vendredi 30 décembre 2016

L’ex-ambassadeur UK en Syrie donne une leçon de diplomatie : “Les dirigeants ont perdu pied avec la réalité sur la Syrie !”

L'ex-ambassadeur UK en Syrie donne une leçon de diplomatie : "Les dirigeants ont perdu pied avec la réalité sur la Syrie !"

Incroyable leçon de Diplomatie par l’ancien ambassadeur britannique en Syrie de 2003 à 2007, dont je partage la vision.

Et dont je pense qu’il doit comprendre les choses un peu mieux que moi, hmmm… Lui qui déclarait en avril 2015 “Les chances des démocrates ou modérés en Syrie sont comme les chances de voir tomber des flocons de neige en enfer – aucune. Les seules forces puissantes opposées au gouvernement syrien sont les islamistes extrémistes, Daech et les autres groupes aux mêmes idées. Tant que les gouvernements occidentaux et certains alliés régionaux tenteront d’entraver le gouvernement syrien, je crains que ce conflit ne se poursuive.

À rapprocher aussi de la mésaventure de notre propre ambassadeur en Syrie – où quand les technocrates parisiens n’écoutent plus les ambassadeurs compétents sur place…

Bref, une bonne référence à opposer aux doux rêveurs…

Dont j’attends toujours la réponse à une importante question : on est censé faire quoi si al-Qaïda occupe la ville Saint-Denis avec des milliers de djihadistes et envoie depuis là des bombes sur Paris ? On reprend la ville comment ? Avec des fleurs ? Parce que la dernière fois, ils étaient 3 avec un revolver, et la police a presque détruit un immeuble…

Le but de la politique est évidemment de ne jamais en arriver là, sinon des centaines de civils vont mourir, inévitablement. Et le lot de pleureuses qui laissent les gouvernements faire leurs sales affaires sans rien dire se réveilleront…

“Le diplomate face à la journaliste du XXIe siècle”, un moment à garder dans les annales… :

(cliquez sur le 1er rectangle plein en bas à droite pour avoir les sous-titres)

Lien de secours.

Transcription :

Journaliste : Durant les dernières heures, l'évacuation d'Alep a repris sous de fortes neiges. L'ONU confirme que les bus ont recommencé à circuler, transportant les gens à l'extérieur de la partie Est d'Alep. Les forces gouvernementales syriennes sont à l'arrêt, dans l'attente d'avancer vers la dernière enclave rebelle, scellant ainsi la plus grande victoire du Président Assad à ce jour dans cette guerre. Cela signifie-t-il qu'il est temps pour le Royaume-Uni de reconsidérer son soutien continu pour la soi-disant « opposition armée modérée » au Président Assad ? Doit-il reconsidérer sa perspective selon laquelle le Président Assad ne doit jouer aucun rôle dans le futur de la Syrie ? Peter Ford fut l'ambassadeur britannique en Syrie de 2003 à 2006. Peter Ford, pensez-vous qu'il est temps de reconsidérer les choses ?

Peter Ford : Absolument, il serait grand temps. Nous nous sommes accrochés bien trop longtemps à l'illusion selon laquelle la soi-disant opposition modérée allait vaincre Assad. C'est maintenant évident avec la reconquête d'Alep par le gouvernement, il faut cesser de nous voiler la face et nous devrions regarder la réalité telle qu'elle est : Assad ne sera pas renversé par la force des armes ni à la table des négociations. Le Royaume-Uni doit à présent faire trois choses. 1/ Nous devons cesser de soutenir une opposition en déroute et divisée. 2/ Nous devons commencer à venir en aide au peuple syrien en levant les sanctions. 3/ Nous devons travailler avec les Russes sur un règlement politique de la situation qui aurait dû se produire il y a longtemps déjà.

Journaliste : Mais comme nous le savons, pour beaucoup de dirigeants occidentaux, le règlement politique de la situation ne laisse pas de place à Assad. Boris Johnson, le Secrétaire d'Etat des Affaires Etrangères, a déclaré au mois de septembre dernier qu'il ne peut jouer aucun rôle dans le futur gouvernement de la nouvelle Syrie car tant qu'Assad sera au pouvoir à Damas, il n'y aura pas de Syrie à gouverner. Downing Street [le cabinet du Premier Ministre] a déclaré plus tôt ce mois-ci que la cruauté barbare dont ont fait preuve les forces du régime syrien démontrent que le Président Bachar Assad (sic) n'a aucune place dans le futur du pays.

