Deux ou trois guerres de retard
François Hollande, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve, Jean-Yves Le Drian, tous nous disent et redisent depuis un mois que la France est « en guerre ». Les attentats contre Charlie-Hebdo et l'hyper-cacher de janvier dernier n'avaient pas suffi pour leur ouvrir les yeux. Ceux de novembre, les 130 morts du Bataclan et des terrasses des restaurants du XIème arrondissement de Paris leur ont, enfin, fait comprendre la gravité de la situation.
Oui, nous sommes en guerre depuis longtemps ou plutôt on nous a déclaré la guerre il y a déjà des années. Qui « on » ? Le monde musulman. Depuis quand ? Depuis décembre 1979, très précisément, quand l'ayatollah Khomeiny a débarqué triomphant à Téhéran (avec la bénédiction de toutes les « Grandes puissances » y compris et à commencer par la France) et qu'il a officiellement déclaré la guerre à l'Occident. Pourquoi ? Parce que l'Islam avait une revanche à prendre sur l'Occident qui l'avait dominé pendant quelques siècles, que cet Occident commençait à agoniser et que le communisme qui avait été pendant des décennies l'autre alternative s'était totalement effondré.
Nos dirigeants ont donc fait un grand pas en avant en reconnaissant, enfin et du bout des lèvres, cette « guerre de civilisation », « de religion » qu'ils niaient farouchement jusqu'à présent, en jouant les autruches enfonçant leur petite tête dans les sables mouvants d'idéologies vasouillardes. Mais il leur reste maintenant -et il y a urgence- à comprendre ce qu'est cette guerre et à trouver comment y faire face.
Jusqu'à présent, la France a toujours eu –au moins- une guerre de retard. En 14, nos fantassins chargèrent avec des pantalons garance ce qui les transformait en cibles évidentes ; en 39, nos troupes se calfeutrèrent dans les casemates de la Ligne Maginot ce qui permit aux chars de Guderian de les contourner. Et aujourd'hui, pour cette 3ème guerre mondiale ? On ne sait pas trop…
Il y a, évidemment, deux façons de désigner notre ennemi. On peut dire qu'il s'agit d'une poignée de terroristes, de quelques dizaines, voire quelques centaines de jeunes paumés, nés en France, dans des banlieues pourries, « issus de l'immigration » et qui, après la petite délinquance, la drogue et la prison, se sont trouvé l'alibi de l'Islam pour se venger d'une société dans laquelle ils n'avaient pas su trouver leur place.
Mais on peut dire aussi, pour peu qu'on soit lucide, qu'il s'agit… d'un milliard et demi de musulmans qui, de l'Atlantique au Pacifique, en Afrique, au Proche-Orient, au Moyen-Orient, en Asie centrale et jusqu'aux Philippines, se sentent encore colonisés par « l'impérialisme occidental », avec sa culture, son dollar, sa technologie triomphante et qui veulent retrouver leur place au soleil, écraser « Satan » et s'imposer sur la planète.
Certes, le « Califat » -autoproclamé (comme l'ont toujours été tous les califats)- ne règne, pour l'instant, que sur une partie de l'Irak, un bon morceau de la Syrie et certaines zones de la Libye, mais on brûle des églises au Nigéria, au Kenya, au Pakistan, en Indonésie, un peu partout et il est évident que les Islamistes sont prêts au combat en Algérie, en Tunisie, au Mali, en Centrafrique, en Tanzanie, dans tous les pays du Golfe, en Inde, etc. avec partout, dans toutes les mosquées, des imams qui appellent à la guerre sainte et qui mobilisent leurs troupes déjà fanatisées.
Or, nos « paumés de banlieue » se sont mis aux ordres du Califat (que soutiennent discrètement les pays du Golfe) et tentent de noyauter toute notre communauté musulmane. C'est là le danger immédiat mais il est évidemment dérisoire en face de cette 3ème guerre mondiale qui se prépare.
En déclarant à son tour « la guerre », François Hollande envoie les Rafales bombarder le Califat, la Légion patrouiller au Mali et en Centrafrique et les CRS investir plus ou moins les quartiers pourris. En clair, notre aviation fait des trous dans le désert irako-syrien, nos Légionnaires cherchent des aiguilles dans les dunes subsahariennes et nos policiers se font caillasser dans nos banlieues.
Et Hollande continue à entretenir les meilleures relations avec les potentats des pays du Golfe et à faire mine de croire que l'Islam est compatible avec notre démocratie, tout en nous interdisant de faire le moindre amalgame entre islamiques et islamistes comme si les premiers ne rejoignaient pas de plus en plus les seconds. D'un coté, c'est du Munich en permanence, de l'autre de ce qu'il faut bien appeler du… négationnisme.
C'est bel et bien avoir -au moins- deux guerres de retard. Mais il est vrai que, pour Hollande, cette guerre mondiale qui risque, au cours de ce siècle, de détruire notre monde n'est que « tout bénéfice ». Elle lui permet de se déguiser en Clemenceau et il est convaincu qu'elle lui donne de sérieuses chances de se faire réélire. Sauf que… Clemenceau a gagné la guerre de 14 et… n'a pas été élu président de la République.
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