dimanche 14 mai 2017

Raphaël Enthoven, ou l’éditocratie à coups de marteau, par Acrimed

Raphaël Enthoven, ou l'éditocratie à coups de marteau, par Acrimed

Source : ACRIMED, Olivier Poche,

Raphaël Enthoven est un professeur de philosophie médiatique. Titulaire d'une chronique dans la matinale d'Europe 1 intitulée « La morale de l'info », il y «  décrypte une info sous un angle philo. Il fait le lien entre un événement de l'actualité et un auteur, un livre ou une pensée [1] ». En réalité, il se contente le plus souvent de nous confier sa « pensée », c'est-à-dire son opinion, au besoin relevée de quelque référence culturelle et d'un ou deux mots savants, sur la polémique du jour. Nous essaierons de revenir prochainement sur la figure de cette créature médiatique, mi-enseignant mi-chroniqueur, ayant longtemps animé une émission de vulgarisation philosophique sur France Culture, devenu le prototype du fast-thinker, tirant prestige d'une stature (ou d'une posture) de « philosophe » pour distribuer bons et mauvais points avec une outrance digne des plus décomplexés des éditocrates.

En attendant, nous nous devions de saluer sa dernière et originale sortie, contre… les « mélenchonistes abstentionnistes ». Ceux qui auraient attendu du philosophe une démonstration subtile et contre-intuitive reposant sur des raisonnements audacieux en seront pour leurs frais : défendant un point de vue rigoureusement conforme au sens commun éditocratique, martelé partout et à toute heure depuis le lendemain du premier tour, Enthoven y délaisse les concepts philosophiques pour l'expression triviale de ses humeurs et de ses détestations.

Le 7 décembre 2015, dans une chronique d'anthologie, Raphaël Enthoven avait déjà illustré la façon dont la philosophie peut nous aider à comprendre un phénomène social et à en analyser la complexité et les ressorts cachés. Le sujet du jour : l'abstention, ou plutôt les abstentionnistes. Enthoven commence par déplorer la coupable bienveillance dont on fait généralement preuve à leur égard. Grave erreur, nous dit le philosophe, car ce sont en réalité des «  fainéants et des ingrats », « des gagne-petit  » et « des malhonnêtes », qui « brandissent la nullité des politiques opportunément pour justifier leur flemme », des « irresponsables », des « enfants gâtés » et des «  snobs » qui ont « une tellement haute opinion de [leur] propre opinion » qu'ils auraient « l'impression de la souiller en la mêlant à la tourbe des autres ». En clair, « leur comportement ne renseigne pas sur la nullité des élus, mais sur celle des électeurs ». Conclusion : « Abstention, piège à cons ».

Une telle hauteur de vue donne le vertige. Et l'on ne sera guère surpris de le voir remettre le couvert en ce 26 avril 2017. Lui-même se charge d'ailleurs de rappeler ses précédentes « analyses » – que cette élection présidentielle va lui permettre d'affiner encore :

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