Ultralibéralisme arrogant ou fataliste ?
Hier, les deux finalistes des primaires des Républicains ont débattu pendant deux heures. Après un début de semaine où Juppé et ses troupes n'ont reculé devant aucune bassessepour tenter de casser la dynamique autour de celui qui a écrasé le premier tour, ce débat a bien rappelé que s'il y a des nuances entre les deux, ce sont des nuances autour d'un même ultralibéralisme…
Quand la forme l'emporte sur le fond
Bien sûr, il y a des différences entre les deux candidats. François Fillon, tournant complètement le dos à son passé séguiniste, semble vouloir être le Thatcher français en dépassant son rival par la droite, sur le nombre de postes de fonctionnaires à supprimer, sur la libéralisation du marché du travail, ou la déconstruction de notre assurance-maladie. Mais même si Juppé a bien cherché à mettre en avant ce qui le sépare de son adversaire, souvent, les nuances étaient si dérisoires et techniques qu'elles pouvaient un peu perdre les téléspectateurs. Ce faisant, ce débat a surtout montré la très grande proximité des propositions des deux finalistes, qui ne proposent que des nuances d'ultralibéralisme.
Tout le paradoxe, c'est que les deux finalistes des primaires de la droite proposent davantage une rupture avec la politique que leur camp avait menée de 2002 à 2012 qu'avec la politique de l'emploi menée par la majorité sortante, qu'en réalité, il propose d'amplifier sur le coût et le droit du travail. Bien sûr, ils proposent d'amplifier la politique de suppression de postes de fonctionnaires menée de 2007 à 2012. Mais ce faisant, les deux finalistes proposent un mégamix de politiques de l'offre qui ont échoué, alors que même le FMI et la BCE sont revenus des politiques austéritaires que les deux proposent (100 milliards de baisse de dépenses publiques) et que la course à la compétitivité risque de durer longtemps sachant que l'UE abrite des pays dont le SMIC est égal à un dizième du nôtre. Impasse partout !
Sur la forme, Juppé a modéré ses attaques mesquines et de mauvaise foi du début de la semaine, qui avaient animées l'après premier tour, entre demande de clarification de Fillon sur l'avortement, alors qu'il a toujours été clair, Juppé déplaçant le débat sur l'utilisation d'un terme légal pour entretenir le doute, ou osant l'interroger sur des soutiens ne faisant pas partie de son équipe, alors que lui, a recruté le très réactionnaire Hervé Mariton. Tout au long du débat, Juppé est apparu comme très hautain et arrogant, faisant ressortir la plus grande humilité de son adversaire, qui l'a bien remis à sa place quand le premier lui a demandé de dénoncer les attaques de Riposte Laïque en lui faisant remarquer qu'il n'en était – logiquement - pas proche, et qu'il ne lui demandait pas de condamner les attaques qui le visent.
Bien sûr, Fillon va encore plus loin que Juppé dans l'impasse ultralibérale mais il s'agit d'une différence dans la même logique. Du coup, la seule certitude, c'est que le candidat des Républicains proposera la politique que l'UE recommande depuis 2010 : austérité et coupes dans le service public, démantèlement du droit du travail et baisse de son prix. En somme, une amplification de la politique qui échoue depuis 2012.
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