La dramatique conclusion de la consultation organisée dimanche par l'UMP s'inscrit dans la logique de la défaite de la droite en mai dernier. Il aurait suffi que MM. Copé et Fillon n'utilisent pas la campagne pour la présidence du parti comme le champ clos de leurs ambitions personnelles dans la perspective de la présidentielle de 2017. Cette compétition était prématurée. La droite avait mieux à faire qu'à entamer une guerre civile, elle avait à tirer des conclusions de sa défaite, à réfléchir sur elle-même et à préparer les conditions de sa recomposition.
Car c'est bien de recomposition qu'il s'agit. La défaite de mai nous a appris ou plutôt a confirmé ce qu'on savait, à savoir que si la droite, majoritaire dans le pays, a été battue, c'est du fait de la fracture qui la divise, fracture qui affecte même sa composante principale : l'UMP. On sait où passe cette ligne de fracture. Elle oppose une droite plus moderne, plus ouverte, à une droite plus conservatrice, plus identitaire. Cette définition est schématique, mais on en connaît les déclinaisons. L'une et l'autre de ces droites sont respectables.Nicolas Sarkozy sut un temps les réunir. À tort ou à raison, dans les derniers mois de son mandat, il radicalisa sa stratégie. La défaite sanctionna ce choix. En décidant d'en découdre avant même de tirer les leçons de l'échec, Copé et Fillon viennent d'approfondir cette fracture. Elle est désormais irréparable. Ils ont signé d'une certaine façon la mort de l'UMP, ils ont mis la droite dans le coma.
Renouvellement de la carte politique
Il va donc falloir que celle-ci se reconstitue. Ce sera, hélas, sur des ruines. Celles-ci assureront le temps qu'il faudra la prospérité du Front national et apporteront un aliment inespéré aux espérances du centre. Naguère encore, la droite était le pivot autour duquel se définissaient l'extrême droite et le centre. Aujourd'hui, la droite est condamnée à trouver le chemin qui lui permettra de se régénérer entre l'extrême droite et le centre, devenus les seules forces légitimes d'opposition au pouvoir socialiste.
Il se pourrait que ce triste retour des choses annonce un renouvellement important de la carte politique française. La droite, en effet, n'est pas la seule force concernée par l'évolution des mentalités et des attentes politiques du peuple. Si l'on infère de ce qui se passe aujourd'hui à droite que la droite n'est plus dans la droite, que dire de la gauche au pouvoir ? Est-elle exactement dans la gauche ? L'y sera-t-elle demain ? Les gages que donne François Hollande au libéralisme vont-ils dans le droit fil de la doxa socialiste ? On peut en douter. Ce fameux mariage de ce qu'il faut de socialisme et de ce qu'il faut de libéralisme qu'avait inventé Giscard et entretenu Mitterrand n'apparaît-il pas aujourd'hui comme une nouvelle promesse ? N'est-ce pas ce que souhaite confusément le peuple ? C'est en tout cas la tendance que laissent apparaître les épisodes de la vie politique récente. Une extrême droite solide, une gauche radicale et, au centre, une force majoritaire. Deux Français sur trois, disait déjà Giscard... L'amorce de la fin de la Ve République.
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