Europe : la sortie du débat du progressisme économique
Il s'agit sans doute d'une conséquence pas totalement illogique de la tragi-comédie Grecque de 2015, avec le double vote des citoyens du pays finalement oblitéré par l'accord signé par Alexis Tsipras. Mais on peut voir dans cet épisode, le premier d'un recul historique des idées progressistes dans les pays européens, ce qui est confirmé par bien des récentes élections. Quand la gauche oublie le peuple pour des idoles Depuis quelques décennies, c'était la gauche qui s'était faite la porteuse des idées de progrès social. Pour être honnête, son bilan était plus que limité depuis sa conversion, dans les années 1980 à l'orthodoxie ultra-libérale. Mais il semble qu'un effet de basculement se soit produit récemment. En fait, les partis de gauche semblent clairement donner la priorité à d'autres totems que la défense des classes populaires dans cette globalisation qui n'est pas tendre pour eux dans les pays dits développés. Internationalisme et libertarisme semblent avoir définitivement pris le pas sur la défense des travailleurs face aux appétits pourtant toujours plus voraces des actionnaires. La construction européenne est un idéal avec lequel ils sont incapables de prendre la moindre distance et, comme l'avait décrit Jean-Claude Michéa, les immigrés, surtout s'ils sont illégaux, ont bien remplacé la figure tutélaire de l'ouvrier. 2015 est une année importante dans ce processus, sans doute une année charnière car on a pu assister parallèlement à la capitulation sociale de Syriza et Tsipras, malgré le soutien populaire, et les migrants ont occupé l'actualité européenne. En France, Hollande et son gouvernement ont trouvé le moyen de dépasser son prédécesseur par la droite sur de nombreux sujets économiques : travail le dimanche, déconstruction du droit du travail, baisse du prix du travail. Dans un grand mouvement, la gauche dite de gouvernement, et même celle qui semblait radicale, en Grèce au moins, ont fini par mener des politiques qui ne se distinguent qu'à la marge, économiquement parlant, de celles menées par la droite de gouvernement. Cette véritable trahison sociale ne semble pas porteuse de succès électoraux. En Espagne, les nouvelles élections législatives se sont illustrées par un regain du PP et une baisse de Podemos. Tout le mouvement de contestation sociale semble aboutir dans une impasse politique. Mais la situation n'est guère meilleure en Grande-Bretagne, où les Travaillistes vont bien mal, parfois devancés par UKIP et les Conservateurs. Quelle meilleure illustration de ce grand renversement que le gain de Londres la globalisée riche par les travaillistes et le vote des classes populaires pour le Brexit, défendu par la droite ! Ce faisant, il semble que la France ait quelque peu devancé cette évolution, avec un PS dont les derniers bastions semblent être les grandes métropoles. En Italie, le Parti Démocrate au pouvoir a rompu avec toute ambition sociale et a été lourdement défait aux municipales. Mais cette nouvelle configuration politique à l'échelle du continent européen pose de gros problèmes. En effet, alors que la crise et toutes les questions posées par la globalisation devraient favoriser un vif débat économique, celui-ci semble disparaître complètement. On ne débat plus de l'euro, ni du protectionnisme, encore moins d'une plus forte réglementation des multinationales. Du fait d'une fascination parfois morbide pour la nouvelle économie et de l'achèvement de la conversion du centre-gauche, l'agenda ultralibéral est seul, sans concurrence. L'actualité le facilite sans doute, entre un très léger mieux économique, et surtout les actes de terrorisme islamistes qui créent un débat sur les questions de sécurité, d'immigration et plus globalement d'intégration des populations étrangères. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire