Rex Tillerson, PDG d'Exxon, choisi par Trump comme Secrétaire d'État
Voici l’article du New York Times d’hier présentant le choix du futur Secrétaire d’État américain.
Sur le fond, nous verrons bien à l’usage ce qu’il vaut (on a échappé à bien pire). C’est certes un milliardaire de plus dans l’entourage de Trump, mais après tout, cela peut avoir deux avantages :
- on ne ment pas au peuple : on voit que l’oligarchie dirige, au lieu d’avoir des pantins obéissant à la même oligarchie
- un PDG est habitué à faire des deals, ce qui est bien ce qu’on attend du chef d’une Diplomatie. Cela nous changera des incompétents apôtres “de la diplomatie des valeurs” (qui n’est donc pas une diplomatie…), qui échouent logiquement régulièrement dans les grandes largeurs…
Mais c’est sur la forme que cela est très révélateur. Voici donc un billet sur la nomination du Secrétaire d’État américain, mais trouverez vous l’obsession des journalistes ?
Rex Tillerson, PDG d’Exxon, choisi comme secrétaire d’État
WASHINGTON – Le Président élu Donald J. Trump a officiellement sélectionné mardi Rex W. Tillerson, le PDG d’Exxon Mobil, comme Secrétaire d’État. En annonçant la nomination de M. Tillerson, le Président élu rejette les inquiétudes des deux camps selon lesquelles ce dirigeant globe-trotter d’un géant de l’énergie aurait une relation trop intime avec Vladimir Poutine, le président de la Russie.
Une déclaration du bureau de transition de M. Trump tôt ce mardi a mis fin à ces délibérations publiques chaotiques sur le diplomate en chef du pays – un processus qui a pu varier par moment allant du choix de récompenser Rudolph W. Giuliani, un de ses plus loyaux soutiens, jusqu’à envisager de pardonner Mitt Romney, un de ses plus ardents critiques.
Finalement, M. Trump a décidé de prendre le risque d’un combat pénible pour la confirmation devant le Sénat.
Ces quelques derniers jours, les députés républicains et démocrates ont averti que M. Tillerson serait soumis à un examen détaillé de ses deux décennies de relations avec la Russie, qui lui ont valu l’Ordre de l’Amitié en 2013, et avec M. Poutine.
Les auditions se concentreront sur les affaires d’Exxon Mobil avec Moscou. La compagnie a des milliards de dollars de contrats pétroliers qui ne pourront continuer que si les États-Unis lèvent les sanctions contre la Russie, et l’implication de M. Tillerson dans l’industrie de l’énergie russe pourrait créer une ligne très floue entre ses intérêts de pétrolier et son rôle de chef de la diplomatie américaine.
M. Tillerson a exprimé publiquement ses doutes sur les sanctions, qui ont interrompu certains des plus grands projets d’Exxon Mobil en Russie, y compris un accord avec la compagnie pétrolière d’État pour rechercher et exploiter du pétrole en Sibérie, qui pourrait valoir des dizaines de milliards de dollars.
Le sénateur John McCain, républicain de l’Arizona, a déclaré samedi que les connexions de M. Tillerson avec M. Poutine étaient “un sujet de préoccupation pour moi” et a promis de les examiner de près s’il était nommé.
“Vladimir Poutine est un voyou, un harceleur et un assassin, et quiconque le décrit autrement est un menteur”, a dit M. McCain sur Fox News.
M. Trump a nourri les spéculations sur son choix pour le Secrétariat d’État pendant des semaines. À la fin, il a non seulement rejeté M. Giuliani et M. Romney, mais aussi une liste sans cesse changeante qui par moments a inclus le sénateur Bob Corker, républicain du Tenessee ; David H. Petraeus, l’ancien général d’armée et directeur de la CIA ; et Jon M. Huntsman Jr., l’ancien gouverneur de l’Utah et candidat à la présidentielle de 2012.
M. Romney, M. Petraeus et M. Corker, les trois principaux compétiteurs, ont tous reçu des appels lundi soir pour les informer de la décision de M. Trump, selon certaines personnes présentes lors du choix final du président élu.
