La nouvelle mascarade de Tsipras avec ses créanciers
Vendredi dernier, après quelques rodomontades du Premier ministre Grec, comme toujours depuis sept trop longues années, le gouvernement grec a fini par trouver un accord avec ses créanciers. Au menu, rien de nouveau : hausses d'impôts et 14ème mesure de coupe des retraites ! Mais pour qui se souvient de ce que promettait Syriza avant d'arriver au pouvoir, cela est absolument effarant.
La gauche dite radicale devenue social-traître
Il y a dix jours, Alexis Tsipras jouait à nouveau la comédie du Premier ministre qui défend les intérêts de son pays, réclamant, comme depuis plus de deux ans, « des mesures substancielles sur la dette ». Qui plus est, cette position est tout sauf extravagante, puisque c'est aussi celle… du FMI ! Avec ce soutien de poids, dont Berlin exige la présence pour de nouveaux accords, le jeu de Tsipras n'était pas mauvais, d'autant plus que les demandes des créanciers étaient très importantes financièrement. Du coup, il pouvait légitimement demander de véritables mesures sur la dette à ses créanciers, comme il le demande depuis plus de deux ans. Le contexte semblait bon pour obtenir quelque chose.
Mais non, comme toujours, Tsipras a capitulé sur toute la ligne, sans rien obtenir, si ce n'est de discuter du sujet de la dette le 22 mai. On ne voit pas pourquoi ses créanciers céderaient quoique ce soit alors que la Grèce a déjà accepté les nouvelles exigences de ses tortionnaires, à savoir 3,6 miliards d'économie (2% du PIB de la Grèce, l'équivalent de 40 milliards à l'échelle de la France…), de manière à maintenir un excédent primaire de 3,5% du PIB en 2019 et en 2020, quand le FMI pensait que 1,5% serait suffisant. En revanche, la Grèce serait libre une fois le seuil atteint, ce qui n'était pas le cas, puisque Athènes s'était faite taper sur les doigts pour avoir osé dépenser son excès d'excédent.
Le cocktail de mesures est assez classique : hausse d'impôts par un abaissement du seuil d'imposition et 14ème réforme des retraites en 7 ans, au point que même le Monde s'en exclame. Mais comme le démontre l'empilement des plans depuis ces sept longues années, ils ne règlent rien puisqu'il faut toujours revenir sur l'ouvrage, mois après mois. Comme auparavant, les prévisions de croissance sont tout aussi fantaisistes, puisqu'avec un excédent primaire de 3,5% du PIB, l'Etat mène une politique puissamment dépressive, ne permettant pas de reprise du marché interne, l'effondrement n'étant limité que par le contexte géopolitique qui pousse des touristes des pays arabes à aller en Grèce.
Ce faisant, Tsipras montre qu'il tient plus à son pouvoir qu'à ses idées, lui qui promettait la fin de la tutelle et de l'austérité en janvier 2015, quitte à devenir le petit télégraphe de cette troïka qu'il critiquait tant avant. Le pire, c'est que cette longue saignée de la Grèce est totalement inutile puisque dans ces conditions, Athènes ne pourra jamais rembourser. Mais des politiciens de bas étages, à Athènes comme ailleurs, sont prêts à sacrifier le peuple Grec et la démocratie de ce pays pour ne pas reconnaître leurs erreurs. Il est malheureux que l'histoire du pays pousse les Grecs à accepter cela pour l'instant, même si, heureusement, les partisans d'une véritable rupture avec l'UE semblent gagner du terrain.
En attendant, nous devons quand même nous interroger sur les raisons qui poussent tant de Grecs, et les dirigeants de pays, à mener de telles politiques, aussi destructrices qu'anti-démocratiques, sans parler de celles des créanciers. Bien sûr, la Grèce a de vraies circonstances atténuantes, mais cela montre aussi que les idéologies peuvent provoquer des aveuglements proprement effroyables.
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