vendredi 11 mars 2016

« SCANDALE : Intermarché veut soutenir les agriculteurs, l’Europe refuse », par Charles Sannat

« SCANDALE : Intermarché veut soutenir les agriculteurs, l'Europe refuse », par Charles Sannat

Source : Insolentiae, Charles Sannat, 29/02/2016

UERSS

Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Intermarché veut soutenir les agriculteurs mais l'Europe refuse alors que le gouvernement est confronté à une colère noire de nos amis agriculteurs sur fond d'effondrement des cours, dont il faut tout de même rappeler un peu l'origine.

L'un des plus gros clients de la filière porcine française était… la Russie. En décrétant un embargo pour des raisons politiques plus ou moins avouables à l'égard des Russes, nous avons tiré une balle dans le pied d'un certain nombre de pans de notre économie. Parce qu'il est toujours important de dire la vérité et de rappeler l'enchaînement funeste de mauvaises décisions, nos dirigeants ont aggravé la situation en prenant des sanctions au niveau européen à l'encontre de la Russie.

Ces sanctions ont conduit à l'état catastrophique actuel de notre filière porcine qui connaît un effondrement sans précédent de ses cours, ce qui précipite des milliers d'exploitations, d'agriculteurs et leurs familles dans des difficultés financières insoutenables très longtemps.

C'est dans ce contexte qu'il convient d'apprécier la crise agricole qui secoue notre pays et le chahutage de nos mamamouchis en goguette au Salon de l'agriculture.

Pour soutenir son écosystème, Intermarché s'était engagé à acheter le porc à 1,40 euro le kilo minimum

Si mon objectif n'est pas d'encenser la grande distribution qui a des habitudes absolument détestables autour de ses fournisseurs, des prix et de la qualité des produits vendus, il n'en demeure pas moins que notre objectivité doit nous faire noter que les grandes enseignes essaient de soutenir les éleveurs.

Rassurez-vous, il ne sont pas devenus gentils et altruistes en une journée. Leur soutien est très intéressé mais nous ne nous en plaindrons pas ! Pourquoi ? Tout simplement parce que les grands distributeurs évoluent dans un écosystème avec de très nombreux producteurs et fournisseurs. Si les fournisseurs meurent, alors les distributeurs n'ont plus grand-chose à vendre : c'est donc un équilibre subtil qu'il faut maintenir.

L'Europe, qui crée la crise, refuse le soutien d'Intermarché et ouvre une enquête ! Et Valls a un petit zizi…

Cette Europe d'europathes complètement malade de l'idéologie dégoulinante de la libre concurrence – ce qui est un terme pudique pour parler du totalitarisme marchand qu'elle nous impose – ne pouvait donc pas laisser passer une telle entorse aux sacro-saintes règles du libéralisme mondialiste sans réagir. Même si nous devons tous mourir, nous mourrons sans entraves au libre-échange !

"La Commission européenne a ouvert une enquête sur Intermarché, car elle estime que le choix de l'enseigne d'acheter la viande plus cher aux éleveurs français est une entrave à la concurrence étrangère.

Le groupement de distributeurs indépendants Intermarché (Les Mousquetaires) est sous le coup d'une enquête de la Commission européenne, après s'être accordé l'an dernier avec son concurrent Leclerc pour acheter du porc à un prix plancher, a affirmé vendredi son président Thierry Cotillard."

C'est dans ce contexte que le Premier ministre Valls, en visite au Salon de l'agriculture, a reçu quelques noms d'oiseaux dont la palme revient à cet agriculteur qui a dit, comme le raconte cet article de L'Express : "Va te cacher. T'as rien compris petit zizi, tu vas pas changer l'Europe…"

Hormis le langage fleuri de cet impertinent des campagnes, son constat est d'une cruelle vérité. Valls, malgré toute sa bonne volonté, ne changera pas l'Europe parce que pour changer l'Europe, il faut la quitter !

Quel est le pouvoir que nos dirigeants qui, toutes couleurs confondues, ont abdiqué la France contre cette Europe ?

Quel est le courage qu'ils savent manifester ?

Quelle est l'indépendance qu'ils veulent nous montrer ?

Quelle est la force qu'ils peuvent utiliser contre des institutions européennes qui, aujourd'hui, martyrisent les peuples d'Europe ?

Il n'y a rien à attendre car nos mamamouchis n'ont qu'un mot à la bouche : l'Europe. Une trahison, l'Europe, une compromission, l'Europe, une soumission, l'Europe. Aucun d'eux n'aura le courage de dire non à cette Europe et de la mettre au pied du mur. Nous sommes la France, et l'Europe sans la France c'est la fin de cette Europe. Ils n'ont qu'un mot à dire : non.

Ils ne le disent pas, mais le destin s'en chargera et le vent de l'histoire les balaiera.

En attendant mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !

