Donald Trump nomme un avocat de Wall Street à la tête de la SEC
Le renard dans le poulailler...
Spécialiste des fusions-acquisitions, Jay Clayton va diriger le «gendarme» de la Bourse américaine
Après avoir été l’avocat de Wall Street, Jay Clayton sera désormais chargé d’encadrer la place financière sur le plan réglementaire. Donald Trump a en effet annoncé, mercredi 4 janvier, la nomination de ce juriste chevronné à la présidence de la Securities and Exchange Commission (SEC), le «gendarme» de la Bourse américaine. Après le feu vert du Sénat, il devrait succéder à Mary Jo White, qui avait annoncé le 14 novembre 2016 qu’elle quitterait son poste en même temps que Barack Obama quittera la Maison-Blanche, le 20 janvier.
«Jay Clayton est un expert hautement talentueux, a déclaré le président élu dans un communiqué. Il fera en sorte que nos institutions financières puissent prospérer et créer des emplois tout en respectant les règles.» L’expertise de Jay Clayton, 50 ans, sur les marchés financiers est indéniable, non en tant que régulateur, mais plutôt de l’autre côté de la barrière, au service des entreprises qu’il va devoir désormais surveiller.
Parmi ses clients, Alibaba et Goldman Sachs
Associé au sein du cabinet Sullivan & Cromwell, il s’est imposé comme un spécialiste des fusions-acquisitions et des introductions en Bourse. Il a notamment conseillé le géant chinois de l’Internet, Alibaba, pour sa cotation à New York. Parmi ses clients, on trouve également Goldman Sachs, qu’il avait accompagné lors de la crise de l’automne 2008 pour négocier les 10 milliards de dollars d’aides consenties par le gouvernement américain dans le cadre du plan de sauvetage du système bancaire.
Lire aussi : Le milliardaire Carl Icahn sera chargé de la régulation pour le gouvernement Trump
A la même époque, il avait également préparé l’entrée du milliardaire Warren Buffett au capital de la banque d’affaires. Quelques mois auparavant, en mars 2008, il avait été un des acteurs principaux de la vente de la banque Bear Stearns à JP Morgan. Cette opération avait constitué un moment clé dans le sauvetage du système bancaire américain. Enfin, en 2010, il avait aidé le pétrolier italien Eni à négocier à la baisse une amende réglée à l’amiable avec la SEC pour éviter au groupe des poursuites judiciaires.
Le nom de Jay Clayton s’ajoute ainsi à la cohorte de dirigeants qui ont entretenu des liens étroits avec Wall Street avant d’accepter de rejoindre l’administration Trump. Après avoir critiqué, durant la campagne, Hillary Clinton pour les relations qu’elle entretenait avec la finance, le magnat de l’immobilier n’a pas hésité à recruter deux anciens dirigeants de Goldman Sachs : Steven Mnuchin au secrétariat au Trésor et Gary Cohn à la direction du Conseil national économique, tandis que Wilbur Ross a été choisi pour diriger le département du commerce. Enfin, il a fait du milliardaire et investisseur activiste Carl Icahn son conseiller personnel chargé de la régulation économique.
De nouvelles règles critiquées
Le profil de Jay Clayton laisse présager la nature de la mission qui lui sera confiée. Contrairement à Mary Jo White, une ancienne procureure fédérale de New York, dont le mandat aura été marqué par le renforcement de la réglementation financière, le futur président de la SEC aura plutôt pour mandat d’accompagner un démantèlement du cadre actuel que Donald Trump a appelé de ses vœux.
Lire également : Le gouvernement Trump, un repaire de multimillionnaires
«Nous devons annuler de nombreuses règles qui ont étouffé l’investissement dans les entreprises américaines et rétablir un contrôle du secteur financier de façon à ce que cela ne nuise pas aux salariés américains», a expliqué le président élu. De son côté, Jay Clayton a déclaré qu’il allait «attentivement surveiller le secteur financier, tout en encourageant les entreprises américaines à faire ce qu’elles font le mieux : créer des emplois».
L’Investment Adviser Association, le lobby qui représente les sociétés régulées par la SEC, a salué le choix de Donald Trump, qualifiant Jay Clayton d’avocat «hautement respecté», qui a une «profonde compréhension» du système financier. En revanche, le sénateur démocrate de l’Ohio, Sherrod Brown, qui dirige la commission bancaire, estime qu’il est «difficile d’imaginer qu’un avocat qui a passé toute sa carrière à aider Wall Street va permettre au président élu de tenir sa promesse d’empêcher les banques et les fonds spéculatifs de «s’en tirer impunément», cette dernière expression ayant été utilisée par Donald Trump lui-même pendant sa campagne.
Nominations à venir
Outre la présidence de la SEC, deux autres sièges sur cinq sont à pourvoir par l’administration Trump. Celle-ci va, par ailleurs, devoir prochainement nommer un nouveau président à la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), l’agence fédérale chargée de la réglementation du marché des matières premières. Le titulaire du poste depuis juin 2014, Timothy Massad, a annoncé, mardi 3 janvier, qu’il quitterait son poste dans les prochaines semaines.
Là encore, Donald Trump aura l’occasion de désigner quelqu’un sur qui il peut compter, alors que la majorité républicaine a fréquemment critiqué le travail accompli par la CFTC pour tenter de sécuriser le système financier, considérant que les nouvelles règles avaient réduit la liquidité du marché et ralenti son fonctionnement.
Source(s) : Le Temps.ch via Contributeur anonyme
Informations complémentaires :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire