jeudi 16 juillet 2015

Pourquoi La Grèce A Préféré L'Euro À L'Indépendance...



Mais pourquoi la Grèce accepte encore une tutelle aussi brutale?


Même si, à l’heure où j’écris ces lignes, une incertitude subsiste avant le vote du parlementl’acceptation par Alexis Tsipras de l’accord de lundi amène à se demander pourquoi les Grecs peuvent donc bien accepter un tel plan, humiliant, inhumain et contraire aux deux derniers votes des citoyens.

Une double explication

Après tout, le plan auquel sont arrivés les dirigeants de la zone euro semble totalement aberrant. Il reprend très largement la logique des plans honnis, destructeurs et inefficaces du passé. Et outre le FMI, bien des économistes en dénoncent la logique. La raison pour laquelle Alexis Tsipras l’a accepté est simple : le refus de sortir de l’euro, alors que cela ne semblait pas poser de problème au camp adverse. Dès lors, le nouveau gouvernement jouait forcément perdant dans cette négociation. D’où l’aberration d’accepter un plan dont il sait pertinemment qu’il n’est pas tenable, tout cela parce qu’il craignait plus encore de sortir de l’euro, ce qui semble effarant tellement le pays a souffert depuis cinq ans et alors que tous les économistes qui ont étudié les fins d’union monétaire montrent que cela n’est pas compliqué.

Il faut dire que les choses ne sont pas uniquement du ressort du rationnel ici. Deux éléments fondamentaux semblent rentrer en compte pour les Grecs. D’abord, pendant une trentaine d’années, l’Europe a apporté des fonds et accompagné le pays dans son développement et la transition démocratique, d’où un préjugé sans doute extraordinairement favorable pour tout ce qui vient de Bruxelles. En outre, la Grèce est un petit pays qui fait face à un puissant voisin, bien plus grand et peuplé, la Turquie, avec lequel il a été en guerre à Chypre. D’où, outre un fort budget militaire, une probable nette préférence pour faire pleinement partie du premier cercle du club européen pour ne pas se sentir seul face à ce grand pays qui continue sans doute à inquiéter, d’autant plus que le régime en place est plus assertif.

Une capitulation prévisible

Tout ceci était malheureusement prévisible. Si Syriza dénonçait la tutelle de la Grèce et l’austérité, il se gardait bien de critiquer l’euro, annonçant vouloir y rester… au point, pour Alexis Tsipras, de préférer rester dans l’euro plutôt que de mettre fin à la tutelle et à l’austérité, en acceptant un plan jumeau des plans signés en 2010 et 2012, qu’il dénonçait alors…  Malheureusement, les mêmes mécanismes qui expliquent les plans des années passées restent à l’œuvre. En mars 2010, débattant alors avec Roland Hureaux, j’écrivais que « le supplice de l’euro peut encore durer quelques années (2, 5, 10 ?) en Grèce», du fait d’un contexte psychologique peu favorable à la rupture de la part d’Athènes. 



En somme, quitte à être un peu caricatural, la Grèce est aujourd’hui un peu comme un enfant qui a été chéri et bien élevé par ses parents pendant une trentaine d’années et qui ne parvient pas à voir et à se rebeller contre ces parents devenus, depuis cinq ans, des tortionnaires autocratiques. Jusqu’à quand ?

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