mercredi 29 juin 2016

Le Monde, entre Pravda eurobéate et relativisme historique répugnant

Le Monde, entre Pravda eurobéate et relativisme historique répugnant

Il faut vraiment lire les réactions des grands médias aux résultats du référendum. Un exercice extrêmement révélateur de l'évolution du débat public, mais aussi de la pensée des plus extrémistes des eurobéats, qui virent dans un étrange argumentaire, entre propositions irréalistes, dénonciation d'un fascisme imaginaire, ou relativisation effarante des heures sombres de l'histoire.



Point Godwin lepénisant

En 1992 déjà, le débat sur le traité de Maastricht avait révélé la différence entre un Figaro ouvert à toutes les idées, quand le Monde faisait preuve d'un dogmatisme digne des fondamentalistes religieux les plus fermés. Et finalement, rien n'a changé en 2016. L'éditorial de une du Figaro dit « mieux vaudrait l'admettre : aucune remise à plat ne sera possible à vingt-sept. Pour sauver l'Europe, il faut être prêt à tout revoir : la méthode, les objectifs et les participants ». Bien sûr, le Figaro reste du « bon » côté médiatique, mais avec une vraie distance qui lui permet de ne pas être caricatural. Mieux, Guillaume Tabard se permet de défendre l'idée du référendum en soutenant que « consulter les Français, c'est s'exposer à un nouveau vote de défiance sur l'Europe. Mais ne pas les consulter, c'est alimenter ce rejet ».


L'emphase totalement ampoulée et excessive de BHL le dispute à des tribunes appelant à plus d'Europe, Nicolas Hulot y voyant une « tentative de mise à mort de notre meilleur bien commun : la solidarité » : on se demande bien où il a pu trouver de la solidarité dans ce projet européen qui torture le peuple Grec, tout en prétendant le sauver, alors qu'il ne vient qu'au secours des grandes banques. Il conclut, lyrique, en évoquant « ce magnifique espace de paix, de coopération et de prospérité. Notre patrie ! ». Personnellement, depuis des années, j'y vois surtout un espace de guerre économique, de déclassement social, au service seul de la prospérité des multinationales… Sans rire, Michel Barnier ose affirmer qu'« il faut désormais protéger les Européens », ne parlant que de défense, tout comme quelques eurocrates osent proposer de « rompre avec cette Union européenne exclusivement de marché ».

Il y a quelque chose de l'URSS mourante à voir les moines soldats de l'UE répéter en boucle que la crise est le produit d'un manque d'Europe et à appeler à toujours plus d'intégration alors que les peuples européens ne cessent de leur dire « non ». Mais le plus effarant est sans doute le parallèle de BHL, aussi indigne que révoltant, entre la montée du fascisme. Comment peut-on oser comparer le résultat d'un vote démocratique avec les heures les plus sombres de notre continent, par delà tous les excès aussi intolérants que snob et suffisants, démontrant qu'il n'est sans doute pas plus ouvert d'esprit que les autocrates qu'il dénonce. Non seulement il n'est pas plus nuancé que la Pravda, mais sa comparaison, parce qu'elle relativise de manière sans doute inconsciente les heures les plus sombres de l'Europe, n'est pas sans rappeler celles de la famille Le Pen, si prompte à relativiser l'Occupation…


On peut néanmoins voir dans ces argumentaires à coucher debout un vrai motif d'espérance. Les partisans de cette Europe sont nus. Ils savent que leur projet est un échec et que la sortie de Londres est un premier pas vers son démontage. Ce faisant, ils ne savent vraiment plus quoi dire.

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