vendredi 29 avril 2016

Comment les États-Unis ont couvert le rôle des Saoudiens dans le 11 Septembre, par Paul Sperry

Comment les États-Unis ont couvert le rôle des Saoudiens dans le 11 Septembre, par Paul Sperry

Le New York Post est un des plus anciens (ou, selon les critères, le plus ancien) journaux américains, encore publié de nos jours. Il a été créé en 1801. Sa ligne éditoriale est conservatrice. Il tire à près de 700 000 exemplaires

Ca chauffe bien une opinion publique…

Source : Paul Sperry, New York Post, le 17/04/2016

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Dans son rapport sur les “28 pages”, toujours censurées, impliquant le gouvernement saoudien dans le 11-Septembre, “60 Minutes”, le week-end dernier, a dit que le rôle des Saoudiens dans les attaques a été sous-évalué pour protéger la délicate alliance de l’Amérique avec le royaume riche en pétrole.

C’est vraiment un euphémisme.

En réalité, l’implication du royaume a été délibérément dissimulée aux plus hauts niveaux de notre gouvernement. Et cette dissimulation va bien au-delà d’enfermer les 28 pages du rapport saoudien dans une chambre forte du sous-sol du Capitole américain. Les enquêtes ont été étouffées. Les complices ont été laissés tranquilles.

Les agents responsables de l’enquête que j’ai interviewés à la Joint Terrorism Task Forces [l’unité de lutte contre le terrorisme du FBI, NdT] à Washington et à San Diego, la base avancée de certains pirates de l’air saoudiens, mais aussi les détectives du Département de police du comté de Fairfax (Virginie) qui ont enquêté sur plusieurs pistes concernant le 11 Septembre, disent que pratiquement toutes les routes mènent à l’ambassade d’Arabie saoudite à Washington, et au consulat saoudien à Los Angeles.

Et pourtant, encore et toujours, il leur a été demandé de ne pas remonter ces pistes. L’excuse en général était “l’immunité diplomatique”.

Ces sources disent que les pages manquantes du rapport d’enquête du Congrès sur le 11 Septembre – qui comprennent le chapitre entier concernant “le soutien étranger aux pirates de l’air du 11-Septembre” – détaille “les preuves incontestables” réunies par la CIA et le FBI de l’assistance des Saoudiens pour au moins deux des pirates de l’air saoudiens qui étaient installés à San Diego.

Certaines informations ont fuité des documents, y compris une frénésie d’appels téléphoniques avant le 11 Septembre entre un des soutiens saoudiens des pirates de l’air à San Diego et l’ambassade d’Arabie saoudite, et le transfert ensuite de quelque 130 000 dollars d’un compte du prince Bandar, ambassadeur saoudien, à un autre soutien saoudien des pirates de l’air à San Diego.

Prince Bandar Photo: Reuters

Prince Bandar

Un enquêteur qui travaillait avec la Joint Terrorism Task Forces de Washington s’est plaint qu’au lieu d’enquêter sur Bandar, le gouvernement américain l’a protégé – littéralement. Il dit que le département d’État a assigné un détachement de sécurité pour protéger Bandar pas seulement à l’ambassade, mais aussi à sa résidence à McLean, en Virginie.

La source a ajouté que l’équipe opérationnelle voulait incarcérer un certain nombre d’employés de l’Ambassade, “mais l’ambassade s’est plainte auprès du Procureur” et leurs visas diplomatiques ont été révoqués à titre de compromis.

L’ancien agent du FBI John Guandolo, qui a travaillé sur les affaires liées au 11 Septembre et à al-Qaïda pour le bureau de Washington, affirme que Bandar aurait dû être un suspect clé dans l’enquête sur le 11-Septembre.

L’ambassadeur saoudien a financé deux des pirates de l’air du 11 Septembre via une tierce personne,” a affirmé Guandolo. “Il devrait être traité comme un suspect terroriste, tout comme les autres membres de l’élite saoudienne que le gouvernement américain connaît comme finançant actuellement le djihad mondial.”

Mais Bandar a la haute main sur le FBI.

