Du plafond de verre du Front National
Cette année, il semble acquis que Marine Le Pen sera, comme son père en 2002, au second tour des élections présidentielles. Mais les sondages en vue du second tour semblent indiquer, à date, qu'elle serait très largement battue par Emmanuel Macron, jusqu'à 65% ! Même si les sondages doivent être pris avec des pincettes, il semble que le plafond de verre des régionales soit toujours là.
Une complète impasse politique
Bien sûr, les frontistes pointent les progrès faits par leur parti au premier tour, qui rassemble aujourd'hui un quart des votants depuis les européennes, confirmé lors des régionales, et qui semble pouvoir rééditer ces chiffres en avril. Et parce que la défaite semble très probable en 2017, certains commencent déjà à dire que le FN accèdera au pouvoir en 2022 (cinquante ans après la création du FN), comme ils évoquaient 2017 en 2012… En fait, n'est-il pas totalement incroyable que Macron domine à ce point Le Pen dans les sondages de second tour, alors qu'il est une forme de concentré de cette pensée unique qui a échoué depuis des décennies tout en étant dans la continuité de Hollande ?
Bien sûr, les sondages se sont souvent trompés, mais là, les écarts sont trop importants pour ne pas être pris en compte, d'autant plus qu'ils confirment ce qui s'est passé aux régionales et que les protagonistes sont largement connus. D'ailleurs l'enquête régulière du Monde sur l'adhésion des Français aux idées du FN démontre une grande stabilité dans le temps : 32%, comme en 2013… et comme en 1991 ! Un fort rejet de ce parti subsiste malgré les campagnes de dédiabolisation, 58% le jugeant dangereux pour la démocratie, une barrière sans doute infranchissable pour espérer parvenir au pouvoir, d'autant plus que 72% des Français sont opposés, à date, au passage de l'euro au franc.
Bref, même s'ils ont progressé ces dernières années, le FN et Marine Le Pen restent dans une position où ils restent loin du pouvoir. Et plus que les affaires qui les rapprochent des autres partis ou les innombrables autres raisons, je persiste à penser que la très grande faiblesse de leur argumentation économique joue un rôle non négligeable, surtout pour un parti qui propose des changements aussi fondamentaux que le retour à une monnaie nationale, la sortie de l'UE ou du protectionnisme. Et pour avoir vu l'intervention de Marine Le Pen à L'Emission Politique, ou entendu son responsable du projet, Jean Messiha, lors du grand rendez-vous d'Europe 1 dimanche matin, je ne vois pas de progrès.
Pourtant économiste, ce dernier a été incapable de répondre à des questions faciles, basiques, et pas nouvelles sur la dévaluation du franc, la baisse de pouvoir d'achat ou l'impact sur la dette, se contentant de répondre que cela nous libèrerait. Très très court pour répondre à la peur que distillent les partisans du veau d'or européen. En outre, l'idée d'une sortie étalée sur plusieurs mois est complètement absurde, une mauvaise idée du FN à ce sujet de plus… Avec de tels avocats, pas étonnant que l'idée stagne dans l'opinion. Et sur France 2, Marine Le Pen s'est contenté de citer en exemple Trump sur le protectionnisme, un peu court à nouveau étant données les limites de son action.
Finalement, devant tellement de superficialité dans l'argumentation, j'en viens même à me demander si la famille Le Pen souhaite véritablement le pouvoir et si elle ne se contente pas de vivre confortablement sur la rente politique que leur offre leur mouvement.
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