dimanche 1 janvier 2017

Poutine tourne en dérision les sanctions d'Obama

Poutine tourne en dérision les sanctions d'Obama

VIDÉO - Le président russe a refusé d'appliquer la réciprocité habituelle et d'expulser à son tour des diplomates américains. Il a au contraire invité leurs enfants au Noël du Kremlin.

Correspondant à Moscou

Amateur de réponses «asymétriques», Vladimir Poutine a rejeté vendredi la proposition de son ministre des Affaires étrangères d'appliquer la réciprocité habituelle en matière d'expulsion de diplomates. Mêlant sérieux et dérision, le président russe a qualifié sur le site du Kremlin l'expulsion de 35 diplomates russes de «nouveau geste inamical de l'Administration américaine sortante» et une «provocation pour déstabiliser plus encore les relations russo-américaines».

Plus loin, il ajoute, méprisant, refuser de «descendre au niveau des cuisines», et préfère «orienter (sa) politique sur celle de la future Administration de Donald Trump». D'éventuelles mesures de rétorsion sont remises à plus tard. Vladimir Poutine préfère rester dans le salon du Kremlin, où, magnanime, il invite «tous les enfants des diplomates américains accrédités en Russie autour du sapin de Noël».

Ne voulant pas passer pour l'ogre moscovite, Vladimir Poutine laisse le soin à ses lieutenants de répondre «au niveau des cuisines». Dès jeudi soir, le compte officiel de l'ambassade de Russie à Londres employait un ton fort peu diplomatique dans un tweet représentant graphiquement Obama en «canard boîteux» : «Tout le monde, le peuple américain compris, est ravi de voir en cela le dernier acte de cette Administration incapable.»

«Agonie antirusse»

Habituellement l'un des plus modérés de son administration, le premier ministre Dmitri Medvedev a qualifié les nouvelles sanctions d'«agonie antirusse» sur son compte Twitter. «Il est triste de constater que l'Administration Obama, qui a démarré son existence par la restauration de la coopération, l'achève dans une agonie antirusse. RIP (repose en paix).»

Sur un ton franchement venimeux, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, accuse les officiels américains d'avoir répandu un canular selon lequel Moscou souhaitait fermer l'école anglo-américaine de Moscou par mesure de rétorsion. «C'est un mensonge, écrit-elle sur sa page Facebook. La Maison-Blanche a perdu la tête et s'est mise à imaginer des sanctions contre ses propres enfants.»

Ces derniers semblent jouer un rôle central dans les relations russo-américaines, depuis que Moscou a interdit en 2012 aux parents américains d'adopter des orphelins russes. Ce fut le point de départ d'une virulente campagne antiaméricaine dans les médias officiels russes.

«Une manœuvre adroite, noble et puissante»

L'élection de Donald Trump a changé la donne. Les critiques pleuvent sur Barack Obama et son équipe, mais tout est fait pour accueillir en douceur son successeur. Le porte-parole du Kremlin dénonce à l'agence Tass une intrigue domestique américaine dans laquelle Barack Obama «force la future Administration et le président élu à adopter un modèle de comportement» et le «prive de toute capacité de décision».

Or, les choses ne vont pas en rester là, prédit le politologue Gleb Pavlovsky : «D'ici à février, Obama va encore dévisser des lampes à la Maison-Blanche et balancer un rat crevé sous la baignoire de Trump.» Ces scandales ne seraient pas pour déplaire au Kremlin, si l'on en croit un autre politologue, Mikhaïl Vinogradov : «2016 a été une année très réussie pour la diplomatie russe. Le principal objectif a été atteint : s'incruster dans l'ordre du jour des Américains.»

«Poutine confirme qu'il est un homme politique capable, peut-être le plus capable du monde», s'enflamme, dithyrambique, Sergueï Markov. Pour cet expert des relations internationales qui épouse fidèlement la ligne officielle, la décision présidentielle de ne pas expulser les diplomates américains et de ne pas leur ôter leur datcha et à la place d'inviter leurs enfants au Kremlin «va faire la une des médias internationaux. Quel soufflet pour Obama ! C'est une manœuvre à la fois adroite, noble et puissante. Un miracle de Noël ! Personne n'avait encore à ce point humilié Obama. Répondre au mal par la bonté, voilà bien l'esprit chrétien, l'esprit de Noël». Les diplomates américains peuvent être certains que leurs enfants auront droit à la plus grande attention des chaînes de télévision russes s'ils acceptent l'invitation de Vladimir Poutine.

VIDÉO - De son côté, le président élu des Etats-Unis Donald Trump a loué vendredi l'«intelligence» du président russe Vladimir Poutine

 

Source : LeFigaro.fr

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