Après sa rencontre avec le président Bush à la Maison-Blanche le 13 septembre 2001, où les deux vieux amis de famille ont partagé des cigares sur le balcon Truman, le FBI a effacé de la liste des terroristes à surveiller des dizaines d’officiels saoudiens de différentes villes, y compris au moins un membre de la famille d’Oussama ben Laden. Au lieu d’enquêter sur les Saoudiens, les agents du FBI ont servi d’escorte de sécurité pour eux, même si à cette période on savait déjà que 15 des 19 pirates de l’air étaient des citoyens saoudiens.

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« Le 13 septembre 2001, le Prince Bandar est reçu sur le balcon Truman de la Maison-Blanche par George W. Bush, Dick Cheney et Condoleezza Rice – probablement pour aider des Saoudiens à fuir les États-Unis… »

Le FBI a été empêché par la Maison-Blanche d’auditionner les Saoudiens que nous voulions entendre,” dit l’ancien agent du FBI Mark Rossini, qui a participé à l’enquête sur al-Qaïda et les pirates de l’air. La Maison-Blanche “les a tirés d’affaire”.

De plus, Rossini déclare qu’il a été dit au bureau qu’aucune citation à comparaître ne pouvait être utilisée pour produire des preuves liant au 11 Septembre les Saoudiens suspects sur le départ. Le FBI a dès lors gelé les enquêtes locales qui conduisaient aux Saoudiens.

Le FBI s’est bouché les oreilles à chaque fois que nous mentionnions les Saoudiens,” affirmait Roger Kelly, ancien lieutenant de police du comté de Fairfax. “C’était trop politique pour y toucher.”

Kelly, qui a dirigé le Centre de renseignement régional, ajoutait : “Vous pouviez enquêter sur les Saoudiens, mais les Saoudiens étaient ‘hors de portée’.”

Photo: AP

Photo: AP

Même Anwar al-Awlaki, le conseiller spirituel des pirates de l’air, nous a échappé. En 2002, le religieux financé par les Saoudiens, détenu à l’aéroport JFK pour fraude au passeport, a seulement été remis à la garde d’un “représentant de l’Arabie saoudite.”

Il a fallu attendre 2011 pour qu’Awlaki soit amené devant la justice – en raison d’une attaque de drone de la CIA.

Étrangement, “le rapport de la commission sur le 11 Septembre”, qui a suivi l’enquête du Congrès, ne cite jamais l’arrestation et la remise en liberté d’Awlaki, et ne mentionne Bandar qu’en passant, son nom enterré dans les notes en bas de page.

Deux avocats de la commission qui enquêtaient sur le réseau de soutien saoudien des pirates de l’air se sont plaints que leur supérieur, le directeur opérationnel Philip Zelikow, les a empêchés d’émettre des citations à comparaître et de mener des auditions des suspects saoudiens.

John Lehman, membre de la commission sur le 11 Septembre, s’est intéressé aux liens entre les pirates de l’air et Bandar, sa femme et le bureau des affaires islamiques de l’ambassade. Mais à chaque fois qu’il a essayé d’obtenir des informations sur ce point, il a reçu une fin de non-recevoir de la Maison-Blanche.

Ils refusaient de déclassifier quoi que ce soit en rapport avec l’Arabie saoudite,” selon Lehman cité dans le livre “The Commission”.

Les États-Unis ont-ils sabordé l’enquête sur le soutien étranger au 11 Septembre pour protéger Bandar et les autres membres de l’élite saoudienne ?

Les choses qui auraient dû être faites à l’époque ne l’ont pas été,” affirmait Walter Jones, élu républicain de Caroline du Nord, qui a déposé un projet de loi demandant au président Obama de déclassifier les 28 pages. “J’essaie de vous donner une réponse sans être trop explicite.”

Un réformateur saoudien avec une connaissance directe de l’implication de l’ambassade est plus coopératif.

Nous avons fait un allié d’un régime qui a aidé à financer les attaques,” affirmait Ali al-Ahmed de l’Institut pour les affaires du Golfe basé à Washington. “Je veux dire, soyons réalistes.”

Source : New York Post, le 17/04/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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En bonus, lettre de bin Sultan au président de la Commission d’enquête sur le 11 Septembre…

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