Quelle surprise pour la présidentielle de 2017 ?
Aujourd'hui, la messe semble dite : avec une majorité façon puzzle discrédité, François Fillon et Marine Le Pen semblent déjà qualifiés pour le second tour, et le premier en route pour l'Elysée. Mais il y a eu trop de surprises ces derniers temps pour ne pas penser que cette élection nous en réservera aussi son lot. Quelles pourraient être les surprises du scrutin de dans quatre mois ?
Fillon, Macron, Le Pen : nouvel avis de bulles sondagières ?
Les sondages ont déjà leurs favoris : outre Fillon et Le Pen, on peut ajouter Macron, placé au-dessus des candidats potentiels de la majorité sortante, malgré son refus de participer aux élections primaires de janvier. Mais les trois favoris des sondages ont de vraies faiblesses. François Fillon, s'il a réussi à écraser l'élection primaire des Républicains, avec un positionnement clair de droite libérale et conservatrice, n'a pas la partie gagnée. Son piteux (mais heureux) recul sur les questions de santé pourrait bien laisser une trace, donnant plus l'image d'un Hollande de droite qu'un enfant de Thatcher. Et puis, reste posée la question globale de ce programme, tout aussi daté, à contre-temps que néfaste.
J'ai tendance à écarter par principe Macron, qui représente pour moi le cas classique de bulle sondagière, à la conjonction du centre politique théorique et des idées des élites, lui assurant une couverture médiatique sans rapport avec sa réflexion bien limitée. Difficile de ne pas croire que le soufflé retombera rapidement au printemps, entre manque de substance et délicate justification de son absence aux primaires. Pourquoi soutenir un ancien ministre qui aura refusé de se soumettre à l'élection démocratique auquel ses anciens collègues et son ancien Premier ministre se seront soumis ? Tout semble bien réuni pour que le têtard de Hollande retourne dans le marigot dans quelques semaines.
Et si Marine Le Pen était le maillon faible de cette élection ? Bien sûr, les bons résultats électoraux du FN aux élections intermédiaires lui font aborder l'élection présidentielle avec confiance. Mais le second tour des régionales a bien confirmé qu'elle n'a guère de chance au second tour en 2017, comme l'a bien décrypté le blog Le vent se lèvedans un papier sur son potentiel électoral. Et ce n'est pas le choix de faire campagne sur « La France apaisée » qui va arranger les choses, tant cette triangulation est grossière et révèle une prime à la communication auto-centrée. Plus le temps passe, plus il devient clair que le FN ressemble aux partis qu'il dénonce, outre toutes les limites pré-existantes.
Jean-Luc Mélenchon, dont les sondages automnaux sont plutôt bien orientés, pourrait-il être la surprise de cette élection ? Le précédent de 2012 amène à tempérer ce jugement, tant le FN est solidement installé comme le premier choix des classes populaires. Bien sûr, le PS semble mal parti, miné par des divisions qui devraient le disqualifier. Mais si Manuel Valls est le gagnant des primaires, malgré ses innombrables limites, ne pourrait-il pas bénéficier d'un large espace politique entre Mélenchon et Fillon, d'autant plus que Bayrou a fait son temps et si le soufflé Macron retombe, tant par manque de signatures ou par difficulté à justifier son absence de la primaire, le plaçant dans un vide politique.
L'impression qui domine, c'est que le champ des possibles est beaucoup plus ouvert que la répétition des sondages ne l'indique aujourd'hui. Il y a trop de faiblesses structurelles dans tous les camps pour qu'il n'y ait pas de surprise, à moins que la surprise soit justement le fait qu'il n'y en ait pas et que, tristement, François Fillon gagne le second tour largement face à Marine Le Pen.
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