Vendredi 11 heures, auditorium du Mémorial Nehru, New Delhi
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Voilà comment tout est arrivé. Hollande parle depuis une dizaine de minutes de l’importance des relations franco-indiennes, vantant notamment la démocratie indienne, comme la plus grande du monde (c'était la troisième fois qu’il reprenait l’expression depuis le début du voyage). Son discours glisse alors sur le terrain économique : «Des entrepreneurs que je rencontrais me disaient qu’ils avaient peur que la croissance (indienne, ndlr) ne dépasse pas 8, 9, 10%. J’en rêvais. Leur crainte c’est de n’obtenir que 5%. Ce serait une très grande performance pour la France mais un risque pour l'économie indienne parce que vos besoins liés à la progression de la population, à son besoin d’accéder au marché de consommation, aux biens durables, exige une croissance forte.» Jusque-là tout va bien. L’assistance, les casques de traduction sur les oreilles écoute religieusement le chef de l’Etat parler. Il poursuit : «Nous en France nous luttons pour que la croissance ne soit pas en dessous de zéro.» Et là, sans prévenir, un rire parcourt l’assistance. Pas un rire à gorge déployée. Juste un petit rire pincé qui a du mal à ne pas cacher une certaine supériorité. Alors Hollande de reprendre sur un ton affirmé, et résolument premier degré : «Nous y parviendrons.»
Ce matin un éditorial du Hindustan Times ne disait pas autre chose. Mais avec des mots cette fois. «Le problème de la France, comme celui d’une partie de l’Europe, c’est le déclin de sa compétitivité économique. Les entreprises francaises ont certes une réputation de qualité mais une qualité qui ne peut pas concurrencer les pays d’Europe du Sud. Ceci explique pourquoi les entreprises indiennes ont peu d’intérêt à chercher des partenaires français.» Et le journaliste d’enfoncer le clou ultime : «Même la petite Belgique est un plus grand partenaire commercial que la France.»
Voyage de Hollande : la caravane passe, l'Inde reste - Libération
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