Charles SANNAT

Source : Insolentiae, Charles Sannat, 29/02/2016

 

Intermarché visé par une enquête de Bruxelles pour son soutien aux éleveurs

Source : Le Figaro, AFP, 28/02/2016

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L’enseigne avait convenu avec Leclerc d’acheter le kilo de porc à un prix plancher. «L’Europe considère que cet accord était discriminant vis-à-vis des pays tiers», a déclaré Thierry Cotillard, président du groupe.

Le groupement de distributeurs indépendants Intermarché (Les Mousquetaires) est sous le coup d’une enquête de la Commission européenne, après s’être accordé l’an dernier avec son concurrent Leclerc pour acheter du porc à un prix plancher, a affirmé vendredi son président Thierry Cotillard.

«Sur le porc, l’été passé, Intermarché s’était accordé avec Leclerc pour acheter le kilo (de porc) 1,40 euro (…). Mais ça n’a pas tenu. Maintenant, Bruxelles nous tombe dessus et enquête», a déclaré le patron d’Intermarché, dans un entretien au quotidien Libération mis en ligne vendredi soir. «L’Europe considère que cet accord était discriminant vis-à-vis des pays tiers. Donc maintenant, nous sommes très prudents pour trouver des solutions», poursuit le dirigeant, précisant que son groupe risque une amende potentielle «à hauteur de 5% de notre chiffre d’affaires».

Lutter contre la volatilité des prix

L’an dernier, alors que les cours du porc s’étaient effondrés en dessous du prix de revient des agriculteurs, le gouvernement avait fixé un objectif d’achat de 1,40 euro le kilo lors de négociations avec la filière, et des enseignes comme Leclerc et Intermarché s’étaient engagées à procéder à des achats de cochons à ce niveau.

Le 25 février dernier, l’enseigne avait réaffirmé son engagement et sa volonté de soutenir les éleveurs. Le groupe avait annoncé la mise en place d’une contractualisation avec les producteurs partenaires, garantissant un prix plancher de 1,28 euros le kilo de porc, et pouvant atteindre les 1,50 euros. «A terme, l’ambition est que la moitié de nos volumes de production soit contractualisée, ce qui représente au moins 1,2 million de têtes», avait déclaré le président du groupe. Les contrats ne porteront au plus que sur 50% de la production des éleveurs, pour leur laisser de la flexibilité, avait ajouté Thierry Cotillard.

Ce mécanisme de contractualisation n’est pas nouveau. Déjà présent dans la filière laitière, il est envisagé par le gouvernement pour lutter contre la volatilité des prix de la filière porcine française. Le géant des produits laitiers Danone a annoncé le 24 février dernier avoir passé un accord avec 2.000 des 2.600 éleveurs qui approvisionnent ses cinq usines françaises. Le groupe s’est engagé «à définir une nouvelle formule de prix intégrant les coûts de production, en concertation avec chacune des parties pour être au plus près des spécificités locales».

Source : Le Figaro, AFP, 28/02/2016

 

«Intermarché va rogner les marges de l'abattoir et du distributeur, on a les deux !»

Source : Libération, Philippe Brochen, 26/02/2016

Pour Thierry Cotillard, patron des enseignes des Mousquetaires, on ne sortira de cette crise que si on n'est pas dans une course effrénée à la compé­titivité.

Fils d'aviculteurs de Saint-Carreuc (Côtes-d'Armor), Thierry Cotillard, 41 ans, est président du groupement Intermarché qui compte 1 850 enseignes des Mousquetaires en France et 300 magasins Netto. Cet ingénieur en agroalimentaire diplômé de HEC, qui possède deux supermarchés à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), livre son regard sur la crise et avance des propositions.

Les distributeurs, dont vous faites partie, sont accusés par les producteurs de pratiquer des marges trop importantes. Que leur répondez-vous ?

Cette crise est complexe, car elle n'est pas que conjoncturelle, mais structurelle. Il faut d'abord gérer l'urgence, comme dans le lait, afin de créer une charte entre les trois acteurs de la filière. Sur le porc, l'été passé, Intermarché s'était accordé avec Leclerc pour acheter le kilo 1,40 euro, car nous sommes les deux seules enseignes à posséder des abattoirs. Mais ça n'a pas tenu. Maintenant, Bruxelles nous tombe dessus et enquête. Nous risquons une amende à hauteur de 5 % de notre chiffre d'affaires.

Pourquoi ?

Parce que l'Europe considère que cet accord était discriminant vis-à-vis des pays tiers. Donc maintenant, nous sommes très prudents pour trouver des solutions. Intermarché compte 62 usines et sites de production, 7 abattoirs, une laiterie, des usines de charcuterie…

Avec Leclerc, vous êtes la seule enseigne à ne pas être seulement distributeur mais aussi transformateur. Quel est votre intérêt ?

