lundi 16 juillet 2012
PSA fera t il sauter le fusible Montebourg ?
Le montant des aides aux entreprises versées chaque année correspond à celui de l’impôt sur les sociétés collecté.
On pompe le pognon des boites qui vont pas trop mal (et on les met comme ça en difficulté) pour « sauver » celles qui vont mal et enkyster ainsi des emplois inutiles et trop couteux, maintenant des salariés dans des positions instables et sous rémunératrices, alors qu’ils pourraient (moyennant quelques efforts, tout de même) s’enrichir et enrichir le pays en faisant autre chose, ailleurs.
PSA montre que Montebourg n’est qu’un petit fusible
La situation s’éclaircit. Pas pour tout le monde, soyons clairs, et certainement pas pour les ouvriers de PSA qui vont subir à la fois une tempête médiatique, politique, et surtout sociale. Mais pour certains membres du gouvernement, en revanche, la situation s’éclaircit franchement. C’est notamment le cas d’Arnaud Montebourg Du Dressement Très Progressif : de la position enviée d’homme à tout redresser, il passe à celle de bouffon coloré et impuissant. Mais surtout …
… Mais surtout, suite à l’annonce par PSA d’un plan de restructuration conduisant à la suppression de 8000 emplois et la fermeture du site d’Aulnay-Sous-Bois, on peut mesurer de façon très précise l’ampleur du pouvoir réel dont dispose le vaporeux ministre.
Pour cela, on pourra regarder tout le déroulement de l’affaire, du point de vue politique et médiatique.
Tout commence, comme il se doit, par l’annonce de la direction de PSA à ses salariés. C’est, comme prévu et largement fuité dans la presse les heures précédant l’officialisation de la nouvelle, une véritable bombe puisqu’il s’agit de fermer purement et simplement le site d’Aulnay, avec en conséquence la suppression de 8000 emplois. On ne peut s’empêcher de penser à la fermeture, 20 ans avant, du site de Renault à Boulogne-Billancourt, et on sait donc déjà à peu près ce qui fera l’actualité sociale, économique et syndicale dans le domaine automobile pour les prochains mois…
On pourrait noter que, comme pour Billancourt jadis, des signes avant-coureurs d’une santé de plus en plus hésitante de l’automobile française laissaient pourtant percevoir que ceci devait arriver un jour. La multiplication récente des primes à la casse et autres bidouilles gouvernementales pour soutenir à bout de bras cette industrie n’ont, en définitive, que repoussé au frais de contribuables déjà saignés à blanc une issue inéluctable. Par comparaison, les fabricants automobiles étrangers qui ne furent pas aidés subirent, au déclenchement de la crise en 2008, une violente chute de leur chiffre d’affaire et de leurs ventes, qu’ils ont maintenant au moins en partie rattrapés. L’industrie française, faussement protégée par les mesures gouvernementales dispendieuses, savait déjà que le retour de bâton serait douloureux. Pas étonnant, dès lors, que les rumeurs de fermetures allaient bon train depuis plusieurs années.
La suite immédiate de l’annonce n’étonnera guère que les plus jeunes d’entre nous. Comme prévu, le gouvernement, déjà au courant depuis des mois si ce n’est des années, s’est immédiatement et hypocritement placé sur ses ergots et, d’un petit cri strident et unanime, a clairement fait savoir sa totale désapprobation.
Plusieurs modes sont de mise : « Gasp ! L’entreprise a massivement reçu des subventions », « C’est un scandale car l’industrie automobile a un avenir en France », pour une Martine Aubry remontée comme un coucou suisse. En effet, pour elle, une entreprise qui reçoit des subventions massives de l’État est une entreprise qui va — forcément — bien et dont l’avenir est — obligatoirement — florissant. C’est même un signe clair, vérifié pour toutes les industries et toutes les entreprises : plus elles sont subventionnées, moins elles font faillite. Et puis Martine, qui, on l’oublie trop souvent, a elle-même conçu huit modèles différents de voitures vendues à plusieurs millions d’exemplaires, sait que cette industrie a un avenir en France. En patronne de trois grands groupes (automobiles, fusées techno-spatiales et débouteillage industriel), elle a une idée précise et pertinente de ce qu’il faut faire pour remettre toute la situation d’équerre, pif, paf, et elle ne se gênera pas pour l’exprimer.
Et pour en venir au frétillant gentleman farmer du Dressement Reproductif, il a déclaré sans ambages :
« Nous n’acceptons pas en l’état le plan présenté par PSA! »
En tout cas, le premier ministre a précisé que le ministre du Frétillement Productif aurait pour mission de présenter dans les heures qui suivent (maximum 300, plus ou moins 5%, disons le 25 juillet et n’en parlons plus) un véritable « plan de soutien » à la filière automobile. Vite vite.
Le même Jean-Paul Héraut en a d’ailleurs profité pour lancer un petit coucou sympathique à la direction de PSA, en lui demandant, si c’était possible, sauf vot’respect, d’engager une concertation bien bisou-compatible avec les partenaires sociaux, afin que toutes les options soient bien discutées, tout ça, afin de pas trop faire de casse, enfin, voilà. Évidemment, on saisit sans trop de mal que derrière sa langue de bois, Jean-Jacques Haireau est à sec pour son pistolet à eau et que sa seule arme encore capable de produire quelque chose est son petit kit à bulles Dora l’Exploratrice. C’est mignon, un petit premier ministre qui fait de jolies bulles irisées dans la tempête de Juillet…
Quant à Arnaud, lui, il a déjà rempli sa tâche. Il attendra calmement le 25 juillet pour remettre sa copie au Conseil des Ministres (une feuille petit format, petits carreaux, margée, écrit gros) dans laquelle on trouvera peut-être un malhabile dessin de voiture, un touchant poème aux rimes incertaines, ou un coloriage bigarré qui déborde un peu.
Ne nous leurrons pas : le pauvret n’a aucun pouvoir
Si on peut reprocher pas mal de choses à François Hollande (à commencer par le temps pourri qui le poursuit), on ne peut pas lui retirer un certain entregent politique et un talent de calculateur certain. Or, cette affaire PSA illustre parfaitement ce calcul qui fut mené dès le départ par le nouveau président, encombré qu’il était par ce cuistre frémissant.
Ainsi, regardez la réaction de Moscovici dans cette affaire : bien qu’en charge de toute l’économie et des finances, il fut pour le moins en retrait (il est intervenu après tout le monde) et lorsqu’il s’exprime enfin, souhaite « que personne ne soit laissé sur le carreau, qu’une solution soit trouvée à chacun », ce qui est renversant comme action, on en conviendra. En clair : le malin a laissé la presse se jeter sur Montebourg comme la misère sur le bas clergé.
Le pauvre ministre du Redressement Inductif n’a quasiment aucun pouvoir si ce n’est celui d’occuper la place, sous les sunlights. Sur le long terme, c’est assez malin pour Hollande puisque tout le monde sait déjà que les plans sociaux à la PSA vont très probablement se succéder ; à chaque fois, Arnaud devra se cogner les petites grimaces télévisuelles et les emportées lyriques sur ce que le gouvernement s’engagera à faire pour sauver tout le monde. À chaque fois, le plan social ne sera modifié qu’à la marge, histoire de lui faire vaguement conserver la face. À chaque fois, il perdra un peu plus de sa superbe, déjà passablement amoindrie après même pas deux mois de gouvernement.
Il faut se rendre à l’évidence : Montebourg n’est plus qu’un petit fusible, ou, disons charitablement, un magnifique bouclier pour Moscovici, qui pourra l’envoyer au feu à chaque nouvelle désagréable. Ce con suffisant sera, au moins au début, ravi de faire de la présence dans les productions folliculaires. Mais au rythme que la crise promet d’atteindre, il n’est pas impossible que le jouet de Hollande se lasse et tire sa révérence froufroutante.
Pendant ce temps, bien sûr, incompétence aidant, l’industrie française continuera d’agoniser.
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