Il a posé son choix sur M. Tillerson, un habitué des gros contrats qui a passé les quarante dernières années chez Exxon, en majorité à la recherche d’accord sur le pétrole et le gaz dans des régions agitées du monde. Natif de Wichita Falls, Texas, parlant avec un fort accent texan, M. Tillerson, 64 ans, dirige une compagnie avec des succursales dans environ 50 pays, et a signé des accords pour étendre ses affaires au Vénézuela, au Qatar, au Kurdistan et ailleurs.
Grosse enquête qui nous permet de mieux comprendre la vision du type sur les affaires du monde, heum…
S’il est confirmé au poste de secrétaire d’État, M. Tillerson fera face à un nouveau défi : nourrir des alliances autour du monde moins autour d’accords commerciaux et plus autour de la diplomatie.
Ceci pourrait s’avérer un test décisif en Russie, où M. Tillerson a combattu des années pour affermir ses connexions à travers des négociations d’affaires pesant des milliards de dollars. Sous sa direction, Exxon est entrée dans des co-entreprises avec Rosnef, une compagnie pétrolière soutenue par l’état russe, et a contribué aux programmes sociaux et de santé du pays.
Dans son nouveau rôle, M. Tillerson devrait gérer les relations difficiles entre les États-Unis et la Russie de M. Poutine, y compris les sanctions économiques imposées après l’intervention de Moscou en Ukraine et en Crimée occupée. Le mois dernier, le président Obama et des dirigeants européens se sont mis d’accord pour maintenir les sanctions en place jusqu’à ce que M. Poutine accepte un cessez-le-feu et le retrait des armes lourdes des lignes de front en Ukraine orientale.
D’autres républicains ont contesté la sélection potentielle de M. Tillerson, dont le sénateur Marco Rubio de Floride, qui a exprimé son inquiétude dans un message Twitter lundi au sujet de ses relations avec M. Poutine.
M. Trump préférait initialement M. Guiliani, l’ancien maire de New York, mais s’est lassé rapidement de son penchant à attirer l’attention des médias de façon disproportionnée. M. Trump était également gêné par des rapports sur les implications à l’étranger des affaires de M. Giuliani. Et certains des plus proches conseillers du Président élu, y compris son beau-fils, Jared Kushner, considérait M. Giuliani comme peu fait pour ce rôle.
Ceci amena à l’intérêt pour M. Romney, qui avait appelé M. Trump un “imposteur” et un “hypocrite” pendant la campagne. M. Romney avait aussi mis en avant la Russie comme un danger pour les intérêts des États-Unis durant la campagne de 2012.
M. Trump et M. Romney ont fait la paix, se sont rencontrés deux fois et ont discuté périodiquement par téléphone. Mais certains des conseillers de M. Trump, y compris la directrice de sa campagne, Kellyanne Conway, ont publiquement averti dans une série d’interviews télévisées que certains de ses soutiens s’éloigneraient si M. Romney était choisi.
M. Tillerson a émergé comme possible candidat sur les chaudes recommandations de James A. Baker III, l’ancien secrétaire d’État sous la présidence de George Bush, et Robert M. Gates, l’ancien secrétaire de la défense, d’après une personne dans le secret de la décision.
M. Kushnner et le stratégiste en chef de M. Trump, Stephen K. Bannon, ont fortement argué en faveur de M. Tillerson, et le Président élu était intrigué.
M. Trump a rencontré M. Tillerson pendant plus de deux heures samedi à la tour Trump de Manhattan. À ses assistants, M. Trump a décrit M. Tillerson comme appartenant à une autre “catégorie” que les autres options.
M. Romney a reconnu tard lundi soir dans un message Facebook qu’il n’avait pas été retenu, écrivant “c’était un honneur d’avoir été considéré comme secrétaire d’État potentiel de notre grand pays”.
“Mes discussions avec le président élu Trump ont été un enrichissement et un plaisir” a écrit M. Romney.
Michael D. Shear écrivait depuis Washington, et Maggie Haberman depuis New York.
Source : New York times, 13/12/2016
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
===============================
(18 allusions à la Russie donc…)
Conclusion : GRAVE danger : le chef de la diplomatie de la première puissance nucléaire s’entend très bien avec le Président de la deuxième !!!
#EtNotreGuerreAlors ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire