vendredi 29 janvier 2016

Migrants : Danemark, Autriche, Croatie…, la voie d’eau dans le navire UE s’élargit

Migrants : Danemark, Autriche, Croatie…, la voie d'eau dans le navire UE s'élargit

L’UE en grande forme, tout ça, tout ça…

Source : Express, AFP, 21-01-2016

Copenhague – Sous le feu roulant des critiques, le Danemark, inflexible, boucle jeudi l’examen parlementaire de sa réforme du droit d’asile ouvrant la voie à une spectaculaire mesure de confiscation et d’autres tout aussi contraires, selon ses opposants, aux conventions internationales.

Craignant un effet domino, le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) a dénoncé en début d’année une réforme “susceptible d’alimenter la peur et la xénophobie” dans l’ensemble des pays d’accueil des migrants.

Pour le HCR, Copenhague bafoue la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH), la Convention sur les droits de l’enfant et les recommandations de l’ONU sur les réfugiés.

Jusqu’à maintenant, le déluge de condamnations qui s’est abattu sur le Danemark n’a guère semblé ébranler le gouvernement de droite et son allié, le Parti populaire danois, formation populiste qui dicte la politique d’immigration du pays scandinave depuis plus d’une décennie.

La politique migratoire danoise se décide au Danemark, pas à Bruxelles“, martèle la ministre de l’Intégration et de l’Immigration Inger Støjberg, forte de l’accord passé avec les sociaux-démocrates (opposition) qui assure au texte une majorité lors d’un vote fixé au 26 janvier.

Après une première session il y a 10 jours, le Parlement siège de nouveau jeudi pour des questions au gouvernement, un exercice réglé comme du papier à musique qui ne devrait pas permettre de faire bouger les lignes.

La confiscation des effets de valeur des migrants à leur arrivée, volet emblématique de la réforme, a concentré l’essentiel des critiques. Mais d’autres articles sur les conditions de séjour et le regroupement familial font également polémique.

Copenhague veut par exemple porter de un an actuellement à trois ans le délai avant lequel le regroupement familial est ouvert à certains demandeurs d’asile ne jouissant pas du statut de réfugié.

D’après la Cour européenne des droits de l’Homme, le traitement des dossiers de regroupement familial doit être prompt, flexible et efficace“, résume pour l’AFP le directeur de l’Institut danois pour les droits de l’Homme, Jonas Christoffersen.

La directrice adjointe de l’Europe à Amnesty International, Gauri van Gulik, y voit une “discrimination” aux dépens d’une catégorie de migrants particulièrement fragiles, ayant fui des zones de guerre.

- ‘Changer les règles du jeu’ -

Plutôt que de céder, le Premier ministre Lars Løkke Rasmussen a évoqué la modification des conventions européennes ou internationales. Si, disait-il en décembre, l’afflux de migrants se poursuit, il faudra “changer les règles du jeu“.

Dans un courrier du 15 janvier, le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Nils Muiznieks, a adressé un avertissement sans frais au Danemark.

La réforme du regroupement familial “soulève des questions de compatibilité avec l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’Homme” mais aussi la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, écrit-il.

C’est son opinion personnelle“, balaye Michael Aastrup Jensen, un haut responsable du parti gouvernemental Venstre, interrogé par l’AFP.

Le chef de la diplomatie danoise, Kristian Jensen, devait se rendre jeudi à Genève devant l’ONU pour s’expliquer sur la politique des droits de l’Homme de son pays.

Etat membre de l’UE comptant parmi ceux ayant reçu en 2015 le plus grand nombre de migrants par habitant, le Danemark estime ne plus être en mesure de financer leur séjour, ni de les intégrer. La presse nationale se fait l’écho de crispations croissantes entre la population et les migrants, à Copenhague comme en province.

Sur fond de plaintes de jeunes femmes rapportant des comportements inopportuns, une discothèque de Sønderborg, près de la frontière allemande, refuse désormais strictement l’entrée aux personnes ne parlant ni anglais, ni danois ni allemand.

Et d’après l’organisation professionnelle des cafés et restaurants danois, d’autres établissements devraient lui emboîter le pas.

A Randers, commune de 60.000 habitants (est), le conseil municipal a rendu obligatoire au menu des cantines la viande de porc, interdite dans l’islam mais très répandue dans la gastronomie locale et dont le Danemark est un producteur de rang mondial.

 Source : Express, AFP, 21-01-2016
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L’Autriche plafonne le nombre des réfugiés, l’UE prise de vitesse

Vienne – L’Autriche veut fortement limiter le nombre des réfugiés sur son sol, incarnant la détermination accrue des gouvernements européens à décourager les candidats à l’asile, toujours nombreux aux portes de l’UE.

Source : l’Express, 20/01/2016

L’annonce par la coalition centriste au pouvoir à Vienne d’un plafond annuel pour le nombre des demandeurs d’asile, à partir de 2016, fait craindre à la Commission européenne un effet domino dans les autres pays.

La Commission, qui tente de promouvoir une réponse coordonnée à la crise migratoire, semble prise de vitesse par la volonté des Etats d’agir seuls, avant la fin de l’hiver et une nouvelle accélération du flux migratoire.

Pays hors UE, la Macédoine a aussi pris la décision de fermer provisoirement mercredi sa frontière avec la Grèce, y bloquant plusieurs centaines de migrants.

L’Autriche souhaite également, dans les prochains jours, ne plus laisser entrer les migrants cherchant à gagner la Scandinavie, et les refouler à sa frontière, comme le fait déjà l’Allemagne depuis que la Suède et le Danemark ont restreint, début janvier, les entrées sur leur territoire.

Croatie et Serbie ont annoncé mercredi qu’elles feraient de même et ne laisseraient désormais passer que ceux demandant l’asile en Allemagne ou en Autriche, laissant présager de situations chaotiques parmi les migrants sur la route de l’exode.

En Allemagne, on nous a dit qu’il y avait une nouvelle loi, qu’on ne pouvait pas rester ici et, le lendemain, on nous a renvoyés en Autriche“, a témoigné auprès de l’AFP Hawre, un Iranien rencontré dans un camp d’accueil près de Salzbourg (ouest) et qui souhaite se rendre aux Pays-Bas.

L’Allemagne, quant à elle, affirme encore tabler sur “une solution européenne commune“, selon le porte-parole de la chancelière Steffen Seibert.

A ce titre, Berlin a annoncé mercredi le démantèlement d’un réseau de passeurs de migrants en Méditerranée, grâce à une opération commune germano-turque et des perquisitions dans les deux pays. Cinq suspects ont été arrêtés en Allemagne, trente en Turquie, accusés d’avoir fait traverser la Méditerranée à 1.700 personnes.

Mais la défiance de l’opinion vis-à-vis de la politique d’ouverture aux migrants d’Angela Merkel a été alimentée par les violences du Nouvel An à Cologne, et la pression en faveur de mesures plus draconiennes est forte.

Les conservateurs bavarois ont profité de la décision de Vienne pour faire de nouveau entendre leur revendication d’un “plafond” de 200.000 migrants par an en Allemagne, où 1,1 million de demandes d’asile ont été enregistrées en 2015.

Le président allemand Joachim Gauck a estimé au forum de Davos que limiter l’afflux des demandeurs d’asile pouvait être “moralement et politiquement requis” en Europe, pour ne pas “laisser le champ libre aux populistes“.

Le gouvernement autrichien a annoncé vouloir limiter à 37.500 le nombre de ceux qui seront accueillis en Autriche en 2016, plus de deux fois moins que les 90.000 de l’année dernière.

- “Pression” sur l’UE -

Ces quatre prochaines années, Vienne souhaite au total limiter à 1,5% de la population autrichienne (8,5 millions d’habitants) le nombre des demandeurs d’asile supplémentaires dans ce pays, soit 127.500 personnes de 2016 à 2019.

Il s’agit aussi par cet objectif chiffré d’”exercer une pression” sur l’UE afin d’obtenir une accélération dans la mise en oeuvre de mesures pour stopper les migrants, selon les dirigeants autrichiens.

Nous avons besoin d’une forte réduction (du nombre des arrivées de migrants dans l’UE, ndlr) dans les six à huit prochaines semaines“, avant la fin de l’hiver, a également lancé le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, aux eurodéputés réunis à Strasbourg.

Plus d’un million de migrants ont rallié le continent européen en 2015. Selon des estimations de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 31.000 arrivées ont été enregistrées en Grèce depuis le début de l’année, soit 21 fois plus qu’en janvier 2015.

L’exécutif européen pourrait proposer en mars un nouvel outil de gestion du flux sous la forme d’une refonte du système dit de Dublin, bafoué depuis de nombreux mois.

Au lieu de faire traiter la demande d’asile par l’Etat membre où le migrant est entré dans l’UE, comme le prescrit la règle européenne, chaque Etat se verrait attribuer un quota permanent de réfugiés en fonction de sa taille, de son PIB, etc.

L’idée de la Commission est d’arriver à un système de “relocalisation” permanent, alors que le système défini en septembre ne porte que sur un nombre limité de 160.000 réfugiés.

Les températures sont désormais très basses tout au long de la route de l’exode et une fillette d’environ cinq ans ainsi qu’une femme sont mortes de froid mercredi en tentant d’atteindre l’île grecque de Lesbos au départ des côtes turques.

Source : l’Express, 20/01/2016

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Berlin critique les quotas de migrants voulus par l’Autriche

Le ministre allemand de l’Intérieur a déploré jeudi la décision unilatérale de l’Autriche d’instaurer des quotas de demandeurs d’asile et un renforcement des contrôles à ses frontières.

C’est pour ça que j’aime les Allemands…

Le ministre allemand de l’Intérieur a déploré jeudi la décision unilatérale de l’Autriche d’instaurer des quotas de demandeurs d’asile et un renforcement des contrôles à ses frontières.

“La décision de l’Autriche ne concerne que l’Autriche. Nous nous concentrons sur une solution européenne”, a déclaré Thomas de Maizière.

“Nous misons sur les solutions européennes communes qui ont été approuvées mutuellement et nous souhaitons éviter aussi longtemps que possible les solutions nationales, en particulier celles qui ont des conséquences pour les autres”, a ajouté le ministre allemand.

L’Autriche souhaite limiter le nombre de demandeurs d’asile à 1,5% de la population, une mesure étalée sur les quatre prochaines années. Environ 90.000 personnes, soit un peu plus de 1% des 8,5 millions d’habitants du pays, ont déposé des demandes d’asile l’an passé.

Cette initiative va à l’encontre des efforts déployés par l’Allemagne pour dégager une solution européenne avec le soutien de la Turquie.

Source  21/01/2016

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UE : si Schengen s’effondre, l’euro sera menacé, dit Juncker

Si l’espace européen Schengen de libre circulation venait à disparaître, c’est la monnaie unique, l’euro, qui serait rapidement menacé, a déclaré mercredi à Strasbourg le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

OB : On voit bien, ici, le coeur du projet UE : le pouvoir financier (qui permet de lutter contre la Démocratie) qui est donc autrement plus important que la libre circulation des personnes…

Revenant, devant les députés européens, sur l’incapacité des Etats à mettre rapidement en ÷uvre les mesures qui devraient permettre de contrôler les frontières extérieures face aux flux de migrants, il a souligné le “coût” d’une fermeture des frontières intérieures déjà appliquée par certains pays.

“Nous avons, pour ce qui est de Schengen, un comportement qui se caractérise par sa légèreté. Nous fermons l’une après l’autre les frontières en Europe. Lorsque nous les aurons toutes fermées, nous verrons que le coût du non Schengen est considérable”, a-t-il affirmé.

L’ancien Premier ministre luxembourgeois a évoqué les 1,7 millions de travailleurs frontaliers et les “57 millions de mouvements de transport routier transfrontalier” (par an) qui bénéficient de l’espace Schengen.

“Rien que sur le pont entre le Danemark et la Suède, le fait de la réintroduction des contrôles aux frontières comporte un coût de 300 millions (d’euros). Les pénalités, sous forme de délais d’attente aux frontières pour les camions, se chiffrent à 3 milliards”, a-t-il souligné.

“Si les frontières sont fermées, si le marché intérieur commence à souffrir de conséquences, non maîtrisées parce que non maîtrisables, de la réintroduction des frontières, il est évident que viendra le jour où on se posera la question de savoir si vraiment il nous faut une monnaie unique si on n’a plus de marché intérieur et si on n’a plus de libre circulation des travailleurs”, a conclu Jean-Claude Juncker.

Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, dont le pays prend la présidence tournante de l’UE, a confirmé que la mise en ÷uvre des décisions du Conseil européen de décembre était sa priorité : création d’un corps de garde-frontières européen, de centres d’enregistrements des migrants aux frontières, relocalisation des demandeurs d’asile et concrétisation des accords conclus avec la Turquie pour aider ce pays à accueillir les réfugiés sur son sol.

“Nous sommes tous dans le même bateau. Les chiffres actuels ne sont pas viables. Le temps presse. Nous avons besoin d’une réduction rapide du nombre de réfugiés dans les six à huit semaines qui viennent”, a-t-il dit.

Source : Zaman, 21/01/2016
 

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