Peter Ford : Oui, mais c'est absurde. C'est vraiment absurde. Assad contrôle maintenant plus de 80% des zones habitées de Syrie. Il n'y a aucune raison pour que dans les mois à venir, lui et ses forces ne reprennent pas les 10, 15 voire 20% restants. Il sera alors le maître absolu du pays. Bien sûr, il y aura toujours des groupes mécontents de la situation. Mais dans toute l'histoire écrite de l'humanité, y a-t-il eu une seule guerre civile d'une telle durée après laquelle tout le monde ait été satisfait d'un dirigeant ? Il n'y a pas de [Nelson] Mandela syrien. Il n'y a aucun [autre] dirigeant. Pouvez-vous me nommer ne serait-ce qu'un chef de l'opposition qui pourrait assumer le rôle d'Assad ? C'est absurde. C'est grotesque. Boris Johnson et Theresa May ont perdu pied avec la réalité. Donald Trump va prendre la relève, et s'il fait ce qu'il a annoncé, il va normaliser les relations avec la Russie, donner la priorité à la lutte contre Daech en Syrie et cesser d'œuvrer au renversement d'Assad. Quand allons-nous nous réveiller ?

Journaliste : Vous avez dit être très préoccupé par le soutien du Royaume-Uni pour la soi-disant opposition armée modérée, et il y a effectivement aussi eu des plaintes et allégations d'abus à leur encontre. Néanmoins, si vous laissez le Président Assad en place pour la diplomatie future de la Syrie, cela ne reviendrait-il pas à fermer les yeux sur tout ce qu'il a fait jusqu'à présent ? Comme l'usage d'armes chimiques contre son propre pays ?

Peter Ford : Ecoutez, ce soir, il y a un sapin de Noël et des festivités au centre d'Alep. Je pense que si Assad était renversé et que l'opposition était au pouvoir, vous ne verriez pas de sapin de Noël à Alep. La diabolisation du régime a pris des proportions grotesques. Même pour la fin de ce conflit avec les bus [d'évacuation] verts. Il n'y avait pas de bus verts à Gaza. Il n'y avait pas de bus verts lorsque l'OTAN bombardait la Yougoslavie sans merci. Cette campagne d'Alep est menée, dans ses dernières étapes, avec une certaine humanité. Ce n'est pas à la débâcle de l'humanité qu'on assiste, contrairement à ce que prétendent certains, mais à la débâcle de la rationalité. Où se trouvent les moindres preuves des prétendues atrocités, de Guernica, des massacres, du génocide, de l'Holocauste ?


N.B. vous aurez compris que c’est une vidéo de propagande du gouvernement syrien, mais enfin, ça a existé aussi…

Journaliste : Eh bien, je pense que beaucoup de personnes ne seront pas d'accord avec cela car elles ont vu des personnes fuir Alep-Est, les allégations selon lesquelles des gens ont été attaqués, empêchés de quitter la ville… Vous savez, il y aura ces allégations et elles feront l'objet d'une enquête. En attendant, il y a certes des critiques contre les deux côtés, oui, mais vous vous opposez violemment à énormément de figures de premier plan dans les gouvernements du monde, selon lesquelles, et je terminerai là-dessus, qu'il n'y a pas de place pour le Président Assad dans la Syrie de demain. Concluez sur votre pensée, et nous allons terminer l'interview dans quelques secondes.

Peter Ford : C'est vraiment être aux antipodes de la réalité. Qui mettraient-ils donc à la place d'Assad ? Persister à vouloir renverser le régime en Syrie comme nous l'avons fait ailleurs, en Irak, en Libye, ne mène qu'à plus de souffrance chez les simples citoyens.

Journaliste : Peter Ford, ambassadeur britannique en Syrie dans les années 2000, merci beaucoup.
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Vous noterez la fin du billet de la BBC qui relate l’interview (on ne va pas lui laisser le dernier mot, oh !) :

Le ministère des Affaires étrangères a déclaré qu’une solution politique et une transition sans Assad étaient «la seule façon de mettre fin aux souffrances du peuple syrien».

OB : Moi je parie qu’ils vont en trouver une autre…

Un porte-parole a ajouté: “Le régime d’Assad a le sang de centaines de milliers de personnes à ses mains. Il n’y a aucun moyen qu’il puisse unir et apporter la stabilité à la Syrie.

