vendredi 5 octobre 2012

Affaire Karabatic : l' exemple type du rideau de fumée commandité par le pouvoir


Affaire Karabatic : qui perd gagne…

source : Boulevard Voltaire et Rue89


Je n’ai jamais été un supporter de l’équipe de FRance de handball.
Mon absence de soutien résultait surtout de cette coutumière et désagréable exhortation médiatique lors des grandes compétitions sportives, où bon nombre de journalistes abandonnent exceptionnellement leur hostilité à toute forme de patriotisme, au profit d’un chauvinisme primaire. Bien qu’admettant la suprématie des Experts dans cet éprouvant sport collectif, j’avais été particulièrement agacé par le risible show des joueurs lors de la remise des médailles, ainsi que par les propos revanchards de leur entraîneur, Claude Onesta.
Aussi, à l’annonce de la mise en examen de plusieurs joueurs du club de Montpellier, suspectés d’avoir parié sur la défaite de leur club, j’avoue avoir éprouvé un bas sentiment de satisfaction, celui que l’on ressent lorsque des gens célèbres sont pris la main dans le sac. Cette sensation s’est pourtant rapidement dissipée, lorsque l’affaire se transforma en scandale national avec l’implication de Nikola Karabatic, emblématique joueur de l’équipe de France et considéré comme l’un des meilleurs joueurs du monde.
On a tout de même du mal à imaginer pourquoi ce dernier aurait pris le risque de ternir sa prestigieuse carrière en participant à une minable escroquerie de pieds nickelés, qui lui aurait rapporté moins de 10 000 euros, alors qu’il percevait un salaire mensuel dix fois supérieur. Si les faits sont confirmés, les coupables devront être sévèrement sanctionnés, par la justice et la fédération de handball. Mais comment va-t-on démontrer que les joueurs mis en cause ont volontairement perdu le match ?
Certes, il semble impensable que des joueurs, ayant parié sur leur défaite, aient livré toutes leurs forces lors de la rencontre, d’autant plus que Montpellier était déjà assuré du titre tandis que son adversaire jouait le maintien. Sans aveux, prouver la fraude sera fort difficile, et l’avocat des handballeurs, le redoutable Éric Dupond-Moretti, va jouer sur du velours.
L’enquête est loin d’être terminée, mais on peut observer que Nikola Karabatic, dont la responsabilité reste mineure puisqu’il n’avait pas participé au match, est déjà l’objet d’innombrables railleries, toujours plus détestables quand elles proviennent de ceux qui l’adulaient il y a encore deux mois. D’autre part, il est illusoire de penser que c’est en interdisant les paris en ligne que ce type d’arrangements qui déshonorent le sport sera endigué. La corruption a malheureusement toujours existé dans ce milieu (souvenons-nous simplement de l’affaire OM-VA ou de la victoire d’étape de Richard Virenque sur le Tour de France 1997, achetée 100 000 francs).
Enfin, ce qui est le plus à déplorer, c’est la place insensée qui a été consacrée à l’affaire, symbole de l’empiétement croissant des nouvelles sportives sur le reste de l’actualité.
Car, en supposant que cette consternante escroquerie soit avérée, force est de constater que les médias se sont bien plus attardés sur elle que sur celles qui entachent régulièrement le monde de la finance, pourtant opérées à une toute autre échelle.

Vous croyez qu'on exagère ?
Alors lisez le billet de Daniel Schneidermann | Fondateur d'@rrêt sur images (un homme de droite comme tout le monde le sait...)

Si vous êtes un heureux télespectateur de Laurent Delahousse, ou un heureux auditeur du journal de 8 heures de France Inter, vous savez déjà qu’il s’est produit, dimanche, un événement considérable, de nature à faire trembler la République sur ses bases : le placement en garde à vue de plusieurs joueurs de handball, soupçonnés d’avoir parié plusieurs milliers d’euros sur des matches de leur club.

L’événement a partout mérité la première place et les directs haletants, loin devant la première manif’ de gauche du quinquennat, contre le pacte budgétaire

C’est-à-dire que tous disent à la France : dans ce pacte, savez-vous, rien de fondamental. Ne vous alarmez pas. Ce n’est qu’un épisode du feuilleton, un de plus, il y en aura d’autres.

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