lundi 21 mai 2012

Zone Euro : la faillite de l' élite dirigeante

Comme d'autres pays méditerranéens, Italie, Espagne et Portugal, la Grèce a sombré dans la mondialisation de l'économie. La prise de pouvoir de la finance n'explique pas tout.


Pourquoi des pays comme la Chine, l'Inde, le Brésil s'envolent, pourquoi l'Allemagne reste à flot et pourquoi nous, Latins, sommes en train de sombrer corps et biens ? Peut-être parce que la Grèce, comme nous, est un pays d'abstractions et de concepts, philosophiques ou mathématiques, que nous brassons à l'infini sans jamais atterrir dans le concret. 


Alors que des pays comme l'Allemagne ont, par exemple, su bâtir une continuité entre l'abstraction et le monde économique réel.
Comparez leurs Chambres de Commerce à nos Missions économiques. Comparez leurs formations scientifiques et techniques aux nôtres, lesquelles chez eux couvrent toute la gamme des compétences, depuis l'apprentissage bien connu jusqu'aux écoles d'ingénieurs dans lesquelles TOUS les professeurs ont une forte expérience industrielle. Allez voir ce qu'il en est à l'école des mines ou à l'école polytechnique où les professeurs sont recrutés pour leurs connaissances abstraites et surtout pas pour celles du monde économique réel qu'ils ne connaissent d'ailleurs pas. 
Ils passent par la haute administration avant de devenir professeurs dans les écoles qui les ont formés. Ils sont même souvent "parachutés" à des postes très élevés dans les grands groupes, ce qui est beaucoup plus rare chez notre voisin allemand où l'ascension vers le sommet dans les entreprises passe par le terrain, donc par les compétences réelles.


D'où, face aux difficultés économiques résultant d'une profonde discontinuité entre monde de l'abstraction et monde réel, ce dérapage des pays latins, d'une part vers des gouvernements constitués de beaux parleurs creux, de petits "Démosthène" tous ou presque issus du même moule, où l'on enseigne à bien parler de et à bien écrire sur ce à quoi l'on ne comprend rien et, d'autre part, vers les corporatismes, la collusion et la corruption qui sont de véritables verrous empêchant toute réforme. Vers une inefficacité généralisée.


Accuser la finance sans se regarder au préalable dans un miroir ne mène à rien. Si les pays latins sont autant largués, c'est qu'ils ont loupé une marche dans la course à l'économie de la connaissance qui règne aujourd'hui sur la planète. La Chine a des ingénieurs à sa tête, nous avons des Enarques. 
Ce n'est pas la faute de la finance.