OB : et si on laissait les Syriens en décider librement ? #Démocratie

“Le Royaume-Uni a promis plus de 2,3 milliards de livres sterling pour soutenir les personnes affectées par le conflit syrien et a cherché à réduire la souffrance avec chaque levier diplomatique à notre commande.”

OB : 2,3 MILLIARDS ???? D’AIDE pour réduire la souffrance ? Ca en fait des kalachnikovs ça…

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Transcript VO :

Presenter : Peter Ford was the UK’s Ambassador to Syria from 2003 to 2006. Peter Ford, do you think it’s time for a re-think?
Ford : Absolutely. It’s way overdue. We have clung for too long to the illusion that the so-called ‘moderate opposition’ would overcome Assad. Surely now, with the Government’s recovery of Aleppo, the veils should fall from our eyes and we should look reality in the face: Assad is not going to be removed by force of arms or at the negotiating table. What Britain should do now is three things: we should stop supporting a failed and divided opposition; we should start to try to help the people of Syria by lifting sanctions; and we should be working with the Russians on an overdue political settlement.
Presenter : But the political settlement as we know for many leaders in the Western World does not include Assad in its calculations. Boris Johnson for example, the Foreign Secretary, in September of this year saying he can have no part in the future government of Syria because as long as Assad is in power in Damascus, there will be no Syria to govern. Downing Street [the home of the UK’s Prime Minister] saying just earlier this month “the barbaric cruelty shown by the Syrian regime forces shows that President Bashar Assad (sic) has no place in the country’s future.
Ford : Yes, but this is absurd. It’s quite absurd. Assad is in control of over 80% now of the populated area of Syria. There is no reason why, in the months to come, he and his forces will not take the remaining 10, 15 and eventually 20%. He will then be in total control of the country. Of course there will be remaining groups who are not happy, after which, in the whole of recorded history has there ever been a protracted civil conflict like this that left everybody happy under one ruler? There is no Syrian [Nelson] Mandela. There is no leader. Could we even put a name to one opposition leader who would step into Assad’s shoes? It’s absurd. It’s grotesque. It shows that Boris Johnson and Theresa May have lost grip on reality. Now Donald Trump is coming in and if he carries out what he said he’ll carry out he will normalise relations with Russia, he will prioritise the fight against ISIS in Syria, and he will stop working for the overthrow of Assad. When are we going to smell the coffee ?
Presenter : Well, you have said that you are deeply concerned by Britain’s continued support for the so-called moderate armed opposition and indeed there have been complaints, there have been allegations of abuse on that side of the War as well. Nevertheless, if you leave aside President Assad and you sak “ok, let him continue through the future diplomacy concerning Syria”, wouldn’t that be condoning him and all he’s done up until now? Chemical weapons, for example, against his own people?
Ford : Look, tonight there is a Christmas Tree in the centre of Aleppo and celebrating people. I think if Assad were removed, and the opposition were in power, you would not be seeing a Christmas Tree in Aleppo. The demonisation of the regime has been taken to ridiculous lengths. Even the end of this crisis with the green buses; there were no green buses in Gaza, there were no green buses when NATO was bombing Yugoslavia to smithereens. This Aleppo campaign has been handled in its final stages with relative humanity. We’ve seen not what some allege to be a meltdown of humanity but a meltdown of sanity. Where are, where’s any evidence of the alleged atrocities, of the Guernica, of the massacres, the genocide, the holocaust ?
Presenter : Well, I think you’ll find many people will disagree with that as they have seen people fleeing Eastern Aleppo; the allegations that people have been attacked, prevented from leaving the city. You know there will be these allegations and they will be investigated. In the meantime there’s criticism of both sides, yes indeed, but you are violently disagreeing with an awful lot of senior figures in governments across the World who say – and I just conclude on this – that there is no place for President Assad in the future of Syria. Just again, complete your thought and we will conclude the interview in just a few seconds.
Ford : Well, this flies in the face of reality. Who are they going to put in Assad’s place? To try to continue to overthrow the regime in Syria, as we’ve overthrown regimes elsewhere – in Iraq, and Libya – leads only to more suffering on the part of the ordinary people.
Presenter : Peter Ford, UK Ambassador to Syria in the 2000s, thank you very much indeed.

