Hamon, ou la logique du pire ?
Pour les optimistes, cela pourrait représenter un bienvenu coup de barre à gauche, une façon de prendre une distance avec la politique menée par le gouvernement depuis cinq ans. En somme, un moment Sanders ou Corbyn. Mais ce rejet plus que mérité des années Hollande n'est-il pas finalement bien trop limité, et fait principalement de postures tout aussi néfastes, si ce n'est plus ?
La victoire de l'apparatchik libertaire tendance Terra Nova
Comme pour les primaires des Républicains, c'est donc le troisième homme qui l'a emporté, sur une ligne décomplexée. Cette victoire des frondeurs a une vraie logique devant les reniements et les résultats de ce gouvernement, qui n'a pas tenu ses promesses, quand il n'a pas fait l'inverse de ce qu'il disait vouloir faire, quand on pense au discours du Bourget notamment. Les électeurs des primaires pouvaient-ils seulement choisir Manuel Valls comme candidat, comme un blanc-seing de cinq années extrêmement décevantes ? Il y a une logique à ce résultat, mais j'en viens à me demander si ce choix n'est pas finalement pire que celui de Valls, pour la France, la campagne, et même la gauche et le PS.
En effet, cette victoire posthume des frondeurs est-elle réjouissante tant ces frondeurs étaient d'opérette ? Bien sûr, ils ont marqué des différences avec lesquelles je pouvais être d'accord, sur l'austérité, le pacte dit de responsabilité ou la loi travail. Mais finalement, ces frondeurs, qui ne remettent pas vraiment en cause le cadre qui impose largement ces politiques, ne sont-ils pas le symbole de tout ce qui ne va pas au PS : des promesses totalement impossibles à tenir, si ce n'est avec une belle gueule de bois ensuite, une petite musique alternative qui n'est que cela, une petite musique, des postures plus destinées à se faire élire, qu'à être mises en place, comme ce revenu universel revu à la baisse.
Au final, n'aurait-il pas été plus clair pour la campagne que la politique réelle que mène le PS quand il est au pouvoir soit assumée et présente au premier tour pour permettre un véritable débat ? En outre, la ligne très libertaire et islamisto-compatible de Benoît Hamon marque une défaite de la ligne républicaine au PS : c'est la ligne Terra Nova qui l'emporte au final, avec une tonalité alternative économiquement. Mais quand Hamon propose de mutualiser les dettes ou de les faire racheter par la BCE, c'est une promesse de gascon, tant il est clair que l'Allemagne dira toujours « nein » : Angela Merkel avait clôt ce débat en 2012 en disant textuellement que cela ne se ferait pas de son vivant.
Mais ce choix a également des conséquences sur le paysage politique qui va s'offrir à nous en avril. En effet, même si Macron ne semblait pas trop avoir de problème d'espace politique, même avec Valls, là il est difficile de ne pas voir qu'un boulevard s'ouvre à lui, même s'il pourrait aussi de facto récupérer le dossard peu reluisant de plus proche représentant du gouvernement sortant… Mais le risque n'est-il pas aussi que Hamon soit trop proche de Mélenchon pour faire un bon score, tout en privant ce dernier des quelques pourcents qui pourraient lui permettre d'inquiéter Le Pen, Fillon et Macron ? La victoire de Hamon, n'est-ce pas d'abord la victoire de ce malheureux trio pour la France ?
La victoire de Hamon n'est-elle pas la victoire de ce PS qui refuse de regarder la vérité en face, refusant en parole la ligne de Valls, sans jamais rien mettre en œuvre pour rendre possible une alternative, un PS qui se donne prétendument bonne conscience, jusqu'à accepter les dérives islamistes contraires à la République. Mais une bonne chose pourrait en sortir : la disparition de ce parti.
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