Valls / Macron : le conformisme eurolibéral maquillé en révolte ou révolution
Révolte, révolution : décidément, les frères ennemis eurolibéraux issus de ce quinquennat ne cessent de se suivre, en utilisant des mots que l'on penserait pourtant plus réservés à Mélenchon. Le succès de Trump, et celui de Sarkozy en 2007, semblent avoir poussé les communiquants des deux favoris de ce que l'on appelle la gauche dans la même direction. Mais n'en font-ils pas un peu trop ?
L'anti-système comme élément de langage
Il faut dire que la tentation doit être grande pour ces ambitions. Alors que la gauche eurolibérale ne cesse de perdre partout dans le monde, il est tentant d'essayer de se réinventer pour tenter d'échapper au désastre en 2017. Et parce que les peuples expriment souvent une forte volonté de changement, il faut bien essayer d'apparaître en rupture avec un quinquennat qui a tellement déçu, même s'ils ont tous les deux œuvré de près aux décisions qui ont été prises pendant quatre ans. Après tout, cela avait été la tactique gagnante de Nicolas Sarkozy en 2007, qui avait réussi, avec la rupture, à profiter de son statut de ministre tout en se désolidarisant d'une majorité pas toujours très populaire.
Ce faisant, Valls et Macron ne font qu'imiter un Sarkozy qui ne les inspire pas pour la première fois. On voit aussi chez eux une ambition, un égocentrisme ou une capacité à dire n'importe quoi qui rappelle celui qui a perdu les élections primaires de son camp il y a quelques semaines. Car pour se distancier du président de la République le plus impopulaire, ils ne reculent devant aucune outrance. Macron se fait révolutionnaire, rien que cela ! Pourtant, difficile de voir quoique ce soit de révolutionnaire dans les idées qu'il avance, qui doivent plus au radicalisme modéré qu'à une quelconque radicalité : un petit transfert de cotisations sociales sur la CSG, dont même le Monde souligne les limites, une poursuite de la déconstruction du droit du travail, et une ode totalement déconnectée à l'Europe protectrice…
Manuel Valls, lui, ose affirmer que « ma candidature est une révolte ». Mais la révolte ne porte que sur une possible défaite de son camp, naturellement. Il ose affirmer que « la gauche, c'est le débat », alors que le PS vient de barrer la route de la primaire à plusieurs candidats ! Depuis le début, l'ancien Premier ministre semble avoir le malin plaisir de dire des choses totalement incrédibles, se vendant aussi comme le candidat du rassemblement de son camp, après avoir tout fait pendant cinq ans pour le diviser. Valls et Macron devraient se méfier de ces discours policés par des conseillers en communication mais sans queue ni tête : cela n'a pas trop réussi à Alain Juppé de trop faire de com.
Malheureusement, notre époque est tellement folle qu'on ne peut pas exclure, qu'aussi ridicule soit-il, le discours de l'un des deux finisse par plaire et rassembler suffisamment de personnes pour les emmener un peu trop loin. Après tout, ils affrontent des concurrents dont les limites sont nombreuses. Mais espérons qu'ils connaîtront le même destin que Juppé et Sarkozy.
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