vendredi 30 mars 2012

Israel avance ses pions dans le caucase en vue d'une attaque imminente de l' Iran

Le Caucase n'en finit plus de cristalliser les tensions entre Israel et la république Islamique d' Iran.
En 2009, le chef de mission adjoint de l'ambassade américaine à Bakou, Donald Lu, a envoyé un câble au siège du Département d'Etat à Foggy Bottom intitulé «symbiose discrète de l'Azerbaïdjan avec Israël." La note de service, cité par Wikileaks, cite l'Azerbaïdjan et son président Ilham Aliev comparant les relations de son pays avec l'Etat juif avec un iceberg: «les neuf dixièmes de nos rapports sont sous la surface."


Pourquoi est-ce si important? Parce que l'Azerbaïdjan est stratégiquement situé à la frontière nord de l'Iran et, selon plusieurs sources très bien informées à l'intérieur du gouvernement des États-Unis, croient maintenant que  l'alliance entre Israél et l' Azerbaïdjan - une coopération sécuritaire renforcée - augmente la probabilité d'une attaque israélienne contre l'Iran.


Quatre diplomates de haut rang et des officiers des renseignement militaires américains affirment qu' Israël a récemment obtenu l'accès aux bases aériennes en Azerbaïdjan à la frontière nord de l'Iran. Pour quoi faire exactement ? ce n'est pas clair. "Les Israéliens y ont acheté un terrain d'aviation», glisse "sous le manteau" un haut responsable début fevrier.


Les responsables du renseignement américain sont de plus en plus préoccupé par l'expansion militaire d'Israël en Azerbaïdjan, cela complique les efforts des États-Unis pour amortir les tensions israélo-iraniennes. Les planificateurs militaires, doivent désormais planifier non seulement un scénario de guerre qui comprend l' ensemble du golfe Persique -, mais qui pourrait également inclure le Caucase. Le renforcement des relations entre Israël et l'Azerbaïdjan est également devenu un point de friction des deux pays avec la Turquie, un poids lourd régional qui redoute les conséquences économiques et politiques d'une éventuelle guerre contre l'Iran. Les hauts fonctionnaires de la Turquie ont recemment fait part de leurs préoccupations à leurs homologues américains, ainsi qu'aux Azéris.


L'ambassade d'Israël à Washington, les Forces de défense israéliennes, et le Mossad, ont tous été contactés pour commenter cette histoire mais aucun n'a souhaité répondre à nos questions.


L'ambassade azerbaïdjanaise aux Etats-Unis n'a pas répondu non plus aux demandes de renseignements concernant les accords de sécurité de l'Azerbaïdjan avec Israël. Lors d'une récente visite à Téhéran, l'Azerbaïdjan a publiquement exclu, par la voix de son ministre de la défense, l'utilisation de l'Azerbaïdjan à des fin d'attaque contre l'Iran. "La République d'Azerbaïdjan, comme toujours par le passé, ne permettra jamais un pays de tirer parti de son territoire, pour nuire à la République islamique d'Iran, que nous considérons comme un pays ami", at-il tenu a préciser.


Mais même si le gouvernement azeri respecte cette promesse, il pourrait encore fournir à Israël un soutien essentiel. Un officier du renseignement militaire américain a noté que le ministre de la Défense azéri n'a pas explicitement interdit aux bombardiers israéliens de se poser sur les bases de son pays. Il n'a pas exclu non plus la présence de bases israéliennes de recherche et de sauvetage (search&rescue) en Azerbaïdjan. Disposer d'un droit d'atterrissage - et de bases de sauvetage plus proches de l'Iran - rendrait une attaque israélienne sur l'Iran beaucoup plus facile.


"Nous suivons de près cette affaire", tente de rassurer une source américaines, un officier du renseignement travaillant à l'évaluation des conséquences d'une attaque israélienne. "Nous sommes en train de regarder ce que fait Israël en Azerbaïdjan. Et nous ne sommes pas très satisfaits de ce qui s'y passe."


L'approfondissement des relations d'Israël avec le gouvernement de Bakou, a été cimenté en Février par une vente d'armes pour près de deux milliard de dollars  qui fournira à l'Azerbaïdjan des drones sophistiqués et des systèmes de défense antimissile. Dans le même temps, les liens de Bakou avec Téhéran se sont dégradés: l'Iran a présenté une note à l'ambassadeur d'Azerbaïdjan le mois dernier affirmant que Bakou a soutenu les escadrons de la mort israéliens ciblant les scientifiques iraniens, une accusation que le gouvernement azéri a qualifié de "calomnie." 
En Février, un membre du parti au pouvoir à Bakou a suggéré que les 16 millions d'Azéris qui vivent dans le nord de l'Iran (l'«Azerbaïdjan du Sud») sont en attente d'une libération prochaine.


Et ce mois-ci, Bakou a également annoncé que 22 personnes avaient été arrêtées pour espionnage au profit de l'Iran, les charges retenues sont «préparation d'actes terroristes contre les États-Unis, Israël, et autres ambassades d'Etats occidentaux." Ces allégations ont entrainé plusieurs démentis furieux du gouvernement iranien.


Les responsables israéliens tentent de minimiser leur coopération militaire avec Bakou, en soulignant que l'Azerbaïdjan est l'un des rares pays musulmans où les Israéliens se sentent les bienvenus. "Nous pensons que dans la région du Caucase, l'Azerbaïdjan est une icône de progrès et de modernité».


D’anciennes bases désaffectées de l’ère soviétique pourraient servir de quartier général pour une opération israélienne contre l’Iran. Mais un rapport du Congrès américain estime qu’une opération israélienne serait très compliquée compte tenu de la dispersion des sites nucléaires iraniens. Le Congrès pense aussi qu’Israël n’a pas les moyens de mener une telle opération et que de toute façon, cela ne retarderait les travaux iraniens que de 6 mois au maximum. 


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