Ces choix ont été faits il y a quarante ans. Nous couvrons à peu près tous les secteurs d'activité avec nos usines. Avec 4 milliards d'euros annuels de chiffre d'affaires réalisé en France, nous sommes le quatrième ou cinquième industriel alimentaire hexagonal, derrière Nestlé mais devant Coca-Cola. Ce n'est pas opportuniste de notre part de dire qu'il faut des circuits courts, des contrats avec des producteurs. Quand il y a eu la crise du porc il y a trente ans, la première enseigne qui a assuré le kilo à 7 francs était Intermarché. Depuis, le coût de la vie a augmenté, et on est quasiment au même niveau de rémunération pour les éleveurs. C'est incroyable, non ?

Quelles sont les solutions ?

On ne sortira de cette crise que si on n'est pas dans une course effrénée à la compétitivité, parce que 1 000 vaches sur du béton alimentées par un technicien dans un cockpit, ce n'est pas le modèle français. Il faut aller vers quelque chose de plus vertueux, avec un cahier des charges, une qualité, et l'assumer à terme avec la pédagogie auprès du consommateur pour dire qu'il y a un juste prix. On peut faire le choix d'acheter le porc à 1 euro le kilo demain, mais alors on choisit de ne plus avoir d'agriculture en France.

Que proposez-vous ?

Depuis un an, face à la volatilité des cours des produits agricoles, Intermarché travaille à assurer un prix minimum sur le porc. La formule est trouvée à 1,5 euro le kilo. Mais attention : un cahier des charges a été défini sur le plan qualitatif, par rapport aux taux de graisse, etc. Les premiers contrats qui garantiront ce prix équitable de 1,5 euro sur cinq ans aux éleveurs seront signés la semaine prochaine avec une vingtaine de producteurs partenaires dans notre abattoir de Josselin (Morbihan). Et on n'a pas mis de prix plafond. C'est-à-dire que si ça monte à 1,80 euro, on paiera 1,80 euro. Très rapidement, d'autres éleveurs s'engageront dans cette contractualisation.

C'est un engagement fort…

Un gros pari, oui. Nous misons sur le long terme. Et on a la conviction que le consommateur ne fera pas le choix d'une enseigne que sur le prix, mais aussi sur les engagements sociaux et sociétaux. Nous, on affiche le logo «viande de France» sur tous nos emballages.

Y compris sur les produits avec de la viande transformée ?

Oui. Nous estimons que la traçabilité est essentielle. Chez Intermarché, parmi les plats cuisinés, 84 % sont made in France, quand la plupart de nos concurrents sont à 20 %, 30 %, 40 %, et le meilleur à 50 %. On a fait aussi le travail sur la viande fraîche et la charcuterie avec notre marque Monique Ranou, qui produit 100 % français. Aujourd'hui, on en assume le coût, car on ne peut pas le répercuter sur le prix de vente au consommateur. Du moins à court terme, car j'espère qu'à moyen terme les choses bougeront.

Vous faites le choix du marketing éthique…

Les gens disent qu'ils veulent acheter français. Mais quand il y a un écart de prix significatif, ils achètent le moins cher. A court terme, vu le prix auquel on va acheter la viande aux producteurs, on ne répercutera pas la hausse sur le prix de vente au client, sinon on va être pénalisés. Donc on va rogner la marge de l'abattoir et la marge du distributeur, puisqu'on a les deux !

Comment parvenir à concilier des prix bas en rayons et des rémunérations décentes pour les producteurs ? C'est une sorte de quadrature du cercle, non ?

Je ne suis pas certain qu'on ait des gens assez responsables pour pouvoir fonctionner sans une modification de la loi avec un cadre plus répressif.

Car il y a des transformateurs qui ne jouent pas le jeu ?

Oui, je n'ai aucun problème à le dire. Et les agriculteurs commencent à comprendre que tout le monde a sa part de responsabilité, et qu'il y a des coopératives ou des gros transformateurs qui ne rémunèrent pas comme ils le devraient. Il n'y a qu'à voir leurs résultats.

Où est l'argent qui ne va pas dans les poches des producteurs ?

Il y a très clairement une guerre tarifaire entre distributeurs qui a provoqué des baisses de prix, a détruit de la valeur et qui n'est pas responsable. L'an passé, il y a eu 1,7 milliard de baisse de prix sur les 2 000 produits qui se vendent le plus en France. Pour le consommateur, cela représente 36 euros par ménage et par an. Si, pour 3 euros par mois d'économie par famille, on casse l'agriculture, ce n'est très clairement pas acceptable.

Et quid de la part de responsabilité du transformateur ?

Il y a effectivement des sociétés qui vivent bien. Danone a annoncé 1,2 milliard de bénéfices en 2015 au niveau européen. Ces bénéfices ont été engendrés grâce à la baisse à l'achat du prix du lait. Là, c'est clairement la marge des producteurs qui a été rognée. Les géants de la transformation laitière cotés en Bourse affichent 10 % de résultat net par rapport à leur chiffre d'affaires. Sur la viande de bœuf, les gros acteurs français sont à 7 % ou 8 %. Intermarché, c'est entre 2 % et 2,5 %.

Source : Libération, Philippe Brochen, 26/02/2016

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