Quand les banques d'investissement font disparaître leurs traders
Et voilà, la boucle est bouclée..., l'essor du high frequency trading n'a pas fini de nous surprendre..., et c'est super pratique pour les banques... En plus, un algorithme (à moins de le programmer pour) ne prend pas en compte, ce qui est éthique et ce qui ne l'est pas, ce qui est moral et ce qui est immoral. Bref, comme on dit : « L'argent n'a pas d'odeur... »
Mais il me paraît bon de rappeler, que comme le disait Michel Rocard, la masse monétaire mondiale est, certes, de 800.000.000.000.000 de dollars, mais l’économie réelle ne représente que 2% de cette masse monétaire.
Alors qu'est-ce qui prévaut ? La réalité (et le monde qui nous entoure) ? Ou les capacités du virtuel ?
+ VIDEO. Chez Goldman Sachs, le desk actions ne compte plus que 2 traders contre 600 à son pic en 2000. Ce sont près de 3000 postes de traders qui ont ainsi disparu depuis quatre ans, sous l’effet de la bascule vers le trading électronique.
A son pic en 2000, le desk de trading actions de Goldman Sachs à New York employait 600 traders. Aujourd'hui il n'en reste plus que 2. « Ces 600 traders, ils occupaient beaucoup d'espace pour s'asseoir », a déclaré Martin Chavez, le responsable de la tech et futur directeur financier de la firme américaine à un colloque d'Harvard sur l'impact des nouvelles technologies sur l'économie.
Un chiffre qui a créé une onde de choc chez ses concurrents. Non seulement le « gourou » tech de Goldman Sachs brisait un tabou : toutes les banques y compris Goldman s'étaient toujours attachées à axer leur discours sur la libération de nouveaux emplois mieux valorisés grâce à l'informatisation. Mais il reflétait aussi une bascule sans précédent vers le trading électronique : 99 %, là où l'industrie plafonne à 75 % sur les actions, et à 45 % toutes classes d'actifs confondues.
«Nos équipes du trading actions travaillent toujours avec les mêmes traders de Goldman Sachs, leur nombre n'a pas diminué !», a réagi ainsi le représentant d'une grande banque anglo-saxonne adverse. «Je ne vois pas comment ils ont pu atteindre ce chiffre si faible. Ils ont certainement changé les intitulés de postes», dit celui d'une banque européenne.
Les front-offices, premier poste de coûts
De fait, ces 600 traders «historiques» ont été remplacés par quelque 200 ingénieurs informatiques, capables de gérer les systèmes en étant à la fois moins nombreux et aussi surtout moins coûteux. Selon le cabinet Emolument, un trader peut espérer environ 600.000 dollars de rémunération moyenne, bonus compris, là où un ingénieur informatique prétend à une enveloppe globale jusqu'à cinq fois moins élevée.
La nervosité des concurrents de Goldman Sachs reflète la sensibilité de l'enjeu économique que représente la bascule vers le trading électronique pour les banques d'investissement. «La rémunération des équipes dites de front-office sont le premier poste de coûts des banques d'investissement, autour de 40%, explique Philippe Morel, en charge des activités de marchés au niveau mondial du BCG. Et il est plus facile et plus rapide de s'atteler à l'automatisation des front-offices que des back-offices, qui supposent des collaborations avec leurs concurrents». Jusqu'à présent, près de 3000 postes de traders actions, taux et change ont disparu, sur 6000 suppressions d'emplois engagées depuis 2012 au sein des douze plus grandes firmes mondiales sur ces métiers, selon le cabinet Coalition.
Pression conjointe des régulateurs et des traders haute fréquence
Des coupes drastiques qui obéissent à une triple pression. Celle de la baisse impérative des coûts, la rentabilité des BFI s'étant complètement érodée depuis la crise. Là où certaines dégageaient jusqu'à 40% de retour sur fonds propres, elles ne génèrent plus qu'à peine 7%.
Celle, ensuite, des clients corporates et des régulateurs qui les contraignent à faire transiter les ordres par des «multi-dealer platforms» pour plus de transparence et de traçabilité après les scandales de manipulation. Sur ces systèmes de trading électronique, les banques sont directement en concurrence les unes avec les autres pour offrir leur prix aux clients.
Enfin, s'est ajouté un troisième vecteur de pression : l'arrivée de nouveaux acteurs non bancaires et peu capitalisés, les «portfolio trading firms» (traders haute fréquence) comme XTX, Citadel Securities, KCG, ou Virtu qui se sont imposées en tête des firmes de trading sur les changes et des dizaines d'autres classes d'actifs.
Un ingénieur informatique pour quatre traders taux
Or même en 2017, seule une partie des actifs les plus «vanille», classiques, les actions, les devises du G10, et les obligations d'Etat sont traitées de manière automatique par des algorithmes au sein des plus grandes banques d'investissement. Plus de la moitié, comme les options de taux et les obligations d'entreprises, y échappe encore. Même chez Goldman, la bascule est loin d'avoir atteint son point culminant. Après les métiers actions, la firme travaille aux métiers de taux. Quatre traders de taux peuvent être substitués par un ingénieur informatique, a érigé comme règle Martin Chavez.
Source(s) : Lesechos.fr via Contributeur anonyme
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