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Un ex-ambassadeur britannique déclare que la politique étrangère de la Grande Bretagne vis-à-vis de la Syrie a été "mal menée tout du long"

Source : Daily Mail, John Stevens, 23-12-2016

L'ancien ambassadeur britannique en Syrie Peter Ford, sur la BBC, a dit que David Cameron avait adopté la mauvaise attitude envers la Syrie et avait aggravé la situation

L’ancien ambassadeur britannique en Syrie Peter Ford, sur la BBC, a dit que David Cameron avait adopté la mauvaise attitude envers la Syrie et avait aggravé la situation

  • Peter Ford était le représantant du Royaume-Uni à Damas de 2003 à 2007.
  • Selon lui Cameron aurait soit du s’engager pleinement dans les combats, soit rester totalement en dehors.
  • Au lieu de ça la Grande-Bretagne a encouragé les rebelles mais a refusé d’intervenir militairement.
  • La guerre en Syrie fait rage depuis plus de cinq ans sans qu’un horizon stable ne se profile.

L’ambassadeur anciennement affecté à Damas a déclaré que la politique Syrienne de la Grande-Bretagne a été "mal menée tout du long" et a même empiré la situation.

Ayant officié de 2003 à 2007, Peter Ford a constaté que depuis les débuts de la crise Syrienne le premier ministre Britannique David Cameron n’a pas su se positionner correctement.

L’ancien diplomate affirme que Cameron aurait du clairement choisir : soit préparer les troupes à intervenir sur le terrain, soit s’abstenir d’"encourager une campagne vouée à l’échec dirigée par l’opposition, entraînant la conversion ou la mort de centaines de milliers de civils."

"Nous avons empiré la situation," ajoute-t-il.

"Il était hautement probable que les choses se passent de cette manière pour qui voulait bien voir la réalité en face."

"Ça me désole mais le Bureau des Affaires Etrangères auquel j’appartenais s’est trompé sur le dossier Syrien tout du long."

"Au départ ils nous ont dit que la chute d’Assad était imminente. Ils nous disaient qu’il tomberait avant Noël (et ils n’ont jamais précisé quel Noël donc il se pourrait qu’ils finissent par avoir raison) mais après ils nous ont dit que l’opposition était dominée par les soi-disant modérés: il s’est trouvé que ce n’était pas le cas.

Maintenant ils racontent un nouveau mensonge: qu’Assad ne peut pas controler le reste du pays. Eh bien j’ai de grandes nouvelles pour eux ; il est en passe de réussir ce tour de force."

Le régime Syrien a pris le contrôle total d’Alep Jeudi pour la première fois en quatre ans; après un dernier affrontement, combattants et civils ont été amenés hors des quartiers dévastés de l’Est de la ville dans des bus.
M. Ford affirme que les forces d’Assad auront besoin de consolider leur prise sur Alep et de la défendre contre de possible contre-attaques.

"Quoi qu’il en soit, nous sommes à une période de l’année où nous pouvons nous réjouir de voir un sapin de Noël sur la place centrale d’Alep; il n’y aurait pas de sapin si l’autre camp avait gagné," a-t-il ajouté au micro de la BBC 4.

Il y a eu de nombreuses condamnations du régime Assad (soutenu par la Russie et l’Iran) concernant les bombardements d’Alep, mais M. Ford nous rappelle que des frappes similaires ont eu lieu à cause de la lutte contre l’État Islamique dans des conflits armés au Yémen et en Iraq sans que cela n’inquiète les acteurs occidentaux.

"Je pense que nous sommes très sélectifs concernant notre indignation autour de la campagne d’Alep. Des bombardements similaires ont lieu à Mosoul et au Yémen et personne ne prête attention à ces populations.

On ne parle pas d’atrocités, on ne parle pas de crime de guerre alors qu’ils sont incontestablement commis sur ces deux théâtres d’opération. On ne parle pas de génocide ou d’holocauste.

Nous serons chanceux si ces campagnes finissent avec l’évacuation des bus verts; il n’y avait pas de bus verts à Gaza. Il n’y avait pas de bus verts après les bombardements de l’Otan en Yougoslavie. Je pense nous devrions donner un peu plus de crédit au gouvernement Syrien: ils ont réussi à amener une fin plutôt paisible à une période terrible."

Interrogé sur les attaques menées contre les hôpitaux, M. Ford tempère: "C’est également un crime de guerre d’utiliser des hôpitaux comme centres de commandement, ce qu’ont fait les djihadistes. Et c’est également un crime de guerre d’utiliser des écoles pour entreposer des armes, ce qu’ont fait les djihadistes."

Source : Daily Mail, John Stevens, 23-12-2016

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