été effacées par les gains de mai, soit +2,7 millions, ou de juin, soit +4,8 millions. En conséquence, le trimestre est globalement négatif. Sur ce front, l’espoir était que le nombre des allocataires diminue régulièrement à mesure que l’économie reprenait, mais il a augmenté de 867 000 au cours de la semaine dernière, pour la première fois depuis la fin mai, indiquant que la reprise de juillet est molle, à supposer qu’elle soit réelle. Des ménages extrêmement prudents Comme en France où les livrets ont connu une forte collecte de fonds, les ménages américains épargnent massivement. Les chiffres sont impressionnants. Le revenu personnel disponible a augmenté de 1530 milliards de dollars, soit +42,1 %, au deuxième trimestre après une hausse de 158 milliards de dollars, soit +3,9 % au premier trimestre. Les dépenses personnelles ont diminué de 1570 milliards de dollars au deuxième trimestre après une baisse de 233 milliards de dollars au premier trimestre, contribuant pour 25,93 % à la baisse du PIB. L’épargne personnelle était de 4690 milliards de dollars à la fin du deuxième trimestre contre 1590 milliards de dollars au premier trimestre. Le taux d’épargne personnelle – l’épargne en pourcentage du revenu personnel disponible – était de 25,7 % au deuxième trimestre, comparativement à 9,5 % au premier trimestre. Reprise des marchés financiers�? Les marchés financiers font une lévitation que n’importe quel économiste trouverait bizarre : depuis le premier janvier, le NASDAQ, sur-pondérant les actions des entreprises technologiques, est en hausse et le S&P 500 est à peu près inchangé. Bien sûr, cette réaction anticyclique est due au fait que le gouvernement américain a injecté des fonds dans à peu près tous les secteurs. Pour la première fois au cours d’une récession, les revenus des ménages sont même en hausse ! Mais ceci peut-il durer ? Le fait est que l’État fédéral américain est dans une situation financière extrêmement précaire. La seule raison pour laquelle ces injections massives de liquidités ont pu être réalisées tient au fait que la masse monétaire a explosé en 2020 de plus de 3559 milliards (par rapport au niveau d’un an auparavant). La courbe est saisissante. On dirait le Zimbabwe ! Pour le moment, il n’y a pas d’inflation car la hausse de la masse monétaire est concomitante à l’effondrement de la vitesse de circulation de la monnaie due à la hausse vertigineuse de l’épargne des ménages : en clair, la nouvelle monnaie ne circule pas ! Rebond ? Après un pareil trimestre économique, les 50 États américains ne peuvent pas se permettre de reconfiner. Responsabilité prophylactique, détection massive, traçage des cas, isolement des malades, retour à la normale pour les séropositifs… Les futures mesures contre l’épidémie de Covid-19 seront d’ordre individuel et les comportements d’adolescents capricieux vont devoir cesser. Selon Market Watch, une filiale du Wall Street Journal, l’économie devrait rebondir de plus de 18 % en rythme annualisé au troisième trimestre. La flambée des cas de coronavirus dans de nombreux États américains va freiner la reprise. Les niveaux d’activités de la fin 2019 ne seront pas reconquis avant quelques trimestres. Comment les électeurs américains réagiront-ils à tout ceci en novembre prochain lors de l’élection présidentielle ? Ces articles pourraient vous intéresser: Covid-19 : Donald Trump va-t-il être balayé par la crise sanitaire ? États-Unis : la réouverture pour endiguer l’explosion du chômage États-Unis : vers une hausse du taux de chômage de 3,5 à 30 % ? 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