dimanche 4 mars 2012

La magie de l' euro : la Grèce dépose le bilan sans faire défaut sur sa dette



Le "Gentlemen's agreement" d' Athènes avec les détenteurs privés de sa dette fera l'objet d'un examen appronfondi début mars afin de décider s'il y a défaut ou non.


Il n'est pas très aisé d'estimer si "techniquement" la Grèce est en défaut ou pas. Ses créanciers essayent de s'accorder sur les montatnts et échéances de sa dette souveraine. Au cas ou les accords venaient à se confirmer, effectivement, la majeure partie de la dette de la Grèce fera l'objet d'un nouveau calendrier de paiement (l'échéancier) et sera étalée sur 30 ans, elle sera amputée des 107 milliards d’euros que les organismes bancaires accepterons d'abandonner. Le taux d’usure devrait fluctuer entre 2% et 4%. Cet emprunt ne devra être remboursé qu’ à partir de la 11eme année, et cela aura un impact substantiel sur la charge de la dette de la Grèce qui devrait, nous dit-on, passer de 160 à 120% a l’horizon de 2020.


La raison pour laquelle Standard & Poor’s -suivi ce samedi par Moody- a dégradé la note de la Grèce au niveau de défaut sélectif tient au fait que le secteur privé est d’accord sur cette restructuration de manière volontaire. Il y a évidemment de quoi se poser des questions. Martin Blessing, le patron de la Commerzbank a eu ce mot explicite : »la participation est aussi volontaire que la confession au temps de l’inquisition ».


Compte tenu de ce qui précède, la question de savoir si les émetteurs de Credit Default Swaps se pose. L’International Swap and Derivatives Association, qui regroupe les émetteurs de CDS, a conclu que, la Grèce n’étant pas dans un cas de défaut, il ne s’agissait pas d’un « évènement de crédit » qui par lui-même engendre une obligation pour les émetteurs de ces CDS de rembourser le crédit qu’ils ont garanti. Il est intéressant de noter que le montant total des CDS de la Grèce s’élevé à 3,2 milliards d’euros (moins d’1% de la dette grecque !). Cette position fait hurler ceux qui se croyaient garant contre ce risque. Mais il est difficile de plaider que la Grèce n’est pas en défaut et de forcer le paiement de la perte acceptée par les créanciers du pays par les assureurs.
Malgré cela, la Banque Centrale Européenne ne peut plus accepter d’obligations grecques en gage de prêts aux banques. Le défaut sélectif rend la chose juridiquement impossible…du moins pour le moment. On espère que les 800 banques qui viennent d’engranger la seconde manne de 529 milliards d’euros de prêts de la BCE à 1% à trois ans vont utiliser ces capitaux pour racheter des obligations souveraines. En tout cas, elles auront le bonheur d’avoir une marge de 100% sur les nouvelles obligations grecques : emprunter à 1% et prêter à 2%, représente une belle marge sans utilisation de fonds propres.




Il s’agit bien évidemment d’une grande histoire de science-fiction. Les parties concernées ont cherché à trouver une mesure de restructuration de la dette grecque qui ne la mette pas techniquement en défaut. Mais la Grèce est effectivement en faillite.


finance.blog.lemonde